NETTALI.COM - Après deux reports des élections locales (juin et décembre 2019), ces scrutins risquent de connaitre un troisième renvoi. En effet, des membres de la Commission politique du dialogue national, joints par "EnQuête", évoquent la suspension de leurs travaux depuis trois mois, à cause de la pandémie de la Covid-19. Ce, alors que les résultats de leurs concertations devaient conduire à des consensus pour la tenue de ces scrutins au plus tard le 28 mars 2021.

Tout était parti pour faire de mars 2021 un mois de scrutin. Après deux reports, les autorités étatiques avaient fixé les élections locales au plus tard le 28 mars de l’année à venir. Seulement, avec les restrictions imposées par la pandémie de Covid-19, des doutes planent sur le respect de ce rendez-vous.

En effet, les concertations de la Commission politique du dialogue national, qui se tenaient deux fois par semaine, ont été suspendues depuis bientôt trois mois. Cette entité a, en effet, pour objectif de satisfaire certaines revendications de l’opposition, à savoir l’audit du fichier électoral, très critiqué lors du scrutin présidentiel dernier, et son évaluation. A cela s’ajoute d’autres questions très importantes pour les acteurs politiques et relatives à la rationalisation du nombre de candidatures, l’instauration d’une caution et le système de parrainage. Des sujets à controverse qui nécessitent du temps pour prétendre à un consensus en vue d’aborder les prochaines échéances électorales.
Seulement, pour le membre de la société civile Waldiodio Ndiaye, les espoirs de respecter la date annoncée sont de plus en plus minces.
" Si des dispositions sont prises immédiatement, on peut, dans ce mois, faire l’appel d’offres pour le recrutement des consultants qui doivent faire l’évaluation du fichier électoral au mois de juillet, procéder à son audit et l’évaluation sur une période de trois mois. Et à partir d’octobre, faire les révisions exceptionnelles. Si le parrainage est maintenu, cela va impacter le second semestre de l’année 2021", indique M. Ndiaye.

Dans le même sillage, le plénipotentiaire du Pôle des non-alignés fait savoir que les concertations étaient bien parties, car, précise Déthié Faye, il ne restait à peu près que trois ou quatre points qui pourraient être évacués en cas de reprise.
Seulement, reconnait-il, le problème qui se pose est la question du calendrier électoral.

" Ce sera extrêmement difficile"

" Quand on a renvoyé les élections locales, la date butoir était le 28 mars 2021. Nous nous étions inscrits dans cette perspective de pouvoir tout terminer pour organiser les élections bien avant cette date. Avec cette situation, tout le processus est bloqué. On devait d’abord auditer le fichier électoral, évaluer le processus et sur la base des modifications qui seront apportées au code, aller à des
élections ou définir un timing qui permettrait de les tenir bien avant le 28 mars", poursuit Déthié Faye.

Il renseigne ainsi que la reprise des concertations pourrait être entreprises avec les partenaires techniques et financiers, pour trouver le financement nécessaire et procéder au recrutement des acteurs pour faire ce travail.

Toutefois, des interrogations relatives au délai et la maitrise du calendrier électoral se posent toujours chez Déthié Faye.

" Si on apporte des modifications sur le Code électoral, tant que c’est un consensus, elles peuvent se faire à tout moment. Ce qui est clair est que ce sera extrêmement difficile. Il nous faut aller vers la révision des listes électorales, notamment à la modification du code. Si le parrainage est toujours maintenu, il nous faut démarrer les opérations à cinq mois du scrutin. Il y aura un ensemble d’activités qu’il faudra mener et qui fait donc que nous sommes un peu bousculés par le temps. La commission essayera de voir ce qu’il y a lieu de faire, parce que toute la bataille tournera autour du fait que tout doit être mis en œuvre pour qu’il n’y ait pas d’autre report", souligne M. Faye.

Pendant ce temps, Waldiodio Ndiaye est lui d’avis qu’il faudra élaguer certains points pour espérer être dans les délais. Il pense, à cet effet, que tout dépend de la portée du dialogue. Pour le membre de la société civile, si les acteurs s’entendent entre eux et décident d’enlever le parrainage du processus, la date du 28 mars peut être tenable.

Par contre, avertit-il, si le gouvernement maintient le système de parrainage pour les élections locales, cette date est quasi-impossible.
" Le parrainage prend 80 jours, c’est déjà presque trois mois, alors qu’il faut faire la révision exceptionnelle pour stabiliser la liste des électeurs. Il faut terminer tout ce qui est audit du fichier, le stabiliser, régler la phase contentieuse, distribuer les cartes. A partir de décembre, démarrer le processus du parrainage jusqu’au mois de février", estime Waldiodio Ndiaye.
A ses yeux, le parrainage est le principal point à élaguer pour espérer maintenir le mois de mars comme mois électoral.
Avec les nouvelles mesures d’assouplissement de l’état d’urgence, nos interlocuteurs sont persuadés que les concertations peuvent reprendre au sein de la commission politique du dialogue.

Waldiodio Ndiaye pense qu’il faut toutefois penser à diminuer le nombre de participants et insister sur le respect des mesures barrières.
Dans la même veine, Déthié Faye est d’avis qu’il faudra définir les modalités de cette reprise.

" L’essentiel, pour nous, est que cela soit dans un cadre privé, que l’on soit en mesure de respecter la distanciation
physique. Pour les interventions, il faudra éviter les micros baladeurs qui
présentent des risques", avertit le plénipotentiaire des non-alignés.

Avec ENQUÊTE