NETTALI.COM - Depuis quelques jours, la tendance à Benno est à l’union sacrée autour du candidat Amadou Bâ. À une semaine de la fin de sa tournée nationale, les leaders locaux de la coalition mettent la main à la pâte pour la mobilisation et ce sont des foules aux couleurs marron qui l’accompagnent désormais. On voit même le placide haut fonctionnaire, ancien Premier ministre, sortir de sa réserve naturelle pour ferrailler verbalement avec ses détracteurs, lui, la nouvelle cible de choix de l’ex-Pastef.

Ousmane Sonko l’avait du reste bien souligné lors de sa première conférence de presse après sa sortie de prison du Cap Manuel, vendredi dernier : “Le seul adversaire, c'est Amadou Ba”, avait dit le maire de Ziguinchor.

La campagne électorale du porte-drapeau de la majorité sortante n’avait donc pas démarré sous les meilleurs auspices.

Entre l’indécision sur l’agenda électoral, l’opposition de figures de l’APR à sa désignation comme candi- dat et la perception diffuse que le président Macky Sall l’avait dans le collimateur pour on ne sait quelle rai- son, Amadou Bâ a dû traverser des tirs de barrage qui ont paradoxale- ment pris fin avec la libération de son principal challenger Bassirou Diomaye Faye, élargi de prison en même temps qu’Ousmane Sonko.

Depuis quelques jours, Macky Sall reçoit au palais de la République des responsables de sa coalition, dont des ministres, pour leur demander de participer plus activement à la campagne de leur candidat.

Après des débuts timides, après son départ de la primature, Amadou Bâ a changé de registre pour révéler un peu plus de lui, sans doute motivé par l’extinction des derniers feux qui altéraient son image de candidat soutenu par l’ensemble de la coali- tion. À Podor, le président du Conseil économique, social et environne- mental, Abdoulaye Daouda Diallo, pourtant l’un des opposants les plus farouches à Amadou Bâ, car convoi- tant lui aussi l’onction de Benno Bokk Yaakaar, a célébré l’unité aux côtés de Cheikh Oumar Hanne.

Dans la région de Matam comme à Tambacounda, le même élan unitaire a été constaté.

Le lundi 18 mars, le ministre de l’Économie et des Finances, Mamadou Moustapha Bâ, et les ténors de BBY dans le département de Nioro ont adopté la même posture. En début de soirée, à Kaolack cette fois, le ministre-conseiller Mohamadou Ndiaye Rahma et le DG de la Senelec, Pape Demba Bitèye, ont scellé une démarche similaire.

Jusqu’ici présentée comme l’une de ses plus farouches opposantes à Amadou Bâ au sein de l’APR, la ministre Thérèse Faye Diouf a elle aussi remisé son discours sécessionniste pour battre campagne en faveur de l’ancien Premier ministre. Macky Sall aurait dit à ses différents interlocuteurs qu’Amadou Bâ est “leur seule possibilité de gagner”.

Passif jusqu’ici, le candidat de Benno a maintenant revêtu de nouveaux habits, semble-t-il. Pour la première fois, on le voit à l’offensive. Quand l’ex-Pastef brocarde “l’origine de sa fortune” et, comme Ousmane Sonko, indexe des micmacs qu’il aurait commis en tant que directeur général des Impôts et des Domaines, lui traite le maire de Ziguinchor de “menteur”, évoquant même “une histoire d’amour” que l’opposant aurait avec “le mensonge”.

Quand les uns évoquent la déclaration de patrimoine, lui est d’accord et dit qu’il la fera, mais estime que le préalable à une telle opération est le relevé des fonctions occupées par son adversaire dans la Fonction publique. Pour mieux indexer le CV de Bassirou Diomaye Faye comparé au sien. On en est là.

Reste la question de savoir si Macky Sall fera des apparitions à ses côtés, alors que la campagne électorale est dans sa dernière ligne droite...