NETTALI.COM – Contrairement à Dakar où la maladie ne cesse de gagner du terrain, à Touba, le Covid-19 est en net recul. Toutefois, les transports clandestins communément appelés «Allo Dakar» inquiètent particulièrement les autorités sanitaires.

Il y a juste quelques semaines, la ville de Touba était considérée comme l’épicentre du nouveau coronavirus au Sénégal. Certains craignaient même le pire pour les populations de cette cité religieuse en raison notamment des différents «Magal» qui y sont célébrés régulièrement, mais aussi du refus de fermer la grande mosquée de Touba contrairement à Dakar où le gouverneur a pris un arrêté dans ce sens. Cependant, aussi étonnant que cela puisse être, la capitale du mouridisme n’enregistre pratiquement plus de nouveaux cas positifs au covid-19. Mieux, plusieurs malades qui y étaient hospitalisés sont déclarés guéris et autorisés à retourner auprès de leurs familles.

Ce recul du coronavirus à Touba est dû principalement au respect strict des recommandations des autorités sanitaires, mais aussi au couvre-feu imposé dans la ville comme partout ailleurs au Sénégal. Mieux, Serigne Mountakha Bachir Mbacké a, lui-même, demandé aux talibés d’éviter les grands rassemblements notamment en priant chez eux et non à la grande mosquée dont l’accès n’est désormais autorisé qu’aux membres du dahira Mouhadimatoul Khidma. D’ailleurs, comparant le cas de Dakar à celui de Touba, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a salué «une discipline de groupe» qui est de mise dans la cité religieuse, mais qui n’existe pas à Dakar.

Malgré tout, les autorités sanitaires de la région de Diourbel ont plus que jamais peur d’un retour du Covid-19 à Touba. Et ce sont les transports clandestins appelés «Allo Dakar» qui les inquiètent particulièrement. Ces véhicules continuent de faire la navette Touba-Dakar comme si de rien n’était. Ils mettent ainsi en danger toute une ville. Pourtant, avec l’instauration de l’état d’urgence, le transport interurbain est interdit sauf autorisation du gouverneur de région. Comment ces véhicules font-ils alors pour se rendre à Dakar et dans les autres localités au risque de ramener le virus à Touba ? Selon certaines indiscrétions, certains chauffeurs achètent des autorisations livrées à d’autres personnes pour des raisons de santé ou de travail. Résultat : c’est un vrai business qui se développe autour des autorisations de sortie de Touba. «Pour avoir une place dans ces ‘’Allo Dakar’’, il faut non seulement avoir de bonnes relations, mais aussi payer parfois jusqu’à 25.000 francs pour le seul trajet Touba-Dakar», révèle une source. D’autres chauffeurs qui n’ont pas d’autorisation trouvent des voies détournées pour éviter les contrôles afin de sortir ou d’entrer à Touba. Un business qui met en danger les populations de la cité religieuse. D’où le cri de détresse lancé par le médecin-chef de la région de Diourbel, le docteur Mamadou Dieng.