NETTALI.COM - Le rapport général des Assises nationales des médias, fruit de deux années de travail acharné, a été officiellement présenté aux acteurs de la presse, ce mardi, à la fondation Friedrich Ebert. Cette cérémonie marque une étape cruciale dans les efforts continus pour façonner l'avenir des médias au Sénégal.

Deux années, 78 réunions mobilisant 8 565 participants issus de divers horizons de la société – pour ne citer que ces chiffres – ont été nécessaires pour aboutir au rapport des Assises nationales des médias. Professionnels des médias, universitaires, partenaires techniques, financiers et institutionnels, entre autres, se sont concertés afin de produire un document synthétique de 95 pages dont le contenu pourrait s'avérer salvateur pour la presse. “Il est temps que les médias sénégalais bâtissent un avenir professionnel et solide. Ce rapport est une feuille de route pour relever les défis, structurer le secteur et le rendre durable”, souligne le président du comité scientifique des Assises nationales des médias, Matar Silla.

Pour le coordonnateur de la Coordination des associations de presse (Cap), Ibrahima Lissa Faye, il fallait mettre l'accent sur les maux du secteur. “La presse sénégalaise a osé nommer ses difficultés : précarité économique, absence de cadre juridique adapté, risques pour la sécurité des journalistes, fragilité des entreprises de presse et manque d'adaptation face à la révolution numérique”. Il poursuit : “Ce rapport n'est pas un simple état des lieux. C'est un appel aux autorités à s'approprier ces travaux pour agir immédiatement, à court et à long terme.”

Quelques recommandations

En sa qualité de rapporteur général, le journaliste Cheikh Thiam est revenu sur les recommandations axées sur la nécessité d'un dialogue permanent entre le ministère de la Communication et les acteurs du secteur. “Au-delà de leur mission de service public, les entreprises de presse doivent devenir compétitives et performantes, tout en restant garantes de l'éthique, de la déontologie et du pluralisme”, a-t-il rapporté.

Parmi les principales préconisations, le document insiste sur la nécessité de moderniser le cadre juridique et institutionnel, notamment en réformant le CNRA jugé obsolète, et en adoptant un code de la publicité adapté aux réalités actuelles ; assurer la viabilité économique du secteur à travers des modèles de financement innovants et durables ; renforcer la production de contenus de qualité, en adéquation avec les réalités sociales, économiques et culturelles du Sénégal.

Monsieur Thiam souligne également qu'il est crucial de “protéger les journalistes et techniciens en intégrant leur sécurité dans les politiques publiques et d'inscrire les médias dans l'agenda de développement national, notamment dans la Vision Sénégal 2050, en valorisant leur rôle stratégique dans la démocratie, la paix sociale et la cohésion nationale”.

Questions autour de l’absence de la tutelle…

Lors de cette cérémonie de présentation, la société civile était représentée. Le président de Legs Africa, Elimane Kane, s'en est fait le porte-voix. “Il faut féliciter celles et ceux qui ont réalisé ce travail de qualité. Si les recommandations sont mises en oeuvre – ne serait-ce qu'en partie – la presse pourrait de nouveau respirer. Toutefois, je ressens une gêne : un tel événement se tient dans des locaux d'une structure étrangère alors qu'existe la Maison de la presse Babacar Touré.

Au-delà du lieu inapproprié, selon lui, M. Kane a tenu à évoquer un autre point problématique : “L'État, en l'occurrence le ministère de la Communication, devait être présent. Il reste le premier interlocuteur des médias et sa contribution est essentielle à la mise en oeuvre des recommandations.” … la version des acteurs.

Face à cette polémique naissante, les journalistes ont présenté leur version des faits. Selon Lissa Faye, “tout semblait ficelé” jusqu'au retrait de dernière minute de la tutelle, qui a demandé un “report de l'événement”. Le patron de Pressafrik précise : “Nous n'étions pas là de gaieté de coeur. L'option initiale était une co-organisation avec le ministère. Il était convenu que le ministre préside la cérémonie. Des échanges de courriers et des réunions préparatoires, dont une ultime séance dans les locaux ministériels avec la Cap et la Giz, avaient eu lieu.”

Pour M. Faye, un report était impossible : “Les invitations étaient envoyées, et la Giz avait réservé l'hôtel avec des engagements financiers. Annuler impliquait des pénalités. Le Comité a donc assumé ses responsabilités en maintenant l'événement.”

Concernant le choix de la fondation Friedrich Ebert, il justifie : “Par prudence, pour éviter une mauvaise surprise – comme une salle fermée – qui aurait compromis cette restitution. Nous ne voulions pas tenter le diable.