NETTALI.COM - Devant un dilemme qui consiste à favoriser la relance de l’économie ou la santé des Sénégalais face à la progression de la Covid-19, le président Macky Sall a finalement tranché.  Les citoyens devront prendre eux-mêmes leurs précautions et vivre avec le virus. Le président Sall a préféré prendre des mesures pour des raisons économiques.

Tant pis si l’épidémie fait de plus en plus de victimes parmi la population sénégalaise. Le président Macky Sall a tranché. Entre la propagation du coronavirus et la récession économique, son choix a été vite fait. Après trois mois de lutte contre cette crise sanitaire majeure, le Président a décidé de jeter l’éponge.  «De la même manière que nous ne pouvons pas laisser au virus nos vies et notre santé, nous ne pouvons, non plus, lui laisser la vie et la santé de notre économie (…) Tenant compte de cette double nécessité vitale, j’ai décidé de lever l’état d’urgence et le couvre-feu y afférent à compter de demain, 30 juin 2020 à 23 heures», a-t-il lâché lors de son adresse à la nation, ce lundi.

En effet, comme le soulignait l’économiste Ahmadou Bamba Diagne,  «le Sénégal est en récession depuis le 5 mai dernier».  «Nous sommes un pays pauvre très endetté. Le Sénégal en est à faire des lois rectificatives pour compléter l’année, nous sommes un peuple déficitaire. Comment un peuple déficitaire peut se permettre de rester chez lui pendant 3 ou 4 mois ? En exemple, avec la fermeture de l’école, 5 millions d’élèves restent chez eux. Si on suppose que chaque élève dépensait 1000 FCfa par jour en termes de transport, d’alimentation… C’est 5 milliards FCfa  de perte quotidienne pour l’économie», prévenait l’économiste.

La menace sur la stabilité du tissu socio-économique était telle que dès le 11 mai, le Président annonce un assouplissement des restrictions. Une étude publiée le 7 mai sur les effets du Covid-19 sur la vie des Sénégalais, révèle la baisse des revenus chez 81 % des actifs et la perte d’activité (chômage) chez 37 %. A la même période, le taux de croissance prévu à 6,8 % en 2020, est ramené à moins de 3 %. Dans une étude publiée par l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), le sociologue Sidy Tounkara rappelle : «Globalement, le coût économique total d’un mois de confinement total est évalué à une perte supérieure à 2 485 milliards de francs Cfa (16,56% du PIB)».

Pour sauver l’économie et assurer une paix sociale, Macky Sall n’a eu d’autre choix que la lutte sur les deux fronts, comme il le dit tout en étant conscient du paradoxe d’une telle situation.

L’économiste Ahmadou Bamba Diagne prévient toutefois, qu’il sera difficile de résorber le retard, si les bonnes stratégies ne sont pas mises en place.

«L’erreur qu’on a faite sur le plan de résilience, ne doit pas se répéter pour le plan de relance. On n’avait pas pris en compte le secteur informel qui représente plus de 90 % de l’activité économique. Le plan de relance échouera aussi, si on ne prend pas en compte ce secteur. Aujourd’hui, on a peu d’argent, les ressources sont rares. Donc il faut bien réfléchir», préconise-t-il.