NETTALI.COM - Avec le vote de la loi constitutionnelle reportant l’élection présidentielle, le 7 février 2024, l’on est bien loin du 23 juin 2011, ce jour mémorable où des Sénégalais avaient pu réussir à s’opposer au vote d’une réforme constitutionnelle ; plus exactement au « ticket présidentiel », considéré à l’époque comme une tentative du président Wade, de passer le pouvoir à son fils.

Une grande manifestation eut lieu à la Place Soweto, suivie d’affrontements entre forces de l’ordre, des citoyens et des politiques, obligeant le pouvoir à retirer son projet de loi controversé.

Les forces de l'époque étaient à la vérité bien plus organisées, avec dans ses rangs, des hommes politiques à l’intégrité reconnue, plus aguerris, plus soudés et des mouvements citoyens et de la société civile plus ancrés dans des convictions. Le 23 juin, eh bien, c’était un esprit. Un esprit qui n’était pas à vrai dire tombé du ciel. Il était le fruit mûr d’un processus mené avec une très grande finesse par l’opposition d’alors et la société civile. C’est le consensus et l’éthique discursive qui avaient prévalu, loin du bruit. Dans la transpiration à la fois physique et cérébrale. 13 après la réalité est hélas bien différente.

Le tableau ? Naturellement, une ambiance de contestations tous azimuts. Un scrutin présidentiel dont la campagne électorale est reportée la veille de son démarrage ; La double nationalité du même Karim Wade à qui le père voulait servir le pouvoir sur un plateau, est justement au centre du débat, mais avec cette fois, celui-ci dans la posture de la victime ; des accusations de candidats qui se sont sentis spoliés de leurs parrains ; 900.000 personnes qui seraient introuvables dans le fichier ; des accusations de conflits d’intérêt et de corruption contre deux (2) magistrats du Conseil constitutionnel par le Parti démocratique sénégalais ; une candidate dont on découvre la double nationalité après coup. Tout cela pour dire qu'on a affaire à une confusion sans précédent.

Fallait-il pour autant reporter l’élection ? Assurément non. Le Parti démocratique qui a senti une conspiration du candidat et Premier ministre Amadou Ba à travers ce qu’il considère comme une instrumentalisation de Thierno Alassane Sall, qu’une inimitié oppose au clan Wade depuis le règne des libéraux, n’a pas hésité, avec l’aide des députés de Benno, à proposer une loi visant à reporter l’élection, avec en toile de fond, la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire pour élucider cette affaire de supposée corruption et de conflit d'intérêts.

Deux logiques s’affrontent ainsi dans cette affaire. Celle de ceux qui qualifient l’acte de report de coup d’Etat constitutionnel, ainsi qu'une agression contre la démocratie. Ce sur quoi l'on ne pourra qu'être d'accord.

En face, une autre logique est prônée par ceux-là qui veulent du report, arguant que la situation est à un tel niveau de confusion qu’il ne faille pas poursuivre le processus dans ces conditions. Une partie de ceux-là considèrent que ce sont les recalés au nombre de 41, auteurs d’un mémorandum demandant à ce que « la clef de voûte des institutions » qu’est le président de la république, contribue à leur réintégration dans le jeu électoral, qui ont inspiré ce report. De plus, les nombreuses erreurs relevées, ont, à leur yeux conduit à émettre de sérieux doutes sur les capacités des juges à contrôler les aspects informatiques d’un parrainage, sans oublier leur manque de temps et de moyens matériels nécessaires au contrôle sur l’exclusivité ou non de la nationalité des uns et des autres.

Entre amnésie, duplicité et un traitement inacceptable de la crise par des médias étrangers 

Et pourtant, une certaine opinion a, à la vérité et de tout temps, douté de la neutralité des sept (7) sages, arguant depuis toujours que ce Conseil constitutionnel est inféodé à Macky Sall au point d’éliminer ou d’admettre certains candidats pour le compte de ce dernier. Il y a d’ailleurs eu beaucoup de fantasmes  construits là-dessus. Le tonitruant Dame Mbodji, n’a-t-il pas cherché à tourner en dérision Anta Babacar Ngom, se demandant comment la « vendeuse de poulets » avait pu passer le cap des parrainages ? D’aucuns ne s’étaient-ils pas interrogés sur la capacité d’un professeur Daouda Ndiaye ou d’une Rose Wardini à réussir avec succès leur parrainage  ? De la spéculation sur des nouveaux candidats à qui des ténors auraient offert leur complément de parrainage, il y en a eue !

Ils sont bien amnésiques ces sénégalais et leur capacité à oublier très vite ce qu’ils avaient soutenu la veille, surtout lorsque les circonstances changent. Ils sont tout aussi enclins à fabriquer des schémas ou scenarii quand bien même ils n’ont pas la moindre info sur un sujet donné, guidés bien souvent par leur subjectivité et leurs souhaits. Surtout dans cet environnement fortement marqué par les fake news, une division sans précédent de la société avec ses intellectuels, professeurs de droit et acteurs de la société civile dont une bonne partie est affiliée à des officines politiques. Il est devenu, ce Sénégal, un sacré pays de spéculateurs et de fabricants de vérités assises de plus en plus sur du fantasme. Or, les réalités avec les films qui se jouent à l'intérieur de ces évènements, sont bien plus complexes qu’elles ne paraissent.

Une manifestation a eu lieu le vendredi 9 février contre cette loi reportant l’élection avec son cortège de pneus brûlés, d’embouteillages et surtout de morts, avec des leaders des partis politiques qui ont brillé par leur absence. Pour Ibou Fall, le chroniqueur de I-Radio qui faisait face, le mardi 13 février à un DJ Boups, meurtri par la mort de ces trois (3) jeunes, ces derniers "ne doivent pas servir de chair à canon" car, estiment-ils, les leaders politiques sont très enclins à faire des arrangements entre eux, négociant la nuit et criant le jour. Pour Fall, les manifestations ne sont pas la solution, conseillant d'aller vers des recours judiciaires.

La question est désormais de savoir ce qu’il faut faire face à cette crise institutionnelle entre le judiciaire et le législatif au regard de l’opposition d’une frange de l’opposition à ce report et de la proposition de dialogue affichée par le président de la république ?  Pour l’heure, c’est le recours de plusieurs députés devant le Conseil constitutionnel pour contrer le report qui est actuellement le point saillant de l’agenda ; et nul n’en connait l’issue, même si les professeurs agrégés de droit parmi lesquels Serigne Diop, Abdel kader Boye, Babacar Guèye, Alioune Badara Fall et Alioune Sall, ont eux fini de déclarer dans une tribune, « la justiciabilité incontestable de la loi » reportant l’élection présidentielle. En d'autres termes, le Conseil ne devrait pas se déclarer incompétent.

Ce qui est surtout désolant dans cette crise, c’est de voir des sénégalais appeler à la pression et aux sanctions de la France et des États-Unis, voire des organismes internationaux. Une posture en tout cas bien étonnante pour ceux-là qui sont si prompts à crier pour dénoncer, à la moindre occasion « l’ingérence de la France ». Ils ont pourtant, dans un passé récent, accusé cette même France de tous les péchés, avec le fameux slogan de Guy Marius Sagna et Cie « France dégage », dénoncé la Françafrique avec en toile de fond la caricature d’un Alassane Ouattara et d'un Macky Sall, cités parmi les « préfets de la France » ; ou encore brandi cette question du franc CFA qui soulève tant de passions.

Pour un pays qui a toujours été à l’index en Afrique francophone pour son rôle jugé trouble, avouons que la posture de ces Sénégalais est bien surprenante. Et le bashing de la presse française sur le Sénégal dans cette affaire de report, est loin d'être fortuit. Il suffit de suivre ce général français sur LCI évoquer cette affaire sénégalaise avec des propos à peine voilés sur la responsabilité de l'armée à prendre, pour se poser des questions. Tout comme l'ombre de la compagnie BP dans l'exploitation des ressources énergétiques au Sénégal, plane, si l'on en croit "Dakar Times" qui a barré sa une du 14 février, "Les non dits du lynchage médiatique contre le Sénégal" avec les logos de la compagnie britannique BP et celui des LGBT ; les logos des chaînes françaises LCI, BFM TV, les médias d'influence tels que France 24 et RFI. N'oublions pas aussi qu'un  des candidats qui a donné des gages, a un soutien de la France. Autant d'actes qui témoignent que la France est à l'oeuvre dans cette oeuvre.

Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangère sous Me Wade et porte-parole du Front des 14 recalés qui a tenu un point de presse, le mercredi 14 février, n'a pas d'ailleurs manqué de s'insurger contre "l’implication ostentatoire et intolérable des médias étrangers (français et du Moyen-Orient en particulier) dans les infox, la manipulation et l’exaltation de la violence au Sénégal", ajoutant que "Certains journalistes étrangers sont allés très loin dans la désinformation pure et simple, en parlant ‘d’affrontements qui ont embrasé tout le pays’. Les plus téméraires ont dépeint une apocalypse au Sénégal qui présage ‘d’une guerre civile’ ou ‘d’un coup d’État militaire” ! Du jamais vu... Comme s’ils étaient en mission pour contribuer à la déstabilisation de notre pays"

Il est d’autant plus étonnant de voir des Sénégalais appeler au secours de la Cedeao pour une organisation sous régionale jusqu’ici considérée comme un machin et critiquée au moment où elle a condamné et infligé des sanctions aux putschistes des trois pays que sont le Niger, le Burkina, le Mali qui ont d’ailleurs acté leur retrait de la Cedeao et se retrouvent aujourd’hui dans un  cadre dénommé « Alliance des Etats du Sahel ». Ils sont drôles ceux-là, de devoir faire appel à une Cedeao dont ils ont si souvent dit du mal. Qu’ils n'oublient surtout pas que la demande de suppression du parrainage sous sa forme actuelle, a été ignorée par le Sénégal. Un parrainage qui nous plonge en partie dans cette situation de crise. Il est d'ailleurs à souligner que la délégation parlementaire de la Cedeao qui a rencontré les députés sénégalais et l'opposition, a plaidé à l'issue de sa mission pour un dialogue inclusif et pacifique.

De même, l’on peut se demander comment ces Sénégalais peuvent-ils penser que les Etats-Unis puissent arbitrer dans une affaire de droit, pour un état qui a ouvertement soutenu Israël ? Une bonne partie des opinions publiques du sud global a condamné l’ampleur des massacres perpétrés contre les Palestiniens.

Cheikh Tidiane Gadio n'a pas d'ailleurs manqué de relever ces injonctions inacceptables de pays et d’organisations partenaires qu’on a vainement attendu du bon côté des femmes et des enfants massacrés par milliers sans répit à Gaza, sans compter les coupures de l’Internet et de l’électricité jusque dans les hôpitaux. "N’est-ce pas de façon manifeste une indignation sélective ! Certains pays sont même allés jusqu’à récuser le vote du Parlement d’un autre pays en le déclarant "illégal" prétendument à cause de l’intervention des forces de l’ordre (pourtant prévu par l’article 53 du règlement intérieur du Parlement sénégalais)", fulmine le porte-parole.

Le Dr Gadio, d’ajouter en persiflant contre les États-Unis : "Sans préjuger de nos différentes opinions sur le vote de notre Parlement, nous rappelons quand même que dans un de ces pays, le décompte des votes pour la proclamation des résultats de leur dernière Présidentielle n’a pu se faire au Congrès que suite à l’intervention armée de leurs forces de défense et de sécurité, après une violente insurrection et des saccages perpétrés par les partisans du président candidat malheureux à sa réélection. Notre posture de candidat aspirant à remplacer le régime actuel nous interpelle également sur l’urgence d’éradiquer le type de relation faite de soumission et de courbettes qui nous vaut aujourd’hui ces formes d’humiliation”.

Toujours est-il que, malgré cette cohue et cette levée de boucliers, il y a beaucoup de responsables de partis pour vouloir ce dialogue et ce report, mais n’osent pas le dire tout haut, par peur de d’être mal jugés par une opinion chauffée à blanc, hostile, et par ricochet de perdre leur électorat.

Il  y 'en a beaucoup pour dire non au report, avec de bonnes raisons liées au respect de la Constitution. Que ceux-ci veuillent dérouler un plan d’actions pour manifester, est tout à fait leur droit puisque nous sommes encore en démocratie. Mais pour l’heure puisque certains d'entre eux ont déposé des recours auprès du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême dans le but de s’opposer à la loi, il serait bien plus indiqué d'attendre que ces juridictions statuent sur la question pour savoir sur quel pied danser. Une posture bien meilleure que celle de ces manifestations au cours desquelles de jeunes gens perdent la vie, sans qu'on n'y note nulle trace des leaders.

Le temps des manoeuvres

C’est un dialogue de sourds qui s’est pour l’heure installé au moment où, en réitérant son appel au dialogue, Macky Sall, dans un récent entretien avec Associated press (Ap), Macky Sall a tenu à mettre en garde contre les forces qui pourraient s'emparer du pouvoir "si la classe politique ne fait pas attention".

Des menaces à peine voilées, selon Aminata Touré qui est très préoccupée par le message du président Macky Sall et qui a conclu que le président ne fait allusion ni plus, ni moins, qu'à l'armée.

Une interprétation de Mimi vite corrigée par Karim Fofana, le porte-parole du gouvernement qui y voit autre chose. Selon lui le président faisait plutôt allusion aux forces organisées qui sont déjà installées et qui veulent exploiter le pétrole et le gaz sénégalais. Un argument d'ailleurs repris par les anciens présidents Diouf et Wade qui se sont fendus, fait assez rare pour ne pas être signalé, d'un communiqué pour appeler au dialogue, prévenant les Sénégalais contre "les forces extérieures aux desseins obscurs".

Un appel qui a, au passage fait du bruit sur les réseaux sociaux quant à son authentification. Ce qui n'a pas manqué de pousser l'ancien président Diouf à préciser dès le lendemain que "le Conseil constitution reste le garant ultime de nos institutions" et qu'à ce titre, c'est à "lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s'imposent à tous concernant le calendrier électoral".

Pour le chroniqueur Ibou Fall, "Me Wade, tout comme Abdou Diouf, doivent raser les murs et demander pardon aux Sénégalais". Etayant ses arguments, celui-ci de nous apprendre que "les gens qui ont fait exploser des voitures en 1988, la bande à Clédor notamment, Me Wade les a fait amnistier en 1991 quand il est entré dans le gouvernement de Diouf". Ajoutant que "c'est la même bande qui a assassiné un juge en 1993" et qu'il a à lui même (Abdoulaye Wade) amnistiés quand il est arrivé au pouvoir dans l'affaire Babacar Sèye. Une manière pour lui de corréler ses propos avec le contexte actuel où l'on parle d'amnistie par rapports aux évènements mars 2021 et juin 2023 et qu'il semble rejeter.

Pour Ibou Fall, il faut juger ces personnes, situer les responsabilités, voir si elles sont innocentes ou coupables et non discuter avec elles, estimant qu'on ne pas passer ces 40 morts par pertes et profits. On ne devrait, à son avis, pouvoir attaquer les institutions et s'en sortir par des amnisties, car "un Etat doit se faire respecter et ne s'agenouiller devant personne".  Toujours, selon le chroniqueur Ibou Fall, ce sont Diouf et Wade qui ont créé cette atmosphère de bras de fer qui a enfanté cette culture de candidatures fantaisistes, de bravades et de violence au Sénégal.

Macky Sall, pour sa part veut le dialogue et a précisé qu'il y a des préalables à remplir pour réussir le dialogue. "Si les acteurs l'acceptent, on peut arriver à quelque chose", souligne le chef de l’Etat. Autrement, fait-il savoir, d'autres forces organisées le feront à leur place. Et ils perdront tous, le pays avec.

Un appel à la pacification repris par le fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine qui a déclaré, dimanche 11 février que « le temps est venu de mettre un terme à ces cycles de violences, de pacifier l’espace public, de retourner à une vie constitutionnelle et politique normale et de s’atteler à l’organisation matérielle de l’élection présidentielle ».

En effet plusieurs intermédiaires, en plus d’Alioune Tine, fondateur d' "Afrikajom Center", armés d’une discrétion monacale, ont travaillé à ce que la communication soit établie entre le palais et des plénipotentiaires de l’ex-Pastef. Le célèbre bâtisseur, Pierre Goudiaby par exemple, selon qui, "le temps de la paix entre sénégalais est arrivé", joue les bons offices entre Macky Sall et Ousmane Sonko, même si des membres de la Coalition « Diomaye président 2024 », tels que Guy Marius Sagna, Mimi Touré et d'autres en dehors Thierno Alassane Sall et Khalifa Sall ne comptent pas l'instant dialoguer. "AAR sunu élection" quant à lui, a renvoyé sa marche pacifique à vendredi 16 février, après avoir vu le préfet lui enjoindre de choisir un autre itinéraire depuis le mardi 13 février.

Un premier acte concret était déjà annoncé pour le Conseil des ministres du mercredi 14 février. En effet, il était prévu de déposer sur la table de l’Assemblée nationale un projet de loi garantissant l’amnistie générale pour les émeutes de mars 2021 et de juin 2023, alors qu’Alioune Tine était allé plus loin annonçant la libération, dans les prochains jours d’Ousmane Sonko et des détenus dits politiques, dans le journal "Libération" de la veille.

Jeudi 15 février, plusieurs membres de Pastef et des activistes en prison depuis de nombreux mois, sont élargis de prison. Pape Abdoulaye Touré, Dr Toussaint Manga, Djamil Sané, maire des Parcelles Assainies, Aliou Sané, coordonnateur de "Y'en a marre", Cheikh Oumar Diagne, Abdou Karim Gueye Xrum Xax, Dr Seydou Diallo, responsable Pastef à Keur Massar, le rappeur Mor Tallah Gueye alias Nit-Dof, Cheikh Oumar Diagne, Oustaz Assane Seck... Une libération qui avait été annoncée par l'architecte Pierre Goudiaby Atepa et le défenseur des droits de l'homme, Alioune Tine, alors qu'il y a quelques jours, le chef de l'Etat avait indiqué avoir instruit le ministre de la Justice de trouver les voies et moyens permettant de traduire en actes sa volonté de pacifier l'espace public.

Un appel au dialogue dont ne veut toutefois pas entendre parler Guy Marius Sagna qui  a prévenu à l’émission « Jury du Dimanche » sur I TV, que s’il y’a dialogue, il soit mené et dirigé par le prochain président de la République. Avant d’ajouter qu’ils formeront dès le 2 avril, soit la date de fin de mandat du président Sall, un gouvernement parallèle qui sera reconnu sur le plan international.

A la question de savoir ce qu'il compte faire si le Conseil constitutionnel, saisi par des députés de l'opposition, venait à rejeter son décret portant report de la présidentielle, Macky Sall répond : "le principe de la séparation des pouvoirs veut que chacun reste dans sa sphère."Mais, dit-il, c'est trop tôt pour se prononcer."

Difficile de savoir comment sortir de cette impasse face à un processus biaisé d’avance par ses nombreuses contestations, des politiques en désaccord sur le report et une possibilité de respect du calendrier électoral qui s’éloigne de plus en plus. La réponse n’est certainement pas les manifestations qui font face à une répression disproportionnée avec son cortège de morts.

Il est en tout cas désolant de constater que ce pays a bien changé. Dans le mauvais sens du terme. Les acteurs politiques ont changé. Les méthodes politiques aussi. Et le discours baveux révèle tout cela. Cette mise en scène de la culture de la haine, de la manipulation et du mensonge qui ne sont pas du seul des gouvernants. Ce refus des différences et ce dogmatisme digne des âges les plus sombres, n’ont rien à voir avec l’esprit du 23 juin 2011. Aujourd’hui que la manipulation a pris des atours plus sophistiqués dans l’espace public, avec l’intrusion des Réseaux sociaux dans le jeu, il devient urgent de rendre le commerce politique moins violent et plus serein, dans l’intérêt de tous les acteurs. Le paradigme musculaire ne peut à terme rien résoudre. Seules les vertus du dialogue sans fouler au pied le droit et la loi, peuvent produire du résultat. Mais, à la condition bien sûr qu’on en pose les bonnes bases, dans les bons termes, mais surtout qu’il soit sincère et sans volonté d’entourloupe. Beaucoup d’acteurs n'ont plus à la vérité confiance à Macky Sall.