NETTALI.COM - Souleymane Téliko, le président de l’Union des magistrats Sénégalais (Ums), reconnaît que beaucoup d’efforts ont été consentis par les autorités dans la perspective de la modernisation de la Justice. Il cite, à titre d’exemple, la construction de nouveaux palais de justice dont celui de Dakar, les investissements consentis pour l’introduction de la chaîne pénale, l’informatisation de certains services. Malgré tout, il constate des lenteurs dans le traitement des affaires et la complexité des procédures.
«Sans vouloir dédouaner les acteurs de la justice, il faut néanmoins relever que les conditions dans lesquelles travaille l’écrasante majorité des magistrats ne militent guère pour une performance optimale du service public de la justice. En effet, l’insuffisance du personnel judiciaire dans les juridictions, le manque d’équipements informatiques, la modicité des moyens financiers rendus aléatoires par des arbitrages budgétaires pas toujours favorables, sont autant de contraintes qui plombent les performances des juridictions», a déclaré Téliko.
A cela s’ajoute la non-transparence dans la gestion des ressources humaines. «C’est l’un des principaux axes des propositions de réformes formulées par l’UMS et réitérées par le Comité de concertation mis en place par le ministère de la Justice. Il faut doter le Conseil supérieur de la magistrature de prérogatives et de moyens nécessaires pour garantir des nominations fondées sur le mérite et mettre fin aux sentiments de frustration et d’injustice difficilement compatibles avec une logique de performance. Cette mesure, si elle devait être appliquée, devrait consacrer l’instauration d’une véritable transparence dans la gestion de la carrière des magistrats et un début d’autonomisation du CSM», a-t-il soutenu.
Selon lui, «moderniser la justice, ce n’est pas seulement construire de nouveaux bâtiments ou installer de nouveaux équipements, ce qui est au demeurant fort utile et appréciable. Moderniser la justice consiste aussi à l’aligner sur les standards internationaux qui garantissent à tous les citoyens des procès justes et équitables», note-t-il.
Il s’exprimait en marge de l’atelier de renforcement de l’indépendance de la justice et de la performance de la justice au Sénégal.