NETTALI.COM - Les 5 membres de la bande de trafiquants de migrants démantelée, il y a quelques jours, ont été déférés, hier, au parquet de Dakar, par les enquêteurs de la DNLT. En plus des preuves matérielles, les dossiers de demande de visas fournis par des ambassades assoient davantage leur culpabilité.

Mardi dernier, les limiers de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants (DNLT) de la Direction de la police de l’air et des frontières (DPAF) ont mis la main sur 4 suspects, pour une affaire de trafic de migrants vers l’espace Schengen. Il s’agit du cerveau de la bande M. D., de B. D., S. D. et M. D. Leurs premières auditions ont montré qu’une autre personne, qui répond aux initiales d’O. S., est mouillée dans cette affaire. Le sieur a été aussi mis aux arrêts, avant-hier mercredi.

Hier, au terme de leur période de garde à vue, ils ont tous été remis au parquet de Dakar pour les délits de trafic de migrants, faux et usage de faux, usurpation d’identité, association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux.

Selon nos informations, lors de leurs auditions, ils ont tous nié les faits qu’on leur reproche. Seulement, les enquêteurs ont pu collecter suffisamment d’éléments matériels qui permettent d’attester que M. D. est le chef du réseau ; que sa culpabilité dans cette affaire ne fait l’ombre d’un doute. Car nos interlocuteurs soulignent que le cerveau de la bande, qui se trouve être un grand commerçant, a fait l’objet d’une longue filature. Plusieurs fois, il a été filé jusqu’à l’aéroport international Blaise Diagne. Il s’y ajoute que l’exploitation des fonds de dossiers de demande de visas fournis par les ambassades de la France, d’Italie et d’Espagne apporte des preuves de culpabilité supplémentaire. Enfin, les saisines de banques de la place, des services du commerce, de certains états civils et d’agences de voyages, entre autres, ont aussi livré des informations qui sont en défaveur des suspects. Ainsi, si le commerçant nie les charges, ses coprévenus se présentent, les uns pour ses employés, les autres pour ses collaborateurs. Qu’ils ne faisaient qu’agir sur ses ordres. Par contre, poursuivent nos interlocuteurs, les perquisitions faites au domicile de M. D., âgé d’une cinquantaine d’années, n’ont pas donné grand-chose pouvant faire avancer l’enquête. A Grand-Dakar où il est connu comme un grand commerçant, son arrestation fait jaser. Il a été interpellé le mardi à Colobane, après plus de 6 mois de filature. Les autres membres de la bande ont été arrêtés plus tard.

C’est au mois de février dernier que les enquêteurs de la DNLT ont été informés de ce trafic dirigé par un commerçant. Les investigations ont ensuite révélé que les candidats à l’émigration dans l’espace Schengen versaient des montants variant entre 2 et 4 millions F CFA, selon la destination. Ils ont aussi appris que les membres de la bande faisaient voyager leurs clients de deux manières. Ils faisaient passer les uns pour des commerçants avec de vrais faux documents (passeports, visas, permis de séjour). Les autres bénéficiaient d’un autre modus operandi tout aussi efficace.

D’après nos sources, la bande récupérait les documents de voyage de personnes qui sont déjà en Occident. Une fois entre leurs mains, ils enlevaient les photos pour les remplacer par celles des nouveaux candidats. Ils faisaient de sorte que les pages des documents qui devaient faire l’objet de plus de contrôle soient nickel. A ce jeu, le réseau a fait voyager un grand nombre de personnes, en roulant dans la farine ambassades et consulats des pays concernés.

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