NETTALI.COM - La marche pacifique organisée par le mouvement “Rappel à l’ordre” ce vendredi 19 septembre 2025 à Dakar, a rassemblé une foule de manifestants et de personnalités de l’opposition, tous unis par la dénonciation de la gouvernance actuelle. Leurs prises de parole ont mis en lumière une série de griefs allant de l’instrumentalisation de la justice aux atteintes supposées à la liberté de la presse.

Une foule immense, un message audible, la présence des leaders de l’opposition : rien qu’avec ces éléments, on peut qualifier la manifestation de "Rappel à l’ordre", de réussie. Thierno Alassane Sall, Pape Djibril Fall, Pape Malick Ndour, Abdou Mbow et beaucoup d'autres leaders politiques ont tiré à boulets rouges sur le régime.

Parmi les voix les plus critiques, celle de l’ancien commissaire de police Cheikhouna Sadibou Keita qui a fortement résonné. “Ousmane Sonko avait sollicité vos voix pour arriver au pouvoir. Aujourd’hui, vous êtes là pour demander son départ”, a-t-il lancé, exhortant les manifestants à “ne pas reculer dans ce combat”.

L’activiste Assane Diouf a abondé dans le même sens, rappelant les liens passés entre le président et ses soutiens. Il a insisté sur le droit constitutionnel de manifester, affirmant qu’”il n’est plus question de demander d’autorisation pour exercer ce droit”.

Le chroniqueur Ameth Ndoye a quant à lui mis l’accent sur la liberté de la presse. “Nous ne jetterons jamais un micro. Que personne ne s’acharne sur les médias, car la presse est un pilier fondamental dans un pays”, a-t-il déclaré.

Les critiques se sont également concentrées sur la justice et les nominations politiques. Le député et leader du parti La République des Valeurs, Thierno Alassane Sall, a accusé le régime de “saper l’État de droit”. Selon lui, “on est tous d’accord qu’il n’y a pas de justice dans ce pays”, mais plutôt un simple "diay dolé" (ndlr - règne par la force). Il a notamment dénoncé le licenciement de citoyens honnêtes au profit de militants du Pastef, le parti au pouvoir et a interprété la résiliation du contrat entre la Lonase et le groupe GFM comme une tentative de “faire taire son groupe de presse” et d’atteindre Youssou Ndour.

Oumar Sow, ancien conseiller à la Présidence, a lui qualifié la mobilisation de “cri du coeur des Sénégalais épris de justice”. Il a fait remarquer une tendance aux arrestations ciblées, évoquant une “tontine pour la prison” où des personnalités comme Lat Diop, Farba Ngom ou Abdou Nguer se succèdent.

Le député Pape Djibril Fall a pour sa part qualifié de “cynisme politique” l’affaire Farba Ngom et a appelé à la libération de Badara Gadiaga et Abdou Nguer, afin d’éviter d’être “ridicule devant le monde entier”. Il a dénoncé un régime qui aurait transformé la République en “un camp et un clan”, privilégiant le parti au détriment de la patrie et reprochant aux Sénégalais “le délit d’opinion et le délit d’ambition”.

Enfin, Pape Malick Ndour, exministre de la Jeunesse, a exprimé ses “inquiétudes sur de nombreuses arrestations de personnalités politiques ou de simples citoyens”, qu’il a qualifiées de “détenus d’opinions” ou de “détenus politiques”, des actes selon lui “non conformes à la Constitution”. Il a mis en garde le Pastef, affirmant qu’un “rapport de force n’est pas une continuité” et qu’”un État plus puissant qu’eux était ici et qu’ils tomberont dans le futur”.