NETTALI.COM - Pour la quatrième fois en 56 ans, la Primature va sauter, demain. Le projet de loi portant révisions constitutionnelles, notamment  suppression de la station primatoriale, devrait passer comme lettre à la poste. Comme le laisse envisager la séparation de fonctions dans la mécanique Benno bokk yakaar, qui est loin de consacrer la séparation de pouvoirs.

Le Parlement va même se faire hara-kiri en sciant la branche sur laquelle elle est assise, en concédant son pouvoir de dissolution du gouvernement. Rien de nouveau sous le soleil ! Pour son second mandat, le chantre du Fast-Track a opté pour le monolithisme caractéristique du « Parti Unique de fait », quand Léopold Sédar Senghor, qui venait d’emprisonner Mamadou Dia et d’illustres membres fondateurs du Bds, "dissolvait" les partis de Cheikh Anta et de Madjmouth Diop et réussissait la prouesse d’absorber le Pra-Sénégal. Il devint un « monarque absolu » dans la pure tradition de la chefferie ceddo, pour ne pas dire napoléonnienne.

Le poète-président va même s'offrir le luxe de « nommer » son successeur. Comment ? Il ressuscite, en 1970, le poste de chef du gouvernement dissout en 1963, pour mettre sur orbite Abdou Diouf, dès 1976. Ce dernier devenu locataire du Palais de l’avenue Roume, à son tour, supprime le poste en 1983, pour se donner le temps de renforcer sa légitimité, puisqu’il est un technocrate arrivé au plus haut destin politique par usurpation d’un grand rôle. Comprenez par la magie de l’article 35, qui faisait du Pm le successeur ex officio, en cas de démission du président de la République.

Abdou, ayant fini d’envoyer à la retraite, tous les barons pro-Senghor avec la complicité de Jean Collin, « renomme » son ami Habib Thiam Premier ministre, pour amortir le choc consécutif aux troubles de 1988.

Une fois au pouvoir, Me Abdoulaye Wade manipulera le poste dans la foulée de la bataille de succession qui opposait Idrissa Seck à son fils, à travers un projet de dévolution monarchique (supposé ou réel). En clair, en désignant Me Souleymane Ndéné Ndiaye Pm en 2009, il voulait donner des gages à Idy, qui avait opéré son come-back au Pds. Jules Ndéné a le profil idéal, car il a osé traité Karim de « gosse ». De ce fait, le leader de Rewmi, qui espérait devenir vice-président (un poste créé à cet effet) et être candidat du parti libéral en 2012, pouvait dormir tranquillement jusqu’à ce que le réveil fût brutal à la veille de cette élection-là.

Comme ses prédécesseurs, Macky Sall va encore supprimer le poste pour, dans son cas, éviter une guerre de succession avant l’heure.

Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! On comprend mieux pourquoi l’opposition n’est pas si prompte à occuper la rue pour dénoncer ce projet de loi. Se contentant de simples communiqués, elle préfère laisser le combat à la bande à Guy Mariuas Sagna. Une mauvaise conscience est passée par là.