NETTALI.COM - Le dialogue national qui s’ouvre aujourd’hui va se faire sans l’opposition significative qui regroupe l’écrasante majorité des candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Le chef de l’État pourra compter sur le collectif pour la défense de l'inclusivité électorale et la démocratie regroupant des candidats dits “spoliés” et aussi les candidats Amadou Ba, Mahammad Boun Dionne et Idrissa Seck.

L a tenue du dialogue national, qui doit se tenir aujourd’hui et demain mardi, continue de polariser la classe politique sénégalaise. Si 16 des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel ont décliné l’invitation du chef de l’État au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, le collectif des candidats qui se disent spoliés se prépare à participer à ce conclave.

Ainsi, après le FDPEI, une nouvelle entité regroupant les candidats recalés a vu le jour, dimanche 25 février, à la suite d’une rencontre à Dakar. Le Collectif pour la défense de l'inclusivité électorale et la démocratie, cadre regroupant près de 50 candidats à la Présidentielle, entend jouer la carte de la reprise du processus électoral. Aux termes de cette rencontre, les leaders du collectif se sont engagés, à l'unanimité, à participer au dialogue national “pour l'intérêt du pays”.

"Nous saluons le dialogue convoqué demain et après-demain. Nous avons besoin de dialoguer. Car le processus tel que conduit ne pouvait pas aboutir à une élection présidentielle crédible", a déclaré Aminata Assome Diatta, ancienne ministre du Commerce, une des membres du collectif.

le député Serigne Bara Doly de rajouter que le "collectif est prêt à œuvrer pour la paix dans le pays. Et cela passe par notre participation au dialogue national. À l'unanimité, nous candidats spoliés nous nous engageons à participer au dialogue pour l'intérêt du pays".

Les candidats de la mouvance présidentielle et Idy en ordre de bataille pour le dialogue

Une nouvelle entité qui entre en droite ligne des candidats proches de la mouvance présidentielle qui, de leur côté, ont décidé de se désolidariser des autres candidats à la Présidentielle. Ainsi, Idrissa Seck, Mahammad Boun Abdallah Dionne et Amadou Ba ont décidé de prendre part aux concertations.

Dans une note parvenue à rédaction, l’ancien Premier ministre et leader de la coalition Dionne 2024 a affirmé son attachement à la décision du Conseil constitutionnel qui a demandé au chef de l’État de tenir l’élection dans les meilleurs délais. À ses yeux, les participants au dialogue vont aider le président à cette fin. "La coalition Dionne 2024 participe au dialogue, parce que l’heure est grave et il y a bien en ce moment une rupture de consensus politique et social. Rien ne doit être de trop pour trouver dans le respect du droit et des principes démocratiques, mais sans surenchère gratuite, une solution pour assurer le passage de témoin à la tête de l’État", a déclaré l’ex-chef de gouvernement.

L’ancien secrétaire général de la présidence prévient, toutefois, que "toute interruption reprise du processus électoral et toute reprise du processus électoral va inéluctablement rompre le principe juridique du droit acquis".

La correspondance de la plateforme Aar Sunu Élection au Conseil constitutionnel pour une nouvelle date de la Présidentielle

Le choix d’Idrissa Seck de participer à ce dialogue pourrait s’expliquer, selon plusieurs observateurs, par son positionnement, ces dernières semaines. Lui qui a décidé de jouer la carte de l’apaisement et de la réconciliation. "Les sujets qui occupent mon esprit, ce sont les principales préoccupations des populations. La compétition électorale durera 21 jours et à l’issue de cette période, les Sénégalais choisiront, mais le travail qui attend le prochain président de la République requiert le rassemble- ment et la réconciliation nationale", avait-il déclaré au sortir de sa séance d’enregistrement de discours de campagne à la Radiotélévision nationale (RTS) le 2 février 2024, veille du report de la Présidentielle.

Pour sa part, la plateforme "Aar Sunu Élection", opposée à tout dialogue avec le chef de l’État, compte poursuivre la mobilisation à travers de nouvelles manifestations. Ses membres ont procédé à une marche pacifique dans certaines artères de la ville de Thiès, le samedi 24 février 2024.

De leur côté, les opposants et membres de la société civile ont aussi procédé, dimanche à une marche à Pikine, afin de protester contre le report du scrutin du 25 février et exiger la libération des prisonniers politiques.

Dans cette optique, ils ont saisi par lettre signée par Elimane Haby Kane, le président directeur exécutif de Legs Africa, Malick Diop, le directeur exécutif de la Plateforme des acteurs non étatiques, le Pr. Babacar Guèye, le président du Collectif des OSC pour les élections le président du Conseil constitutionnel pour la fixation de la date de l'élection présidentielle. Cette démarche, selon les acteurs de la société civile, fait suite à l’interview, jeudi dernier, où le président n'a manifesté aucune volonté d'appliquer la décision n°1/C/2024 du Conseil constitutionnel.

"Nous avons appréhendé son attitude comme une tentative de diversion à travers l'invitation à un dialogue inapproprié au lieu d'instruire les autorités compétentes pour l'organisation du scrutin", font-ils savoir dans la correspondance. Pour Aar Sunu Élection, il est impératif que le président cesse de contourner les directives que le Conseil constitutionnel a clairement formulées pour la tenue de l'élection avant le 2 avril 2024.

En cela, ils rejoignent le Dr Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé en sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis qui, sur les ondes de RFI, a déclaré : "Macky Sall est en train de faire du dilatoire, il va discuter avec son candidat Amadou Ba, son allié Idrissa Seck et son ancien Premier ministre Boun Abdallah Dionne."