NETTALI.COM – Plusieurs fois, en conseil des ministres, durant ces derniers mois, le chef de l’Etat a donné des instructions pour endiguer le phénomène des accidents de la route. Malheureusement, on assiste à une exacerbation du fait. C’est ainsi que le syndicaliste Gora Khouma trouve qu’on n’a pas encore touché à la racine du mal.

« ACCIDENTS DE LA CIRCULATION-Série macabre en cours », a titré le quotidien EnQuête ce jeudi. "Malgré la “tolérance zéro” annoncée par le gouvernement et les différentes mesures prises, l’hécatombe se poursuit. La vétusté desvéhicules, le facteur humain, la corruption et l’état défectueux des routes : les sources du mal", croit savoir le journal. Celui-ci a tendu le micro au syndicaliste Gora Khouma. ‘‘Ça continue parce qu’on n’a pas encore trouvé le remède”, dit-il.

Gora Khouma, qui attend d’être convaincu de l’effectivité d’une modernisation entreprise il y a plus d’une décennie, n’est guère impressionné par les 2 157 minibus et les 128 lignes du Cetud. "Les guimbardes qui circulent sur les routes sénégalaises ont de beaux jours devant elles et le syndicaliste accuse le peu d’entrain des autorités sénégalaises", ajoutent nos confrères. ‘‘Comment on va les extraire de la circulation ? C’est un processus qui comporte beaucoup de lenteurs. Depuis quand ont-ils commencé à renouveler le parc avec les Tata ? Jusqu’à présent, les ‘‘Ndiaga Ndiaye’’ et ‘‘cars rapides’’ sont toujours là. L’Etat n’a pas la volonté de renouveler le parc, sinon ce serait déjà fait. Il n’y a que de la politique, mais pas de réelle volonté. Techniquement, il ne veut pas’’, souligne M. Khouma. Les autres problèmes structurels qu’il relève sont du rôle régalien de l’Etat sénégalais. ‘‘A chaque fois qu’il y a accident, la cible, c’est le conducteur. Mais c’est plus les routes. Tant qu’on n’aura pas réglé ce problème, ça n’ira pas. L’Etat a la responsabilité de mettre de bonnes routes, des routes à deux voies avec des signalisations et des aires de repos’’, suggère-t-il. Au menu des petites défaillances qui se sont sédimentées, les petits arrangements sur les routes sont aussi une des causes de ces collisions, de l’avis de M. Khouma. Il explique que les tracasseries subies par les transporteurs les obligent à chercher le raccourci facile de petits bakchich pour éviter des contrôles à la limite du normal faits par ‘‘des fonctionnaires assermentés de l’Etat’’. ‘‘On aurait souhaité des contrôles comme il faut, dans la légalité la plus stricte. Tel n’est pas le cas. Il faut donner pour passer ; si vous le faites, vous passez, sinon vous êtes retenus. Cela encourage les gens à ne pas respecter le Code de la route, alors que son observance est primordiale. Il faut arrêter avec ce système de contrôle et élaborer un qui soit meilleur. C’est ça le problème’’, peste le leader des routiers. Il estime également que les autorités doivent serrer la vis dans la délivrance des documents et ‘‘arrêter la vente des titres’’. ‘‘Les permis se vendent, les visites techniques s’achètent, alors qu’on sait tous qu’un diplôme ne s’achète pas’’, propose-t-il. Dernier degré d’une irresponsabilité partagée : Gora Khouma interpelle la vigilance des populations sur la non-dénonciation du vol des panneaux de signalisation arrachés et vendus comme ferraille. Toute chose qu’il ramène encore à la responsabilité régalienne des autorités. ‘‘Il faut que la veille soit permanente et que l’Etat arrête de faire de la politique’’.

Importation véhicules 8 ans

La mesure annoncée de l’interdiction d’importation des véhicules âgés de plus de 8 ans est, pour le syndicaliste, une fausse solution à un vrai problème. D’après lui, cet acte à venir a quelque chose d’incohérent, puisque des ‘‘cercueils ambulants’’ sont toujours sur les routes et leur élimination urge plus que celle des véhicules neufs. ‘‘Je ne suis pas d’accord avec cette politique. Le Sénégal est un pays sous-développé. Il y a combien de Sénégalais qui n’ont pas encore de véhicule ? Chacun a le droit d’en disposer un. On ne doit pas arrêter l’importation. Je ne comprends pas qu’on décide d’arrêter l’importation et laisser en circulation ces tacots qui datent d’il y a 60 ans’’, s’indigne Gora Khouma rappelant au passage que les pièces détachées âgées de plus de 8 ans sont autorisées sur le sol sénégalais. Le syndicaliste, qui dénonce la non-implication éventuelle des syndicats dans les concertations sur cette question, est d’avis qu’il faut s’organiser de sorte que toutes les mesures prises s’articulent très bien entre l’Administration, les syndicats et les usagers. ‘‘Chacun doit jouer son rôle. C’est une chaine à laquelle aucun maillon ne doit manquer. Que chacun assume ses responsabilités. Si le travail est bien fait dans chaque maillon, il n’y aura pas de problème. S’il y a dysfonctionnement quelque part, ça ne sert à rien’’, tonne Gora Khouma. Le syndicaliste se refuse à tout commentaire sur un échéancier sur lequel on peut miser pour la fin de cette série macabre. ‘‘C’est le problème des autorités en charge du transport.

Avec EnQuête