NETTALI.COM – Aliou Sall a pris du temps pour démissionner, mais il aura fini par le faire dans le cadre de ce qui est considéré, aux yeux de bon nombre de nos concitoyens, comme un scandale sur le pétrole Sénégalais. Une démission qui suscite toutefois quelques interrogations quant à la forme et le fond.  D’aucuns parlent même de théâtralisation.

 El Hadji Kassé, l’ex conseiller en communication du Président Sall qui a enfoncé le clou dans cette affaire, affirmant qu’Aliou Sall a bien reçu 250 000 dollars de Franck Timis via Agritrans, a été démis de ses fonctions. Dans le même temps, l'intéréssé démissionne de son poste de DG à la Caisse des dépôts et Consignations, dans le fief politique dont il est le maire, Guédiawaye, où des militants favorables, ont même tenté de s’opposer à sa démission.  Deux situations qui laissent penser à une sorte de parallélisme, voire d’équilibrisme qu’on a voulu établir pour certainement trouver le bon prétexte pour une démission qui ne pouvait plus ne plus avoir eu. Voudrait-on laisser penser que ce Kassé a affirmé tantôt sur TV5, est faux et qu’il aurait de toute façon fallu le sanctionner pour son acte qui relèverait aussi d’un certain manque de solidarité ? Les militants d’Aliou Sall, dans une certaine résistance quant à la volonté de ce dernier de démissionner, savaient bien qu’il ne pouvait rien y faire. Mais qu’il fallait inévitablement montrer qu’une frange de la population le soutenait.

A la vérité, la pression de la rue était si forte qu’il fallait de toute façon, que le sieur Sall démissionnât. Il n’y avait donc d’autres issue que de mettre les formes, selon en tout cas certains observateurs de la scène politique. Mais ce qui a le plus étonné, c’est le recours au sacré par Aliou Sall, jurant sur le Coran de n’avoir pris le moindre sous dans cette affaire. Il ira même jusqu’à se défendre de ne pas être actionnaire de BDK contrairement à certaines accusations. Personne ne lui demandait cela.

Un recours au sacré qui n’a d’ailleurs pas laissé indifférents, les internautes Sénégalais déchaînés sur les réseaux sociaux où la tendance dominante établit une théâtralisation d’un dossier judiciaire. Pourtant, au lieu de recourir au sacré pour se blanchir, le pouvoir a les moyens d’activer des leviers plus rationnels, accessibles pour mettre le frère du chef de l’Etat hors d’atteinte de tout soupçon.  De plus notre système judiciaire n’officialise pas cette forme, lors des prestations de serment et dans le cadre des procès au tribunal où ce rituel est observé et obligatoire. Pourquoi y a-t-il eu recours ? Opération de communication pour toucher certaines cibles sensibles au fait religieux ? Ou volonté de montrer sa bonne foi, son honnêteté ?

Dans cette déclaration fleuve aux allures de plaidoyer, Aliou Sall aura tenté la carte de victimisation jusqu’au bout. On a senti un homme, du moins selon ses écrits, atteint dans sa chair et son sang. Il aura même essayé la carte républicaine en nommant son frère, M. le président de la République. Ne sommes-nous pas sortis de la république depuis belle lurette ? Il montrera dans le même temps qu’il est prêt au combat.

« Aar Li Niu Bokk », ce mouvement qui a fait une démonstration de force en mobilisant, une foule immense, vendredi dernier pour manifester sur l’emblématique place de l’Obélisque, a pris acte de sa démission et ne compte pas en rester là dans ce combat pour la transparence.  Elle continuera à manifester pour une manifestation de la vérité.

Une situation ou disons le plutôt  un cas d’école qui laisse penser que le fameux slogan « la patrie avant le parti » qui a empiré au point de devenir : « la famille avant la patrie », montre combien est périlleuse l’implication de la famille dans la sphère publique. Elle renseigne à quelques égards que, même si nous n’en sommes pas à dire si Aliou Sall est innocent ou coupable, qu’il demeure que l’invasion de la famille dans les affaires publiques, ne peut être que nuisible et suspecte.

L’autre cas, celui de Mansour Faye, beau-frère du Président Sall, est là pour édifier sur cet état de fait. L’impressionnante manne sociale qui lui est regroupée dans un seul ministère, celui du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, est assez évocatrice de ce qui est critiqué. C’est en fait une sorte de ministère taillé sur mesure :  le Programme de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma), le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), Promovilles, les bourses de sécurité familiale, l’Agence nationale de la couverture maladie universelle (Ancmu) qui dépendait du ministère de la Santé, la Délégation générale de la protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpssn) qui était rattachée à la Présidence, le Commissariat à la sécurité alimentaire, de même que cinq directions dont celle de la promotion de l’Equité territoriale, de l’Evaluation des programmes du développement communautaire, de la promotion de l’Equité sociale, et de la Direction de l’administration générale et de l’équipement. Et que ne sais-je encore !