NETTALI.COM  - Le Président Macky Sall a tout faux de reprocher aux médias sénégalais "une couverture alarmiste" de la crise sanitaire. Conviction de la Coordination des associations de presse (Cap) qui a tenu à rappeler quelques vérités aux chefs de l'Etat.
Présidant jeudi un Conseil présidentiel sur l'évolution de la pandémie de Covid-19, le président de la République a dit ce qu'il pense de la couverture médiatique de la crise sanitaire. Le numéro un sénégalais reproche aux journalistes "une couverture alarmiste" tendant à "noircir le tableau". "Faux", lui répondent les journalistes. Et c'est la Coordination des associations de presse (Cap) qui s'est chargée d'apporter la réplique à Macky Sall.
"Non, Monsieur le Président, la presse n'invente pas de chiffres sur le nombre de contaminés ou de morts", écrit, dans une déclaration, la Cap. Qui préfère croire que le chef de l'Etat s'est trompé de presse ou de pays. Et de rappeler que "depuis le début de la pandémie, les médias se sont imposés un mot d’ordre allant même jusqu’à s’appliquer l’autocensure juste pour jouer leur partition dans l’effort de guerre. Ces efforts ont été reconnus et soulignés par le ministre de la Santé et le corps médical. Au-delà de notre rôle d’informer juste et vrai, toutes les entités de la presse ont fait plus de la communication et de la sensibilisation."
D'après la Cap, les médias sénégalais étaient en droit de s'attendre à autre chose que des reproches. "Surtout que, rappelle la Cap, la presse n'invente pas le nombre de contaminés ou de morts. Elle s’en tient juste aux déclarations des autorités du ministère de la Santé qui sont diffusées en direct régulièrement sur toutes les chaînes, radios et sites sans contrepartie."
Pourtant, malgré tous ses efforts, rien n'est fait pour soutenir la presse dans le cadre des fonds du Force-Covid-19. "Le monde de la culture et les autres secteurs sont-ils plus méritants? Et pourtant depuis le déclenchement de la pandémie, les médias font partie des maillons de l’activité économique qui fonctionnent à plein régime. Les charges d’exploitation sont restées et ont même triplé pour certaines entreprises alors que les recettes ont fondu comme beurre au soleil. Dans cette lutte contre la Covid-19, la presse est aussi engagée que les autres. Elle est le troisième chaînon après le personnel médical et les forces de sécurité", souligne la déclaration des associations de presse. Qui déplore :  "Nous nous sommes engagés dans cet élan patriotique et salutaire sans tenir compte du mépris et des brimades de votre gouvernement. Les locaux du journal "Les Échos" ont été saccagés et jusqu’à là aucun ministre n’a effectué le déplacement sur place. Depuis plus de six ans, notre maison de la presse est confisquée sans possibilité de concertations ou de dialogue pour trouver une solution. Pire encore, toutes les initiatives de reformes consolidantes de notre secteur sont bloquées."