NETTALI.COM – Après la bataille de légitimité entre le « fils d’emprunt » et « le fils biologique », les fils adoptifs défient Wade. La particularité de ces inconnus du bataillon de la Longue marche du Sopi, est qu’ils étaient en première ligne pour défendre le projet de candidature de Karim Wade.  Nourrissaient-ils le dessein secret d’être des substituts valables à Wade-fils tout en se comportant en marionnettes du chef de file de la Génération du Concret ?  

 Une chose est sure. Tous les deux, que cela soit El Amadou Sall ou Babacar Gaye, les grands perdants de ce chamboulement au Pds, ont en commun d’avoir toujours été aux premières lignes de tous les combats pour la libération de Karim Wade ou en faveur de sa candidature dont on savait qu’elle était d’avance compromise. Ce qui décida certainement Me Madické Niang à se déclarer candidat face à une improbable candidature de Karim Wade. Quant à la troisième figure du Pds, coordonnateur du parti jusqu’ici, il a été évincé de cette station pour avoir commis le crime de participation au dialogue politique. Jeu clair-obscur de la part d’Oumar Sarr, dans ce cas de figure, l’homme de Dagana a été accusé de faire le jeu de Macky Sall.

Mais tous ces personnages, charismatiques avec beaucoup d’envergure, n’ont pas toujours été là au début du commencement. Mais, ils ont avec le temps, pris du galon pour avoir été à la pointe de tous les combats actuels.

 Quoique ministre dans le premier gouvernement du régime issu de la première alternance,  Omar Sarr fut inconnu du bataillon, puisqu’il n’avait rejoint le Parti démocratique sénégalais qu’au milieu des années 90. Pour mémoire, la fin de la guerre froide, qui repoussait la perspective du Grand Soir, amenait de nombreux militants de la Gauche à rallier les partis issus du legs senghorien, comme le Ps et le Pds. La Ligue communiste des travailleurs (Lct) se disloqua. Mahmoud Saleh, Abdou Aziz Sow et Doudou Sarr rejoignent l’Union pour le renouveau démocratique de Djibo Ka, Mimi Touré, devient directrice de campagne de Landing Savané en 1993, et l’autre trotskyste, Oumar Sarr, adhère au Parti démocratique sénégalais. Saleh théorisera le « Coup d’Etat rampant », sous le mode des intrigues à la soviétique, pour justifier l’opération de « Déseckisation ». Nommé numéro 2 après la débâcle de 2012, le Daganois gagne des galons grâce à son combat pour la libération de Karim Wade. Au premier semestre de 2018, il s’est discrètement rendu au Qatar pour rencontrer les Wade, alors que les cadres étaient divisés autour de la question de la candidature de Karim. Les plus avertis le suspectaient de tirer les ficelles. Ce n’est donc pas surprenant s’il décide de participer au dialogue initié par Macky Sall, contre l’avis du pape du Sopi. Cette attitude de défi sera, du reste, la cause de sa rétrogradation, à la faveur des derniers chamboulements opérés dans le top management du Pds.

De plus, la disparition de Cheikh Anta Diop, en 1986, provoqua la quasi-extinction du Rassemblement national démocratique (Rnd), d’où est issu le Plp. Un éminent membre de cette formation politique, Abdou Fall, quittera ce parti, avec un certain Me El Hadj Amadou Sall, pour créer la Cds, avant d’intégrer le Pds, à la fin des années 90. Ancien ministre de la Santé, Abdou Fall, membre de la famille Ndiéguène, sera investi de rôles pour tenter d’endiguer la concurrence de Idrissa Seck à Thiès, tandis que Me Sall prend de la bouteille, en défendant l’Etat dans l’affaire des Chantiers de Thiès. Ce dernier sera promu porte-parole du gouvernement, puis ministre de la Justice, au lendemain de la présidentielle de 2007, pour services rendus aux Wade. Amadou Sall est réputé proche de Oumar Sarr.

Même Madické Niang, qui n’était qu’un homme de cabinet discret, n’était pas politiquement balèze. Certes le St-Louisien, défenseur de quelques responsables libéraux dans l’affaire Me Sèye, fréquente Wade depuis les années 80, mais on ne lui connaissait pas de militantisme au Pds jusqu’à la date du 25 mars 2012, coïncidant avec la victoire de Macky Sall. L’erreur de l’ancien président de la République a été de le présenter comme son numéro 2, lors d’une audience à Touba, à l’occasion de l’édition 2017 du Grand Magal. C’est à partir de ce moment que l’avocat, qui a gagé de la visibilité médiatique en tant que patron du groupe parlementaire libéral, s’est positionné en plan B, en cas d’invalidation de la candidature de Karim Wade, avant de retourner contre ce dernier.

C’est le cas de Babacar Gaye qui avait quitté le Pds au lendemain des législatives de 1998 pour fonder avec Me Ousmane Ngom et d’autres cadres le Parti libéral sénégalais (Pls).  Il est soupçonné, à tort ou à raison, de n’avoir pas voté pour Wade en 2000.

En effet, quand Me Abdoulaye Wade accédait au pouvoir le 19 mars 2000, son entourage de premier cercle était composé de Idrissa Seck, Pape Diop (alors décrit comme le financier du parti), Aminata Tall, Lamine Bâ et Modou Diagne Fada.

Toutes choses qui poussent  Assane Bâ, secrétaire national de la mobilisation et de la propagande, à conclure : « Ceux qui ruent aujourd’hui dans les brancards sont devenus des poids lourds grâce au parti ».