NETTALI.COM - Assiste-t-on à une guerre des télés ou juste à un ajustement de programmes par manque de stratégie claire ? Une question qui mérite d’être posée surtout dans un contexte de concurrence accrue où chaque chaîne rivalise d’ingéniosité pour capter de l’audience afin d’être en tête du classement des chaînes.  

C’est une sorte de concurrence sans borne qui se joue sous les yeux des téléspectateurs. Dès que des ajustements sont opérés au niveau d’une chaîne donnée, les autres réagissent dès lors qu’elles interprètent l’acte comme un changement important, à même de les larguer en termes de concurrence. Un phénomène qui s’est intensifié depuis les fameux départs de Mamoudou Ibra Kane, Alassane Samba Diop, Antoine Diouf et  Khalifa Diakhaté du Groupe futurs médias (Gfm) pour créer E-médias. Youssou Ndour réagira en recrutant des visages et noms connus : Souleymane Niang, Abdoulaye Cissé etC . Il appellera aussi le doyen Mame Less Camara à la rescousse. Lorsque Pape Alé Niang quitte la 2Stv pour mener quelques collaborations à Walf Tv avant de poser ses baluchons à la Sen Tv, Ben Matar Diop a rendu ses clés à Bougane Gueye Dany pour atterrir à la 2Stv.

Ainsi va le paysage télévisuel au Sénégal. Il a désormais son mercato. Un groupe comme Walfadjri connaît régulièrement des départs. Mais il reste considéré comme une école de formation qui parvient toujours à opérer des promotions internes au lieu d’aller puiser ailleurs. Cette culture maison entretenue par Sidy Lamine a permis de créer ce socle. Et les héritiers du défunt Mollah de Sacré-coeur poursuivent le même chemin avec la récente nomination de Moustapha Diop au poste de directeur de l'Information de Walf Tv et Fm. Une tradition donc qui se perpétue à Walf d'où viennent beaucoup de visages connus : Mamoudou Ibra Kane, Alassane Samba Diop, Souleymane Niang, Pape Cheikh Sylla, Bougane Guèye Dany, etc.

Mais qu’est-ce qu’elle est âpre la concurrence entre les chaînes de télévision ! Les Journaux télévisés qui sont une institution pour toute télévision généraliste, sont paradoxalement les moins fournis. Ce sont les contenus des radios plus intéressants pour les groupes qui en possèdent qui permettent de combler les déficits dans ce domaine. L’exemple le plus frappant est celui de la Rfm dont la Tfm reprend presque entièrement les informations. L’une des raisons est sans doute à chercher dans une logique de double emploi dans le groupe de You. Du coup l’originalité du JT n’est pas si ressentie que cela à la télé.

Là où par contre les télévisions arrivent à se démarquer du point de vue du contenu de l’information, c’est à travers les émissions en soirée, avec les matinales et pendant les week-end. Walfadjri par exemple, regroupe en majorité dans ses matinales, des journalistes. L'émission a un ton sérieux, informatif et surtout critique. Avec sa ligne réputée libre, les rubriques «Actualités», «Sport», «Net», etc. qui se fondent sur des commentaires de titres de la presse écrite et du net, triés sur le volet, la matinale, est très suivie. Elle arrive ainsi à réunir toutes les cibles confondues, qu’elles soient populaires ou de la catégorie supérieure, avec la présence remarquée de grandes gueules telles qu’Aliou Sow et Cheikh Tidiane Gomis, très libres dans le ton et les commentaires qui donnent beaucoup de pêches et de saveurs à l’émission. Les vendredis, la même matinale a lieu avec une équipe remaniée. Moustapha Diop occupe l’espace avec ses commentaires éclairés qui dénotent d’une connaissance réelle des faits qui fait le bon journaliste. Walf Tv prépare, d'ailleurs le grand retour de "La Première Edition", un magazine d'information de deux heures (6h-8h) du lundi au vendredi et qui avait disparu de l'écran en raison de quelques réajustements.

A l’opposé, «Yéwoulène» en perte de vitesse s’est mué en «Yémouleenplus» avec le couple Pape Cheikh Diallo-Amina Poté pour mieux accrocher et reprendre les points perdus. Youssou Ndour ne s’y est pas trompé. Il sait qu’en matière de télé, lorsqu’on perd du terrain, on renforce la concurrence. C’est pourquoi, lorsque l’émission qui était diffusée du lundi au vendredi de 6h 30 à 10h, a commencé à perdre du terrain, parce qu’elle manquait de consistance sur le plan informatif, le Président You a vite chamboulé le programme. Il a fait amputer l’émission de 2 heures (6 h à 8h) pour faire diffuser sur ce créneau horaire, une version télévisée de «Rfm Matin», l’émission de sa radio qui cartonne le matin. Et depuis lundi dernier, une nouvelle émission «Infos du matin» a pris la place de «Rfm Matin». L’autre tare de «Yeewuleen» est qu’elle s’identifiait beaucoup aux délires de son animateur, à la tendance excessive à monopoliser la parole et à débiter des propos futiles.

Le nouveau changement opéré prouve que lorsque le plateau est occupé par des journalistes, l’émission devient plus fouillée, plus instructive et informative. Avec Faty Dieng, Chérif Dia, Aïssatou Diop Fall et Cheikh Tidiane Diao, c'est une belle brochette de journalistes qui a été choisie pour réussir une belle émission. Des chroniqueurs comme Barka Ba, Souleymane Niang, Abdoulaye Cissé (tous journalistes) viennent apporter plus de consistance à cette émission en aidant à mieux comprendre les faits du jour.

L’association de choc, Mahmoudou Ibra Kane, Alassane Samba Diop, Mamadou Ndiaye, Khalifa Diakhaté, Antoine Diouf et Dj Boups fait honneur à la profession. Très attendue sur sa chaîne de télé, alors qu’elle a fini de donner une belle image à la radio démarrée antérieurement, elle affiche des programmes ambitieux avec un choix d’invités de haute facture, avec à la clef des contenus très informatifs et d’une grande profondeur. C’est ainsi qu’avec une programmation frontale et innovante, I-TV se signale et montre qu’il faudra compter avec elle. Le très sympathique Dj Boups qui débute la matinale de 6 H 30 à 9 H avec la rubrique info-divertissement, a pour mission de réveiller les télespectateurs en collaboration avec Aïssatou Ndiathie dans un programme info synchronisé avec son émission. Boubacar Diallo n’aura qu’à reprendre le micro par la suite pour aborder des sujets d’actualités avec des invités triés sur le volet. Une rubrique dynamique intègre des reportages et interventions de correspondants locaux et étrangers, suivant un choix par pays tous les jours.

La matinale de la radio, d’habitude très intéressante avec des invités du monde universitaire, de la politique, de l’économie, avec le très expérimenté Alassane Samba Diop, est rediffusée sur I-tv à partir de 14 heures 30. A noter que la partie informative sur la chaîne I-tv est renforcée par «Jury du Dimanche», une des émissions phares de la radio, diffusée le dimanche à 12 heures, sans oublier le bloc d’informations du lundi au vendredi de 18 h 30 à 20 h 30 et les dimanches par Mamoudou Ibra kane.  Les vendredi verront très bientôt l’introduction en prime-time, d’une émission dénommée «Intérêt général» et qui sera animée par Khalifa Diakhaté.

Sur la 2Stv, la matinale a changé d’animateur avec Nicolas Diop retourné sur ses terres de la Dtv. La chaîne d’El Hadji Ndiaye affiche désormais une émission dénommée «Matin bonheur» qui dure 90 minutes. Comme à la radio, Astou Dione, l’animatrice, présente sur les réseaux sociaux, fait un point éditorial dans une logique de round up de l’actu du moment, ponctué par des clips, des réactions d’internautes et des interviews d’invités. Contrairement à la plupart des matinales, la rédaction est absente. A sa suite, Pape Sidy Fall assure la partie délire avec «Good Morning». Tall Ngol Ngol prend le relais autour de 10h et change complètement de registre à travers une tribune populaire très instructive et basée sur des faits d’histoires, d’éducation morale et de tradition sénégalaise.

Sur la 7Tv, «Allô Sénégal» présentée par une animatrice nommée Aïcha, très mesurée et pro, elle décline des sujets variés d'une durée de 2 heures, soit de 7 h à 9 h.  L'émission comprend un bloc d'infos intégrant et une revue de presse faisant intervenir des journaliste. Ponctuée par des clips tout en mettant en exergue une rubrique people et une autres rubrique dénommée "buzz du net", elle a le projet de ratisser large. Après suit «Grand Angle» dont le contenu se résume à des reportages quotidiens sur des sujets divers. En soirée, c''est Maïmouna Ndour Faye qui prend le relais avec des émissions qu'elle anime pendant la semaine. Très informatives, elle invite deux invités sur 2 écrans différents et qui se suivent.

Les revues de presse sont désormais filmées et sur ce créneau, la Sen Tv cartonne avec le tonitruant Ahmed Aïdara et Fabrice Nguéma qui excelle dans les transitions, les rimes et les commentaires très libres et parfois à la limite du sarcastique. Mamadou Mohamed Ndiaye assure la concurrence pour le compte de Gfm face à Ahmed Aïdara qui se renforce avec Teuss sur Zik Fm mais sur une cible plutôt populaire.

Les journalistes reprennent le pouvoir, mais...

Mais c’est sur le créneau horaire de fin de journée, du vendredi soir et en milieu de soirée, que la concurrence est plus rude. "Soir d’infos" (Tfm), "L’essentiel" (Sen Tv) et "L'Edition du soir" (Walf Tv) se font face en fin de journée avec des invités sur des émissions informatives qui traitent des sujets d’actualités. Mais ce sont des formats plus courts avec des analystes et journalistes qui font face à des invités et décryptent l’actualité. Pendant la semaine, ce sont des invités qui animent des émissions à caractère politique, sportif, etc. Tfm, Walf Tv et Sen Tv se disputent les audiences avec respectivement "Jakarloo", "Grand dîner" et "Ndoumbélane", les vendredis marquant le début du week-end, moment important d’audience.

Bougane Gueye, lui, a fait un sursaut d’orgueil ces derniers temps en introduisant "90 minutes chronos", le jeudi avec Néné Aïcha et des journalistes triés sur le volet qui font face à des invités. Une émission qui a semblé ravir la vedette à "Ndoumbélane" envahi par ces fameux chroniqueurs qui l’orientent plus sur un versant opinion et moins factuel.

C’est le week-end qu’on a droit à des émissions plutôt digestes mais également sérieuses et informatives. Sur la 2Stv, c’est Ben Matar Diop qui, avec l’émission "Cadire" du samedi matin qui occupe la matinée sans grande concurrence. Avec un ton léger, ce journaliste toujours de bonne humeur et très taquin avec ses invités, arrive à tirer le maximum d’eux sans devoir forcer, tant l’ambiance est conviviale. Celui-ci anime en compagnie de Babacar Dione de 2Stv, une autre émission de la fin de journée.

Récemment, la 2Stv d'El Hadji Ndiaye a décidé de se lancer dans le people avec l’arrivée d’Adja Diallo, Katy Chimère, Paco Jackson, etc. à la faveur du départ de Ya Awa Dièye vers la Tfm. Ces animateurs se retrouvent désormais chaque samedi sur le plateau pour aborder des thèmes de société dans l’émission "Vous et nous". A la même heure, la Tfm propose une émission similaire "Kakatar", animée par Ya Awa, ancienne de la 2stv. Cette émission aborde également des thèmes de société comme la fidélité, la polygamie, etc… Celle de samedi dernier a révélé le visage d’une émission futile et sans grand intérêt. Elles est apparue comme un agrégat d’inepties et de niaiseries.  I-tv n’est pas en reste car Boubacar Diallo, maître dans l’art du divertissement, se signale le samedi aussi avec "Tous à la télé" avant que le dimanche Malick Thiandoum n’arrive avec une émission sportive en compagnie du desk sport. Sur Walf Tv, c'est l'émission "Diomet" qui tient en haleine les téléspectateurs avec des thèmes de société en assez audacieux. Seul bémol : le bavardage insupportable de Sa Ndiogou qui poussent certains à zapper.

Côté 7Tv, bien sûr Maïmouna Ndour Faye a opté pour des émissions politiques dans lesquelles deux invités politiques ou du monde de l’économie, etc. se succèdent en soirée et donnent une bonne visibilité pour une télévision qui s’installe progressivement dans le paysage. Le tout est relié à des émissions de divertissement animées par Adja Astou, Adja Bitèye et Mamadou Bitèye, sans oublier les émissions people ou d’animation musicale.

Sur la Tfm, l’émission "Edition spéciale" a soulevé quelques vagues pour avoir invité le ministre Amadou Ba à une émission qui avait plutôt des allures de publi-reportage, alors que le public attendait de fortes annonces dans le domaine de la diplomatie ou de la politique étrangère. Un autre numéro a également déséquilibré sur un sujet polémique et qui faisait l’actualité à un certain moment, avait beaucoup irrité la partie en cause et non invitée à l'émission.

Délimiter la frontière entre l’opinion et les faits

Mais une fois cette concurrence à travers les programmes évoquée, il faut noter que les chaînes de télévision font face à un problème majeur qui semble entacher leur mission informative et éducative chez le consommateur. La présence de ceux qu’on appelle chroniqueurs dans les émissions où l’on cherche à créer une alchimie avec les journalistes, n’a pas fait ses preuves. Les deux se fondent sur une logique différente.

Les émissions peuplées par ces chroniqueurs d’un nouveau genre, qui ne sont en réalité que des pros de l’opinion, donnent très souvent un goût d’inachevé ou d’insatisfaction lorsqu’on en sort. Que peut-on au fond tirer d’une opinion, si ce n’est l’avis de celui qui l’émet. Une opinion, tout le monde en a ! C’est parce que tout le monde peut avoir une opinion différente sur un même sujet qu’elle n’est utile que dans le cadre d’une conversation privée. Interroger un animateur qui méconnaît les faits liés au sujet, voilà un procédé vraiment bizarre.

Les journalistes gagneraient, pour bien informer le public, à inviter par exemple l’auteur d’un article de presse écrite. Il ont en effet cette fâcheuse tendance à n’inviter que les journalistes médiatisés qu’ils nomment analystes politiques et qui parfois, peuvent ne pas maîtriser le sujet, n'ayant pas effectué de recoupements et encore moins d'investigations nécessaires. Ils se contentent tout au plus de se documenter avant de se rendre à l’invitation. A contrario, le journaliste qui a mené ses recoupements ou investigations, donnera plus facilement des explications et détails.

La connaissance des faits est donc déterminante en journalisme. Ce qui est attendu de l’acteur des médias, c’est la production de faits. Rien que des faits. Il doit être habité par la religion des faits et non celle de l’opinion. Lorsqu’un crime par exemple est commis, le public attend des explications sur les circonstances, les détails, des infos sur la victime, le lieu, le mobile, les résultats de l’enquête ouverte etc., et non des commentaires allant dans le sens de dire qu’ôter une vie, ce n’est pas bien.

Sur une tribune telle que "Jakarloo" par exemple où d’excellents journalistes (Abdoulaye Der, Charles Faye, Papis Diaw ) cohabitent avec des animateurs et des activistes, l’opinion a tendance à prendre le dessus sur les faits. Bouba Ndour dont le métier est l’Entertainment, subit certainement une déformation liée à cela, mais sa propension à considérer la télévision comme une tribune libre, d’opinion, est un choix qui est en porte à faux avec ce qui fait l’essence de ce groupe de presse qui doit son succès aux journalistes.

Le jeune journaliste Pape Djibril Fall admiré par un certain public de l’émission "Jakarloo", puisque c’est à elle qu’on l’identifie, ne devrait point oublier qu’il est journaliste de formation car il surfe beaucoup sur la vague opinion. Ce n'est pas ce qu'on attend de lui. Autant Bouba Ndour est excusable parce qu’il vient du monde de l’Entertainment et pense au tout divertissement, autant Pape Djibril doit davantage se former sur le terrain. Il est intelligent, structuré et a un potentiel énorme qui peut faire de lui, un très bon journaliste surtout avec les armes qu’il détient. Le journalisme ne saurait de toute façon pas se résumer à des opinions basées sur des concepts de management, ou termes pompeux ou encore la récitation de citations tirées de lectures ou une option pour la phraséologie. Il ne saurait être aussi un assemblage de dénonciations. Rapporter des informations provenant de Sénégalais d’Espagne, de France, etc. qui auraient appelé à "Jakarloo", n’est pas la vocation du journalisme. Le rôle de l’homme de médias ne consiste pas à rapporter tout ce qui lui tombe sous la main, mais plutôt des faits en les recoupant d’abord. Le métier de journaliste s’apprend sur le terrain, les reportages, les techniques d’interview, la constitution d’un carnet d’adresses aussi se fait dans le temps et avec l’exercice du métier.

L’émission "Soir d’Infos" qu’il partage de temps à autres avec Ndèye Arame Touré, montre qu’il est plus à l’aise dans le rôle de celui qui parle que dans celui qui pose des questions. Un journaliste ne doit pas penser pouvoir embrasser tous les sujets. D’où l’intérêt de la spécialisation. A l’inverse, Ndèye Arame Touré est à l’aise dans cet exercice pour avoir affûté ses armes à l’Observateur, à la 2Stv et à la Dtv.

Daouda Mine du même groupe, est imbattable sur les questions juridiques, car ayant fréquenté la faculté de droit et subi une formation dans les rédactions. Diplôme de journaliste en poche, il a très vite compris que le métier, c’est d’abord le contact avec le terrain. Il alterne avec Pape Djibril à "Soir d’Infos" et inspire le respect puisqu’il a une telle maîtrise des faits qu’il se fait le plaisir de les partager. Il lui d’ailleurs arrivé d’être invité à "Jakarloo" sur des sujets similaires. Daouda Mine a eu la chance d’avoir été au «Populaire», à « l’Observateur » en commençant par le stade de reporter jusqu’à gravir tous les échelons.

Bineta Diallo qui officie dans la même émission, a également une bonne connaissance des faits et de l'histoire des faits. Elle ne rate jamais l'occasion de le démontrer.

Le groupe Sud Communication était en cela une bonne école. Elle a formé des générations de journalistes au terrain, à l'investigation.

L’équation du diplôme dans l’exercice du journalisme

Que veut dire être journaliste de nos jours ? C’est l’équation que Malal Talla a indirectement soulevé à "Jakarloo". Un sujet qui a plané dans le débat ce vendredi 10 juillet sur la Tfm. "Fou Malade" demandait tout simplement le limogeage de Yakham Mbaye, suite à l’affaire des audios de Cissé Lô, ajoutant que ce dernier n’a pas le diplôme de journaliste. Offusqué par la déclaration du chroniqueur, le directeur général du quotidien national "Le Soleil" de demander s’il gère mal ou non le journal en question. L’on est tenté de répondre au rappeur que beaucoup de journalistes non diplômés, excellent dans le métier. Il est toutefois souhaitable que les journalistes soient diplômés, mieux formés et voir leurs capacités renforcées dans les matière techniques et scientifiques. Dans le cas de Yakham Mbaye, il faut toutefois relever que le fait d’être journaliste est difficilement conciliable avec le statut de membre d’un parti politique. L’appartenance partisane biaise de fait son jugement et ses prises de position d’autant plus que "Le Soleil" reste et demeure un patrimoine commun. Bien plus, c’est une institution dans laquelle malheureusement toutes les sensibilités politiques ne se retrouvent pas.

L’homme de médias qui demeure le plus dangereux, est celui qui déverse des opinions et rarement des faits. Eric Zemmour rentre dans cette logique. Autant il est journaliste, autant il a atterri sur le versant contraire. Sa manière d’évoquer l’Islam est purement idéologique et trahit une haine qu’il a du mal à dissimuler. Il est dans le registre de l’opinion. C’est sûr. Lorsqu’il déclare par exemple que la plupart des trafiquants en France sont noirs ou arabes, il est purement et simplement dans l’opinion et déverse des contrevérités. Et voilà pourquoi le commentaire qui n’est pas adossé à des faits recoupés, est dangereux parce que destructeur.

Une situation qui ressemble à certains égards à la tendance des activistes au Sénégal à faire feu de tout bois. Ils prennent en charge des combats sans en connaître, la plupart du temps, les tenants et les aboutissants. C’est certes tout à leur honneur d’en prendre en charge pour le bien de la communauté. Mais là où il est difficile de les suivre, c’est lorsqu’ils sont connectés à des officines politiques et manipulent l’information à leur disposition ou attaquent des personnes ciblées. Face à l’inefficacité de l’opposition traditionnelle, ils sont une sorte d’alternative. Mais attention les Sénégalais ne sont pas dupes.. Ah la politique, elle bouffe tout sur son passage !