NETTALI.COM – Dans sa guerre contre la pandémie de Covid-19, le gouvernement de Macky Sall a pu s’éviter une révolte populaire en assouplissement les mesures de restrictions, notamment en ce qui concerne le couvre-feu et la fermeture des mosquées. Toutefois, les signaux sont de plus en plus rouges. Et les risques d’une implosion sociale sont bien réels.

 Plus de trois mois après le déclenchement de la «guerre» contre la pandémie de Covid-19, c’est une ambiance générale délétère qui sévit au Sénégal. Une situation aggravée par l’explosion des cas de coronavirus et le nombre de décès qui ne cesse d’augmenter. Pourtant, aussi difficile que puisse être la situation actuelle, c’est surtout l’après-Covid-19 qui inquiète les observateurs avertis. Le Sénégal va inéluctablement vers une crise sociale et économique lourde de tous les dangers.

Le gouvernement de Macky Sall, notamment son ministre du Développement communautaire, a échoué à acheminer à temps l’aide alimentaire d’urgence destinée à soulager les populations impactées par la crise sanitaire. Bientôt trois mois après le lancement de l’opération et de nombreuses familles n’ont toujours rien reçu. Si ce n’est des bons leur indiquant qu’elles avaient droit à l’aide. Dans une ville comme Louga, des femmes se sont mobilisées pour manifester et réclamer leur part de l’aide. Le ministre Mansour Faye, qui s’était donné un délai de 15 jours pour acheminer tous les vivres, ne peut que constater son échec. Puisqu’il avoue que seul le tiers des ayant-droits ont effectivement reçu l’aide de l’Etat.

Sur la question de l'éducation, les acteurs de l'école ne savent toujours pas à quelle date se fier. Le ministre assure qu'il n y aura pas d'année blanche. Mais il n y a aucune certitude sur une reprise prochaine des enseignements. Quoi qu'il en soit, une année blanche créerait dans le secteur de l'éducation  une crise sans précédent.

Le front Sud éternue après plusieurs années d'accalmie. En effet à la suite de la perte de deux éléments et l'enregistrement d'une dizaine de blessés, en quelques jours, l’armée a riposté à travers un pilonnage de deux heures à Adéane, dans un contexte où le retour des populations dans la zone n'est pas souhaité.

Cette crise sanitaire n’épargne pas l’économie. A l’image de beaucoup d’autres pays, le Sénégal verra sa croissance économique connaître une forte baisse. Le chef de l’Etat avait, lui-même, indiqué que cette croissance pourrait passer de 6,8 à 3%. Une prévision qui semble très optimiste. La Banque mondiale prévoit, quant à elle, une croissance de 1,1%. Ce que confirme Amadou Hott, ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération. «Nous avons des prévisions de croissance de 1,1% pour l’année 2020», dit-il. Même s’il se réjouit : «Nous avons évité une récession

Pis, selon une étude de l’Adpme, 90% des Petites et moyennes entreprises (Pme) du Sénégal sont «négativement ou très négativement impactées» par le Covid-19. Parmi ces dernières, 44% ont suspendu leurs activités et 37% ont réduit leurs effectifs.  Ce qui va naturellement augmenter les rangs des chômeurs déjà bien fournis. Le tourisme connaît des difficultés énormes et les premières conséquences sont que les contrats arrivés à expiration au mois de juin n'ont pas été renouvelés par 2 As qui, n'ayant pas eu de rentrées conséquentes ne va pas pouvoir honorer. Il s’y ajoute que cette crise économique va impacter tous les chantiers du Président Macky Sall, notamment le Train express régional et le Brt.

A cette situation, il faut ajouter les multiples scandales fonciers qui secouent la République depuis quelques jours. D’ailleurs, le Littoral de Dakar n’est que la partie visible de l’Iceberg. Des collectifs se forment en effet pour mettre la pression sur le pouvoir. Parmi ceux-ci, il y a les victimes des spoliations foncières de Guéréo, celles de Terme Nord, le collectif des victimes de Gadaye…  Et il n’est pas exclu qu’une jonction se crée entre ces victimes des spéculations foncières, les syndicats des travailleurs de la Justice, les enseignants, les étudiants, les activistes… Ce qui mènerait le Sénégal vers une implosion sociale.

Ainsi, face à ces vagues de contestations qui couvent, beaucoup suggèrent au président de la République de changer de cap, notamment avec la formation d’un nouveau gouvernement. Des personnalités comme Abdoulaye Makhtar Diop et Moustapha Diakhaté plaident même pour le retour du poste de Premier ministre. Une formation d'un nouveau gouvernement que des analystes voient toutefois comme une vraie fausse solution du fait de son caractère politicien qui voudrait que le Président casât des transhumants voire la clientèle politique. Un acte qui ne saurait pas d'une réelle efficacité. Les postes de PCA distribués ça et là récemment, sont l'illustration la plus parfaite, sans parler de la question de l'honorariat et ses deux décrets qui ont fait des vagues. Pour beaucoup la solution résiderait dans un changement réel de gouvernance et non dans un changement cosmétique.