NETTALI.COM - La conférence de presse avortée de Salif Sadio, prévue ce 27 avril passé, a servi de prétexte à Jean-Claude Marut, spécialiste du conflit casamançais, pour faire l’état des lieux dans un entretien accordé à Jeune Afrique et mis en ligne ce mercredi.

« Le rapport de force entre l’État et le MFDC a évolué de telle manière que toute action militaire de la rébellion ne peut pas aller très loin. D’autant plus que le front de Salif Sadio, isolé du reste du groupe rebelle, a perdu, avec la chute de l’ancien dictateur Yahya Jammeh, les possibilités de repli et de ravitaillement que lui offrait la Gambie voisine. Mais les rebelles sont tout de même assez armés pour pouvoir mener des opérations symboliques », déclare l’auteur du livre « Le Conflit de Casamance : ce que disent les armes ».

« Il existe une concurrence entre le groupe de Salif Sadio et le reste du MFDC, une lutte de positionnement au sein du mouvement qui explique ces menaces. Salif Sadio a besoin de montrer qu’il existe encore, de prouver ses capacités militaires. Il a sans doute voulu aussi dénoncer le fait que le processus de paix n’avance guère depuis plusieurs années », poursuit-il son décryptage.

De l’avis de Jean-Claude, le gouvernement ne doit pas accepter de négocier avec les rebelles. « Au contraire, au vu de l’évolution du rapport de force, il a tout intérêt à chercher à affaiblir la rébellion par tous les moyens. Accepter aujourd’hui de négocier avec une rébellion aussi affaiblie reviendrait à la relancer, à lui redonner une importance qu’elle n’a plus. L’État est en train de gagner la partie. Des soubresauts sont encore possibles, mais la rébellion est plus affaiblie que jamais », conseille-t-il.

Toutefois, il souligne que « l’exploitation et la lutte pour les ressources naturelles peuvent également dégénérer en conflits ». « Dans le village de Niafrang, dans la région de Ziguinchor, le projet national d’exploitation de zircon, un minerai lourd présent dans le sable, se heurte à la résistance de certains rebelles, soutenus par la population. Si le gouvernement essaie de passer en force et de lancer l’exploitation, il y a un risque réel d’affrontements », avertit le spécialiste.