NETTALI.COM  - Que les Sénégalais se rassurent. Ils ne vont pas vers un confinement total. C'est du moins ce que laisse entendre le professeur Moussa Seydi. Pour le chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Fann, le Sénégal a dépassé l'étape du confinement physique total.

Dans un long entretien accordé à la Rts1, le professeur Moussa Seydi commence par donner son point de vue sur le débat soulevé récemment par le docteur Moussa Thior qui pense qu'il faut laisser le virus du Covid-19 circuler afin de créer une immunité collective des populations. "On ne peut pas parler d'immunité collective pour une maladie qui n'est pas immunisante", dit-il. Avant d'expliquer : "Si tous les Sénégalais sont infectés, même avec 1% de létalité, ça fait plus de 100 mille morts en un court laps de temps. Qu'est-ce que ça signifie pour un pays? Je pense que les gens doivent réfléchir aux messages qu'ils transmettent. Je suis opposé à cette stratégie."

Interpellé sur un éventuel confinement avec le nombre de cas qui ne cesse d'augmenter, il commence par réitérer que le confinement physique est efficace  parce qu'il empêche au virus de circuler. "C'est élémentaire, c'est terre à terre. Son efficacité ne fait pas de doute. Les résultats ont été prouvés en Chine, en Italie...", martèle Pr Moussa Seydi. Qui s'empresse d'indiquer que la question est de savoir est-ce que le confinement doit être fait ici au Sénégal. Et il répond : "A l'heure actuelle, c'est non. Avant, je disais qu'on pouvait arriver au confinement parce que si on devait avoir 100 mille morts, peut-être que l'Etat aurait préféré un confinement physique avec toutes les difficultés. Mais actuellement, nous avons le port de masque généralisé, donc il n'y a plus lieu de penser au confinement. Pour moi, le confinement c'est une étape dépassée, qui n'est plus à l'ordre du jour d'autant que cela peut entraîner d'autres problèmes dans les zones pauvres où les gens peuvent mourir de faim." Le chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Fann semble même se réjouir : "Heureusement, nous n'en sommes plus dans une situation où on va se fatiguer pour voir les avantages et les inconvénients. Pour moi, l'Afrique ne doit plus penser au confinement parce qu'on a démontré que le port de masque généralisé est efficace."

"Créer un vaccin est extrêmement difficile"

Quant à la polémique entre chercheurs sur un éventuel vaccin contre le Covid-19, le professeur Moussa Seydi dit la comprendre parfaitement. "Le débat ira encore dans tous les sens pendant un bon bout de temps", souligne-t-il. Mais il semble donner raison à Didier Raoult qui soutient que "chercher un vaccin pour une maladie non immunisante est idiot". "Il faut reconnaître de manière indiscutable que créer un vaccin contre une maladie non immunisante est extrêmement difficile. C'est le cas du paludisme, on travaille sur ce vaccin depuis des décennies, des milliards ont été dépensés et ça a abouti à un vaccin peu efficace  et qui protège peu de personnes. Jusqu'à présent, il n'est même pas commercialisé. Donc la difficulté de créer un vaccin contre une maladie qui n'est pas immunisante est réelle", analyse Seydi. Qui poursuit : "Je n'ai jamais rencontré le professeur Raoult, mais je connais ses écrits. Il a écrit un livre sur les vaccins, donc il n'est pas en terrain inconnu." Cependant, dit-il, "rien n'est impossible pour l'homme. Dieu a doté l'être humain d'une intelligence extraordinaire. Je me dis donc qu'il est toujours possible de trouver un jour des méthodes qui permettent de trouver un vaccin. Mais en tenant compte des données actuelles, c'est extrêmement difficile. La polémique sera toujours là même pour le traitement".