NETTALI.COM - L’ex-juge Ibrahima Hamidou Dème trouve « regrettable » ce qu'il prend pour une démarche solitaire du chef de l’Etat, visant à supprimer le poste de Premier-ministre, au moment où il a lancé un appel au dialogue. Il invite ainsi le Président Macky à reporter son projet pour en faire une concertation nationale.

« On se rend compte qu’à chaque fois qu’il y a un appel au dialogue, on pose des actes subséquents qui sont de nature à remettre en cause l’objet de ce dialogue », s’est désolé le président du mouvement "Ensemble", invité de l’émission « Jury du dimanche » de iRadio.

Aussi, invite-t-il le chef de l’Etat à reporter son projet de réforme et à profiter d’une concertation nationale car, soutient-il, «  au-delà de cette question, d’autres plus importantes pourront être proposées pour la vitalité de notre démocratie. »

En fait, l’ex-juge ne comprend pas pourquoi le Président Sall veuille adopter « une démarche solitaire » dans son projet de suppression du poste de PM alors que, dit-il, « c’est le pouvoir personnel du président de la République qui va être renforcé. » Mieux ou pis, indique-t-il, « c’est une réforme très importante qui a des incidences sur le fonctionnement de l’exécutif, du législatif, de l’administration. » C'est pourquoi  M. Dème considère que , « le Président doit avoir une conception moins partisane de la gestion du pays, de la hauteur et dépasser cette conception partisane de l’Etat. »

Pour lui, le chef de l'Etat "ne doit pas engager cette réforme seul, car elle intéresse tous les Sénégalais,  au-delà des partis politiques, elle doit concerner la société civile et toutes les forces vives de la nation".

Pour l’invité de «  Jury du dimanche », cette concertation est nécessaire d’autant plus que la réforme « va renforcer les pouvoirs du président de la République, ses prérogatives jugées toujours exorbitantes. »

Par rapport à l’argument d’efficacité de l’action gouvernementale avancé par le Président, le magistrat démissionnaire le rejette. « Il a mis du temps pour se rendre compte qu’il n’a pas de relations directes avec ses ministres et c’est paradoxal de féliciter un Premier-ministre qui a travaillé pendant 7 ans et de revenir dire qu’il n’y a pas eu d’efficacité gouvernementale », se désole-t-il.

A son avis, l’actuelle configuration est la bonne. Car, dit-il, « depuis 2000, la réforme a eu tendance à renforcer les pouvoirs du Premier-ministre qui conduit et coordonne l’action gouvernementale. »