NETTALI.COM- ‎Réunis en assemblée générale ce jeudi 28 août 2025 à l’Institut islamique de Dakar, les voyagistes ont échangé fait le bilan du pèlerinage à la Mecque de 2025. Avec les autorités et les partenaires dont Air Sénégal qui a été fortement critiquée, les membres du Regroupement national des organisateurs privés du Hadj et de la Umrah au Sénégal ( Renophus) ont abordé les réformes imposées par l’Arabie Saoudite.  et les leçons du Hajj 2025. Entre volonté de modernisation et inquiétudes logistiques, le plaide pour le « Hajj direct ».

‎C’est dans un climat de concertation que s’est tenue l’assemblée générale du Regroupement national des organisateurs privés du Hadj et de la Umrah au Sénégal ( Renophus, le Regroupement national des organisateurs privés du Sénégal pour le Hajj. L’événement a permis de faire le bilan du pèlerinage 2025 et d’anticiper les défis de 2026, à la lumière des nouvelles directives du ministère saoudien du Hajj.

‎‎Cheikh Bamb Dioum, premier vice-président du Renophus, a rappelé que le ministère saoudien du Hajj a imposé des changements notables. « Le calendrier du 2025-2026 sera désormais anticipé, et les inscriptions doivent se faire très tôt, dès juillet, alors qu’auparavant les pèlerins attendaient le Ramadan ou le mois de janvier », a-t-il expliqué.

‎Les réformes saoudiennes et l’option du « Hajj direct »

‎La réforme la plus marquante reste l’introduction du « Hajj direct », qui autoriserait les organisateurs privés disposant d’au moins 2000 pèlerins à gérer eux-mêmes leur contrat avec les prestataires saoudiens, sans passer par la Délégation générale. « Si cette option de libéralisation n’est pas retenue, les privés devront céder leur quota à l’État ou à la Délégation, qui piloterait seule le processus », a ajouté M. Dioum.‎

‎Pour les voyagistes privés, cette orientation est une opportunité. « Le Hajj direct, ce n’est rien d’autre que la privatisation que nous demandions depuis toujours », a martelé le vice-président du Renophus. Il estime que cette autonomie leur permettrait de choisir des prestataires plus fiables, notamment pour améliorer les conditions de vie à Mina et Arafat, jugées « lamentables » lors du dernier pèlerinage.‎

Transport aérien et organisation : Air Sénégal au centre du débat

‎Le transport des pèlerins a occupé une large place dans les discussions. Am Samba Sall, directeur de l’administration et du support d’Air Sénégal et président du comité Hajj, a tenu à rassurer. « Cette année, Air Sénégal s’engage à transporter la totalité des pèlerins du Sénégal et à mettre en place toutes les mesures pour faire de ce pèlerinage une réussite », a-t-il déclaré.

‎‎La compagnie nationale prévoit de mobiliser des avions gros-porteurs de 410 places, avec deux à trois vols par jour. Le programme fixe la phase aller du 8 au 19 mai 2026 et la phase retour du 30 mai au 10 juin. « Ces dispositions permettront de transporter les pèlerins et leurs bagages dans les meilleures conditions de sécurité et de confort », a insisté M. Sall.‎

‎Mais cette position ne fait pas l’unanimité. Cheikh Bamba Dioum a rappelé que malgré les efforts constatés en 2025, Air Sénégal « n’a pas la capacité de convoyer les 12 000 pèlerins ». Le Renophus recommande donc de partager le quota : une partie pour Air Sénégal, l’autre confiée à des compagnies internationales offrant « d’excellents services à un bon prix ».

‎‎Autre point de divergence, la question des horaires. Des voyagistes se plaignent que les vols ne coïncident pas avec leurs réservations d’hôtels.  Hanne Samba Sall a répondu fermement : « Dans le transport aérien, la logique de transport prévaut sur la logique d’hébergement. On ne peut pas adapter les vols aux heures d’entrée des hôtels. »

‎Financement, anticipation et perspectives

‎Au-delà du transport, la question du financement reste centrale. Le Renophus a interpellé la Banque islamique du Sénégal pour qu’elle accompagne les organisateurs privés dans la mise en œuvre du Hajj direct. « Il faudra un financement important si nous devons aller seuls. Nous demandons à la banque de réduire le taux appliqué, notamment celui du riyal, et de nous soutenir », a plaidé Cheikh Bamba Dioum.

‎‎Le délégué général adjoint, El Hadj Mansour Ndiaye, présent à l’assemblée, a pour sa part invité les pèlerins à se conformer au calendrier saoudien. « L’Arabie Saoudite a déjà lancé les inscriptions pour le Hajj 2026 et l’année dernière, le Sénégal a failli être forclos », a-t-il rappelé. Il a assuré que l’État prendra des mesures d’anticipation et a exhorté les voyagistes privés à en faire de même.

‎‎De son côté, Air Sénégal rappelle que le prix du billet reste fixé par l’État, avec l’ambition de maintenir un tarif accessible malgré les contraintes économiques. Les inscriptions sont déjà ouvertes auprès des voyagistes privés et de la Délégation générale au pèlerinage.

‎‎Enfin, l’assemblée générale du Renophus a mis en lumière deux visions : celle d’Air Sénégal, qui veut consolider son rôle central dans le transport, et celle des organisateurs privés, qui réclament plus d’autonomie via le Hajj direct. Deux approches qui devront trouver un terrain d’entente afin de garantir un pèlerinage 2026 fluide et digne pour les milliers de fidèles sénégalais.