NETTALI.COM - Le Sénégal ouvre ses vannes à un Maroc qui se cherche une brèche pour pénétrer le marché de l’Afrique subsaharienne, en réintégrant en 2016 l’Union Africaine qu’il avait quittée 32 ans auparavant pour déposer un dossier d’admission à l’Union Européenne (dossier qui sera rejeté en 1987).

C’est ce moment que choisit le royaume chérifien pour durcir les conditions de séjour sur son territoire, en n’épargnant pas les Sénégalais, alors qu’on attendait de ce pays maghrébin, un élan d’hospitalité digne des concessions accordées par Dakar qui, depuis plusieurs décennies déjà, soutient la position marocaine sur la question du Sahara Occidental, véritable pomme de discorde avec l’Algérie, qui a pourtant joué un rôle plus exemplaire pour la libération du continent après des siècles de colonisation.

Certes, on peut comprendre que cette attitude marocaine soit reliée à la question de l’émigration clandestine, mais que fait Rabat pour soutenir ses frères africains, en partageant avec ses derniers, quelques fruits de sa croissance aux fins d’endiguer la pauvreté qui pousse les jeunes à braver les océans ?

Des entreprises marocaines  opèrent dans différents secteurs sous nos cieux : BTP, banques, transfert d'argent, assurances, transport, textile, technique, immobilier, hydrocarbures…Les exportations marocaines vers le Sénégal ont progressé de 18,67% entre 2014 et 2016. Une partie du patronat sénégalais, drivé par Mansour Kama, n’a pas manqué de dénoncer ce déploiement de tentacules marocaines au pays de la Teranga, lors d’un banquet présidé par Macky Sall en 2017.

Il est peut-être temps que le Sénégal applique au Maroc la règle de la réciprocité. Contrairement à son père feu le roi Hassan II, Mouhammed VI est un ultra-libéral  qui ne s’encombre pas de considérations historiques et culturelles pour commercer avec le reste de l’Afrique. Il y a quelques années de cela, ces Maghrébins avaient renoncé à organiser  la Coupe d’Afrique des Nations en invoquant Ebola. Parallèlement, ils frappent à la porte avec insistance pour devenir membres de la CEDEAO, en faisant prévaloir des liens de fraternité. Paradoxal !