NETTALI.COM – C’est ce lundi que la chambre criminelle de Mbour rend son verdict dans l’affaire du double-meurtre de Madinatoul Salam. Jugé par contumace, Cheikh Béthio Thioune risque les travaux forcés à perpétuité. De même que 16 de ses co-accusés.

Le président de la chambre criminelle de Mbour suivra-t-il le réquisitoire du procureur ? Aura-t-il la main moins lourde ? La réponse à ces questions est attendue ce lundi aux environs de 9 heures. C’est en tout cas le rendez-vous que le magistrat avait fixé pour donner son verdict après près de dix jours de procès. Poursuivis pour, entre autres, meurtre, association de malfaiteurs, complicité de meurtre, recel de cadavres, inhumation sans autorisation, détention d’armes, Cheikh Béthio Thioune et ses 16 de ses co-accusés risquent les travaux forcés à perpétuité. C’est en tout cas la peine que le parquet avait requise. Le ministère public avait aussi demandé un mandat d’arrêt international contre le guide des Thiantacounes et dix ans de travaux forcés contre trois autres accusés qui avaient bénéficié d’une liberté provisoire. Quant à la partie civile représentée par Me Khassim Touré, elle avait demandé 3 milliards de francs pour réparer le préjudice subi par les victimes Ababacar Diagne et Bara Sow.

Mais il n’est pas dit que le président du tribunal va suivre le parquet. D’ailleurs, du côté de la défense, on s’est évertué à soulever les «failles» de l’accusation et les «errements sur le certificat de genre de mort». Membre du pool d’avocats de la défense, Me Abdourahmane Sow avait rappelé, pendant le procès, que «le procureur, lui-même, a dit qu’on a cité dans le dossier d’autres personnes qui n’ont jamais été interpelées». Parlant des «failles» de l’accusation, l’avocat faisait noter que «la barre de fer et le gourdin qui ont servi à tuer sont dans les scellés. Et nous estimons que l’analyse des empreintes aurait dû permettre d’établir que telle personne détenait cette barre de fer et ce gourdin. Or, les empreintes n’ont pas pu révéler cela.» «Mais, avait-il poursuivi, ils ne peuvent pas être utilisés par 20 personnes quand même. C’est une ou deux personnes qui ont utilisé la barre de fer et le gourdin.» «L’accusation s’est contentée de dire que les accusés n’ont pas prouvé qu’ils ne sont pas responsables. Or, il n’appartient pas à un accusé de prouver qu’il n’est pas responsable. Il appartient au procureur et à la partie civile de le faire. Ce que l’accusation a fait, c’est un renversement de la charge de la preuve. Ce qui est interdit par la loi», avait souligné Me Abdourahmane Sow Lénine à la fin du procès.

La parole est désormais au président du tribunal. Ce dernier avait assuré la semaine dernière que tout sera fait dans le respect du code et de la législation. Verdict ce lundi.