NETTALI.COM - Une affaire d'abus de confiance opposant une magistrate à la retraite, Fatimatou Ba une autre dame qu'elle considère comme sa fille, Farma Bigué Ndao été évoquée, le lundi 13 mai à la barre des flagrants délits. La raison, la première nommée, une ancienne magistrate, avait confié 70 mille euros et des bijoux à Farma Bigué. Au moment de récupérer ses biens, dit-elle, celle-ci nie avoir reçu des objets d’une telle valeur. Ce qui lui a valu sa comparution devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour abus de confiance. L'affaire est mise en délibéré au lundi 27 mai.

Il ressort de la procédure qu’en se rendant au Canada en 2017, Fatimatou Ba qui considérait Farma Bigué Ndao, a confié à celle-ci deux sacs contenant des devises à hauteur de 70 mille euros et un seau contenant des bijoux. Après plusieurs mises en demeure pour rentrer en possession de ses biens, elle s’est heurtée au refus de Farma.

En effet, durant ses courts séjours qu’elle a eu à effectuer à Dakar, il lui était difficile de rencontrer sa fille de cœur qui lui servait à chaque occasion une excuse. Pis, quand elle est parvenue à la contacter, celle-ci l'informe n’avoir jamais reçu une telle valeur d’elle. Outrée par cette réponse, elle saisit la justice.

A la barre du tribunal des flagrants de délit, Farma Bigué Ndao a campé sur sa position. Toutefois elle a fait savoir au juge que la dame lui a confié deux sacs dont l’un de marque Louis Vuitton, un autre en pagne tissé et un seau scotché en lieu et place des bijoux. « J’ignorais ce qu’il y avait dans le seau. J’ai perdu les sacs probablement au cours de mes déménagements. J’ai changé de lieu d’habitation à deux reprises entre 2018 et 2021 », a-t-elle soutenu.

Lors des plaidoiries, les avocats de la prévenue ont soulevé des interrogations quant à l'origine de la fortune de la partie civile. Ce que les avocats de la plaignante ont vite battu en brèche, soulignant que leur cliente qui a servi pendant plus de 30 ans comme magistrate avant de préciser qu’elle est aussi l’épouse d’un homme qui a dirigé une multinationale pendant près de 20 ans. « Quand vous faites 40 ans dans la magistrature et êtes l’épouse d’un homme qui a dirigé une multinationale pendant 20 ans, vous avez le droit de vous offrir des bijoux de cette valeur. Cet argent ces bijoux sont le fruit de son dur labeur. Elle a choisi de confier ses biens à cette dame parce qu’elle avait confiance en elle », a argumenté Me Papa Leyti Ndiaye.

Pour sa part, Me Arona Bass estime que la prévenue n’ignorait en rien le contenu des sacs et du seau. « Ce qu’elle a essayé de nier devant la barre en disant n’avoir pas accès à ce coffre. Mais cette dénégation ne saurait prospérer. C’est 40 ans de vie qui ont été consignés dans ces objets de valeurs dilapidés par la prévenue », précise-t-il.

Abondant dans le même sens, Me Pascal Gomis souhaite que sa cliente soit dédommagée à hauteur de 300 millions de francs CFA.« Elle reconnaît avoir reçu ces objets. Même si elle déclare ne pas savoir ce que contenait ces sacs. Elle soutient qu’elle ne détient pas de coffre. En croyant que l’inexistence de ce coffre pourrait la disculper. Ma cliente croit qu’elle a gardé ses biens dans ce coffre. Elle l’a dit car elle n’ignore pas l’existence de ce coffre », a-t-il affirmé.

Quid de la positions du parquet ? Celui-ci a tout simplement requis l’application de la loi. Quant à la défense, elle a plaidé à titre principal, la relaxe pure et simple de leur cliente Farma Bigué Ndao et à titre subsidiaire, sa relaxe au bénéfice du doute.

« Rien n’empêchait à ma cliente de nier les remises car il n’y a pas de décharge encore moins de témoin. Elle a avoué avoir reçu deux sacs et un seau. Elle dit qu’elle ne connaît pas le contenu car n’étant pas révélé », a indiqué Me Souleymane Soumaré.

Me Khadim Kébé a lui évoqué des non-dits dans l’affaire . Quant à Me Dionwar Soumaré, il a témoigné de la la bonne foi de sa cliente. Avant d’arguer que la famille de celle-ci est cent fois plus aisée que celle de l’ex magistrate. « Pourquoi la plaignante qui était magistrate donc très avisée, n’a pas déposé ses richesses à la banque », se sont interrogés Mes Moussa Sarr et El Hadji Amadou Sall.

Pour Me Sall, la partie civile savait que garder des devises d’une telle valeur chez elle, est réprimé par la loi. « En plus, elle a fait de ma cliente sa complice dans ce délit », dit-il.

Le tribunal statuera le 27 mai 2024.