NETTALI.COM - La suppresion de la Primature risque d'avoir des effets néfastes sur le bon fonctionnement des institutions. C'est du moins, l’alerte du professeur Abdoulaye Dièye. Pour l’enseignant chercheur au département de droit public de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’UCAD, le président Macky Sall sera tellement exposé qu’il se demande s’il a bien mesuré toute la portée de cette initiative.

Invité de l’émission Objection (Sud fm) de ce dimanche 14 avril, le professeur en Droit, Abdoulaye Dièye, a révélé ses inquiétudes relatives à l’idée du chef de l’Etat de supprimer le poste de Premier ministre. « J’aimerais vraiment être sûr qu’on a bien mesuré la portée de la réforme à venir. On supprime le poste de Premier ministre, le gouvernement disparaît immédiatement », a déclaré le professeur Abdoulaye Dièye.

Une mesure qui ne manque pas de conséquences, avertit-il : «  La conséquence est qu’il va y avoir une concentration de beaucoup de pouvoirs entre les mains du chef de l’Etat parce qu’il n’y a plus de fusible. Il y a absence de mécanismes de sorties de crise du point de vue administratif. La primature disparaît au profit de l’Exécutif ».

A en croire le constitutionnaliste, ce genre de décisions ne sourit pas souvent à beaucoup de nations : « A ce niveau, le regard du juriste est ce que nous avons vu ailleurs. Il faut noter que le régime présidentiel n’a réussi qu'aux Etats-Unis. Beaucoup de pays qui ont tenté de mettre en place le régime présidentiel, se sont retrouvés en difficultés. Car dans un régime présidentiel, les mécanismes de sorties de crise n’existent pas ». Avant de mentionner que le ‘’Sénégal n’est ni un régime présidentiel, ni un régime parlementaire’’.

Face à El Hadj Baye Oumar Guèye, l’enseignant chercheur au département de Droit Public à l’UCAD soutient ‘’qu’au Sénégal, la séparation de pouvoirs que nous avons, est un non-sens car les textes sont là mais on ne peut pas pratiquer. Tous les projets du chef de l’Etat passent  tranquillement’’.

Sur un autre registre, le spécialiste en Droit public a abordé la question relative à un éventuel 3ème mandat. « Honnêtement je n’ai pas de raison de penser que Macky Sall n’est pas sincère. Puisqu’il a dit qu’il fera son deuxième et dernier mandat, moi je le crois franchement. Mais concernant les dispositions juridiques pour savoir s’il va faire ou pas un 3ème mandat, c’est un autre débat et je n’y crois pas », a analysé le professeur Dièye.

Par ailleurs, le professeur Abdoulaye Dièye est revenu sur la formation du nouveau gouvernement, notamment l’absence de Ismaïla Madior Fall au département de la Justice. Pour le constitutionnaliste qui « ignore les raisons de l’absence »,  "il y a une instabilité notoire autour du poste de ministre de la Justice’’. A son avis, cette ‘’ instabilité n’est pas bon signe pour la démocratie sénégalaise’’, conclut-il.