NETTALI.COM - Lorsqu’Ousmane Sonko affirme, avec une pointe de provocation, qu’« il n’y a pas d’opposition au Sénégal », ses propos peuvent prêter à débat. Mais à bien y regarder, la vacuité stratégique et l’indigence programmatique de l’opposition actuelle lui donnent parfois raison. Le paysage politique semble orphelin d’une contre-force structurée, audible et capable de peser réellement sur l’agenda national.

En lieu et place d’un projet alternatif clair, l’opposition se contente bien souvent de commenter l’actualité gouvernementale, surfant sur les faux pas, les polémiques et les maladresses du pouvoir. Loin de proposer une vision cohérente, elle s’installe dans une posture réactive : dénonciations épisodiques, sorties émotionnelles, postures victimaires… mais rarement des propositions de fond capables d’animer le débat démocratique.

Les récents épisodes politiques illustrent cette défaillance : de l’affaire Badara Gadiaga à la virulente charge d’Ousmane Sonko contre la justice, en passant par les publications controversées du Directeur général du Port autonome de Dakar, ou encore les frasques de figures secondaires comme Abdou Nguer, Bachir Fofana ou Moustapha Diakhaté, le débat politique tourne en rond, souvent réduit à des querelles de personnes ou des micro-scandales qui éclipsent les véritables enjeux.

Où sont les propositions sur la réforme du système éducatif ? La politique industrielle ? Le dialogue institutionnel ? L’opposition peine à imposer des thématiques majeures, à structurer ses idées, à construire une parole politique qui dépasse l’indignation ou l’individualisme. Elle souffre d’un déficit d’organisation, mais surtout d’une faiblesse idéologique criante.

Ce qui est paradoxal, c’est que même le PASTEF — aujourd’hui aux commandes de l’État — semble sous-estimer les dividendes politiques qu’il pourrait tirer de cette faiblesse structurelle de ses adversaires. Certains de ses responsables, militants et communicants se laissent parfois entraîner dans des polémiques inutiles ou des guerres de mots sur les réseaux sociaux, entretenant un climat de tension contre-productif.

Alors que le parti au pouvoir cherche à maintenir une cohésion interne fragilisée par les tensions entre le Président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, l’absence d’un contre-pouvoir crédible donne à la scène politique un déséquilibre inquiétant. Sans adversaire sérieux, sans contradiction organisée, le risque d’essoufflement du débat démocratique est réel.

Il devient dès lors impératif, pour ce qui reste de l’opposition politique, de repenser ses priorités, de renouveler ses cadres et de redéfinir une ligne commune. Tant qu’elle se contentera de commenter au lieu de proposer, elle restera périphérique, marginalisée, inaudible — y compris dans les moments décisifs.

Au fond, le problème n’est pas seulement d’affronter le pouvoir : il est d’abord d’exister politiquement.