NETTALI.COM – Le ministre du Pétrole et des Energies a détaillé la mesure portant sur la gratuité de l’électricité sur deux mois (bimestre), annoncée par le chef de l’Etat, lors de son adresse à la Nation du 3 avril 2020.  

Lundi 6 Avril 2020, le ministre du Pétrole et des Energies a animé un point de presse conjoint relatif aux modalités de mise en oeuvre de la gratuité de l’électricité sur une période de deux mois (bimestre) au profit des clients les plus vulnérables.

Mouhamadou Makhtar Cissé a d'emblée informé que la gratuité de l’électricité dont 975 522 clients de la tranche sociale de la SENELEC vont bénéficier, porte sur 15,5 milliards de F Cfa que l’Etat va entièrement endosser. En clair, la tranche sociale concerne ceux dont la consommation est inférieure ou égale à 250 kilowatt heures, précisant au passage que la société d’électricité va très prochainement, via un communiqué, revenir sur les détails de la mesure.

Le ministre a toutefois précisé que pour les clients en pré-paiement (Woyofal) dont les achats de crédit par bimestre sont dans la tranche sociale, ils seront remboursés en crédit équivalent sur leurs compteurs.

Pour ce qui est des clients en post-paiement (ceux qui paient après consommation, tous les deux mois), « la mesure est effective et d’application immédiate ». En d’autres termes, ceux dont la facture arrive à échéance, jouissent de cette mesure dès ce début avril ; et pour les autres qui ont déjà réglé leur facture, la somme supportée par le gouvernement, sera rapportée au mois de juin. « Ces catégories seront traitées différemment. Le mode de paiement est différent mais l’impact financier sera le même », ajoute M. Cissé, relevant que « le gouvernement a toujours subventionné les familles les plus vulnérables ».

Les mises au point du ministre

A la suite de ses explications, le ministre du pétrole et des Energies a tenu à répondre aux interrogations de la presse quant à l'impact des mesures sociales sur le budget. "Cela aura forcément un impact budgétaire extrêmement lourd.’’, a dit celui-ci. Une manière de répondre à ceux qui réclament une baisse des prix de l’électricité au regard de la période de baisse du prix du baril. A l’en croire, "il serait irresponsable de prendre des dispositions précipitées qui pourraient impacter négativement les projets et programmes de l’Etat dans le futur’".

Se voulant plus rassurant, le ministre a toutefois fait savoir que même si l’horloge économique mondiale est en ce moment déréglée par la Covid-19, les fondamentaux qui régissent le fonctionnement de l’Etat subsistent, tient-il à rappeler. "Ce n’est pas parce que nous sommes en période de crise que tous les instruments de l’Etat sont mis entre parenthèses. Malgré la difficulté, nous sommes obligés de respecter un certain nombre de fondamentaux, dont la gestion budgétaire qui permet d’exécuter notre politique", explique le ministre qui promet des ajustements pour prendre en charge toutes ces dépenses qui sont en train d’être faites.

Sur la situation de la Senelec qui semblent préoccuper certains observateurs qui craignent une dégradation de la situation financière de l’entreprise, le ministre a a fait noter que le président de la République ne prendrait jamais de mesures qui pourraient remettre en cause la viabilité du secteur, précisant au passage que : "Senelec appartient à 100 % à l’Etat du Sénégal et à son démembrement la CDC. L’Etat a donc tout intérêt à la rendre performante. Il faut aussi savoir que la Senelec est aussi une contribuable comme les autres entreprises. On ne le dit pas assez, mais rien que pour 2018, la Senelec a payé 65 milliards de F CFA de droits et taxes. Parce que n’étant pas soumise à un régime particulier d’exonération".

A la question d'une possibilité de prolongement de cette prise en charge des factures au-delà d’un bimestre, Makhtar Cissé l'exclut d'emblée  : "Une prolongation n’est pas envisageable, pour le moment. Déjà, il y a plein de défis, notamment avec tous ces secteurs en difficulté dont le pavillon national (Air Sénégal) à l’arrêt depuis un mois, les réceptifs hôteliers qui sont aussi désertés, les restaurants, la culture, la presse… Nous ne pouvons donc, dans ces conditions, envisager l’avenir sans des indicateurs plus précis". L’objectif du gouvernement, estime-t-il, était surtout de mettre en place un garrot pour aider
les ménages, soutenir les entreprises à survivre. "On espère que la crise ne perdure pas. Il n’est pas envisageable que l’Etat continue à supporter les factures
d’eau et d’électricité. Nous espérons que c’est provisoire, parce que la Senelec et Sen-Eau ont besoin de ces ressources pour continuer à être performantes et à satisfaire les populations’", a-t-il insisté