NETTALI.COM – Alors que le gouvernement a choisi de laisser le peuple «vivre avec le virus», les cas de contagion et les décès se multiplient. Une situation dénoncée par de nombreux acteurs politiques et qui suscite également le courroux des professionnels de santé.  

 Le gouvernement en prenant des mesures d'assouplissement, a cédé face à la pression de la rue, de religieux et de transporteurs. Est-il normal qu'il ait adopté cette posture ? Assurément non. Car dans d'autres situations qui liées à des questions d'élections par exemple, il n'aurait jamais cédé et nous aurait certainement servi un "force doit rester à la loi". Il aurait donc dû sur une logique de protection des citoyens et adopter une attitude plus ferme.

En théorisant l’assouplissement des mesures visant à endiguer la propagation du coronavirus au Sénégal, Macky Sall a donc préféré la logique politicienne à l’exercice de sa responsabilité. Des milliards du contribuable ont été investis dans cette lutte. Il était arrivé un moment où le modèle du Sénégal était vendu au reste de l’Afrique. Subitement, c’est le relâchement et les morts surviennent à une vitesse inquiétante. «Chaque jour de manière exponentielle, le nombre de cas augmente avec une moyenne journalière d’environ 100 cas. Depuis l’assouplissement des mesures prononcé par le chef de l’Etat le 11 mai 2020, le relâchement des populations a fait exploser les décès qui sont passés de 19 à 89 et le nombre de cas positifs au Covid-19 de 1.886 à 6.034. Cela ne surprend guère "And Gueusseum" qui avait averti du danger que constitue l'éclatement viral de la Covid-19 aux conséquences fatales et incommensurables», a laissé entendre, mardi face à la presse, le président l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas), Mballo Dia Thiam. Le leader de l’Alliance  And Gueusseum ajoute :  «Pendant ce temps, les populations ont fini de banaliser les mesures barrières défiant l’autorité par endroits et allant même jusqu’à agresser verbalement le personnel socio-sanitaire, qui laissé à lui-même, paye le lourd tribut, vu le nombre d’agents infectés par la Covid-19 qui ne cesse de grimper surtout dans les régions de Dakar et Diourbel

Cette inquiétude de Mballo Dia Thiam est partagée par le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes. Dans un communiqué, le Sames exige le respect et la sécurité des agents de santé, mais menace également de demander purement et simplement l’arrêt des missions de prélèvement sur le terrain si l’Etat ne prend pas ses responsabilités pour la protection des agents. «Et même si le Sames comprend la nécessité de faire reprendre les activités économiques brandie par l’Etat, la cacophonie des décisions prises par l’Etat a conduit à la banalisation de la maladie par la population et le message subconscient : «L’Etat est passé à autre chose». Ainsi, le relâchement constaté dans la population est global y compris au sein des forces de défense et de sécurité chargés d’appliquer les mesures de port obligatoire des masques dans les lieux publics et dans les transports», alertent le médecins du Sénégal.

Ce qui vient confirmer les propos du président de Pastef. Ousmane Sonko a fustigé la décision d’assouplissement des mesures annoncée par le chef de l’Etat. «C’est une  décision de panique et de précipitation. Et je suis sûr que le Pr Seydi n'a pas été consulté car ça ne fait pas deux jours, le corps médical demandait aux Sénégalais de respecter les mesures barrières. En prenant cette décision, on a sapé le travail des autorités médicales», dénonce l’ex-inspecteur des impôts et domaines.

On a beau soutenir, comme l’ex-Premier ministre Me Souleymane Ndéné Ndiaye, que le président de la République «met le peuple face à ses responsabilités», parce qu’il y avait des manifestations orchestrées par des religieux pour exiger l’ouverture des mosquées. Mais, cette théorie ne résiste pas à la durée. Un Etat ne doit pas délibérer en fonction des contingences de l’heure pour satisfaire un groupe au détriment d’un autre. Il doit  privilégier l’intérêt général. Même des pays qui avaient «déconfiné» ont de nouveau «reconfiné». C’est le cas de l’Allemagne notamment. Même s’il ne s’agit, pour le moment que d’un reconfinement local. En attendant, le Sames alerte et demande à l’Etat de se ressaisir et suivre les indications du Comité national de gestion des épidémies.

Un gouvernement, ça prend des décisions certes au nom du peuple, mais aussi au bénéfice et pour le bien du peuple.