NETTALI.COM – Que cachent les sorties de Moustapha Diakhaté, qui prend le contre-pied de la thèse officielle au sein de la majorité, sur presque toutes les questions brûlantes de l’heure. S’il existe des théoriciens du complot à penser que le « rebelle » est un pion de la première dame, l’itinéraire de l’ex- syndicaliste établit l’identité d’un éternel révolté, dont l’âme serait si ardente qu’elle ne s’accommoderait pas du politiquement correct.

L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar se distingue, depuis quelque temps, par des sorties qui n’épousent pas la ligne officielle de la majorité.

Pas plus tard que ce mardi, il a pris le contre-pied de l’ancien directeur général du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD), qui a décidé de porter plainte contre l’ex-patronne de l’OFNAC. De l’avis de Moustapha Diakhaté, la loi portant création de ce redouté corps de contrôle comporte des dispositions qui empêchent de poursuivre Nafi Ngom Keïta.

La semaine dernière, de la tribune de l’émission "Yoon Wi", sur les ondes de la Rfm, le « rebelle » a osé, crime de lèse-majesté, remettre en cause la présence de membres de la famille présidentielle au cœur de l’Etat. Face à El Hadj Assane Guèye, il a franchi le Rubicond, en faisant des rapprochements avec le supposé projet de dévolution monarchique du pouvoir qui était prêté à Me Abdoulaye Wade, alors accusé de vouloir confier les rênes à son fils Karim. S’il coule de source qu’entre l’ex-chef de cabinet du président de la République et le frère de ce dernier le courant ne passe pas, Moustapha Diakhaté a dit tout haut ce que d’aucuns pendant tout bas, en soulignant que Macky Sall ne peut pas être président de la République et son frère, président de l’Association des maires du Sénégal (Ams).

Auparavant, l’ancien parlementaire a condamné l’emprisonnement de Guy Marius Sagna, dont l’incarcération est perçue par des théoriciens du complot comme une manœuvre tendant à jeter l’effroi sur les contempteurs de la famille présidentielle, citée dans le scandale PETRO-TIM.

Ces attaques contre Aliou sont reliées aux intrigues de cour relatives à la succession, ouverte, du président Sall. Pour d’aucuns, Moustapha Diakhaté est un pion que la première dame active à sa guise, pour isoler le maire de Guédiawaye.

Cette déduction hâtive présente des limites. Diakhaté est un rebelle dans l’âme. Ce produit du Rassemblement national démocratique (Rnd de Cheikh Anta Diop, qui finira par rejoindre le Parti démocratique sénégalais,  a été licencié de la  Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest à cause de ses activités syndicales.

Sous le magistère de Me Abdoulaye Wade, il a attaché le grelot contre Idrissa Seck, alors tout-puissant sherpa du pape du Sopi, faisant et défaisant les carrières. Avec Moustapha Cissé Lô et Mbaye Ndiaye, il prend la défense du président de l’Assemblée nationale Macky Sall, alors pris pour cible par les faucons de la Génération du Concret. D’ailleurs, il joua un rôle décisif pour porter ombrage à Karim Wade, puisqu’avec l’ancien ministre de l’Environnement Lamine Bâ, il monte une liste parallèle aux locales de 2009. C’est, en partie, à cause de cette liste que le Pds  a perdu la capitale, à l’occasion de ces élections-là.

Toutes choses qui nous amènent à poser le débat sur cette attitude de Moustapha Diakhaté : est-il en service commandé ou sonne-t-il le tocsin de la révolte, parce qu’il aurait l’âme trop ardente pour se comporter en mouton de Panurge ?