NETTALI.COM - C’est à la veille du Gamou et lors du dernier conseil des ministres que tout a commencé. Puis ce fut le suspense avant la publication de la liste des nouveaux membres du gouvernement, le dimanche à 16 H. 72 heures de longue attente pendant lesquelles ces Sénégalais curieux devant l’éternel, n’ont pas eu de cesse d’essayer de récolter quelques indiscrétions par ci et par là sur les nouveaux entrants et sortants. Sur les réseaux sociaux, c’était l’effervescence puisque des listes circulaient et les commentaires les plus passionnés fusaient de partout. Des fake news évidemment mais aussi des ballons de sonde selon certains.

Ainsi va la routine des remaniements. L’on fait languir les Sénégalais friands de ce genre d’évènements. Mais à l’arrivée, cela change-t-il vraiment leur vie  surtout qu'il en a sorti un gouvernement de PDS bis, des alliés et une partie de l'ancien attelage. L’expérience nous a suffisamment montré que ce sont toujours les politiques qui tirent les marrons du feu. Comme ce communiqué de Ps à travers lequel, le parti de Senghor se réjouit de la reconduction à leurs postes, de ses membres dans le gouvernement . Un gouvernement qui « s'inscrit dans une démarche politique cohérente de consensus et d'ouverture conforme à l’esprit du dialogue national. (…) ». Le même document relève que « l'entrée d'importantes personnalités de I ’opposition dans le gouvernement, traduit aussi la volonté politique du président Macky Sall d'associer les forces vives de la nation, à I ’effort de construction nationale au profit exclusif des populations. Le Parti socialiste approuve cette initiative du chef de I’Etat, consistant à fédérer toutes les énergies positives autour de la prise en charge et de la satisfaction des aspirations profondes des populations ». Bref le nombre de convives au festin augmente autour du bol qui s’agrandit encore et encore pour le grand bien du peuple souverain ! On nage en plein délire.

Dimanche 1er novembre, c'est l’heure de vérité. Le dénouement. Sur les perrons du palais, Seydou Guèye le communicant et Latif Coulibaly, secrétaire général du gouvernement ont tour à tour lu les noms des heureux élus. Après ce fut le tour d’Idrissa Seck, quelques dizaines de minutes plus tard, de servir un discours de justification du pourquoi et du comment de sa nomination au Conseil économique, social et environnemental et celle de ses deux militants.

C'est la RTS qui ne cessera jamais d'étonner par sa capacité d'adaptation. Elle a réussi la prouesse, en l’espace de quelques minutes de réhabiliter Idrissa Seck, l’opposant d’alors qui n’était plus apparu sur ses écrans depuis le fameux défilé très consensuel au palais de la République, alors que Macky Sall recevait les opposants aux plus forts moments de la Covid-19. Ainsi fonctionne la chaîne nationale. N’avait-elle pas par exemple adopté la même posture lorsqu’il s’est agi de la rencontre-réconciliation entre Me Wade et Macky Sall, dans l’enceinte de Massalikoul Djinaan ? Il en avait fait des zooms et des zooms sur Wade en personne !

Mais que de surprises à l’arrivée dans ce remaniement ! Le gouvernement qui s’était promis d’introduire des « changements profonds », s’est révélé être un attelage pour caser deux anciens libéraux à l’image si peu reluisante : Idrissa Seck et Oumar Sarr, deux anciens frères ; et bien sûr d’autres. C’est ce qu’on appelle du recyclage politique. En d’autres termes, Macky entend faire du neuf avec du vieux en intégrant de vieux briscards de la politique pour manœuvrer et s’assurer une tranquillité en direction de 2024. Qui l’aurait cru ? En réalité, il y a que les naïfs qui pouvaient penser que Macky Sall pouvait changer car, avec lui la politique est une seconde nature. Avec ces deux gros poissons dans ses filets, c’est surtout le Pds qui se retrouve ainsi reconstitué avec Idy, Oumar Sarr, Me Ousmane Ngom, Modou Diagne Fada et évidemment El Hadji Amadou Sall, Babacar Gaye qui doivent sans doute attendre leur fromage. Mais où est passé « Mbollom Wade » ce fameux machin créé par Papa Samba Mboup et Farba Senghor ? Bref c’est du PDS sans Me Wade. Sacré Macky !

Les chaînes de télévisions n’ont pas eu le temps de beaucoup chômer, rivalisant d’éditions spéciales. Que cela soit sur la TFM, ITV, 2 STV, 7 TV, etc, ce sont les mêmes raisons qui ont été avancées pour marquer la surprise de voir Idy atterrir au Conseil économique. Le limogeage en masse de tous ces poids lourds et fidèles compagnons de Macky Sall, a beaucoup choqué : Amadou Ba, Aminata Touré, Moumamad Boun Abdallah Dione, Makhtar Cissé et dans une moindre mesure Oumar Youm et Maxime Vincent Ndiaye.

Idy : la nomination qui choque 

Dans ce remaniement, c’est surtout Idrissa Seck qui en a pris pour son grade, alors que beaucoup d’analystes n’avaient eu de cesse d’annoncer un deal entre lui et Macky Sall dont les signes étaient perceptibles depuis quelque temps. Des contacts de longue date qu’il confirmera d’ailleurs lors de son discours sur la RTS. Un argumentaire fleuve et des justifications qui en disent long sur le besoin d’empathie et de toucher le cœur des gens chez ce politicien professionnel qui était devenu aphone depuis un certain temps. Un silence tellement assourdissant qu’il avait fini par étonner bon nombre d’observateurs et de sénégalais qui ne pouvaient ne plus manquer de deviner qu’il y avait forcément quelque chose qui se tramait. Beaucoup de sujets graves étaient sur la place publique, mais Idrissa ne pipait mot, sauf à se fendre de commentaires parfois bien laconiques qu'il aurait mieux valu que l'ancien PM gardât le silence. Sur les réseaux sociaux, il a eu droit à une avalanche de critiques. C’est le comble du déshonneur, de la forfaiture. L’opinion est circonspecte face à ce qu’elle découvre et qu’on a lui a si longtemps caché. Il a eu également droit à la Var quant à sa volonté de dissoudre le Conseil économique, une fois au pouvoir. Il ne se doutait certainement pas qu’il atterrirait dans cette institution car beaucoup d’observateurs semblaient dire que l’ancien maire de Thies allait être nommé chef de l’opposition. Il avait aussi dit qu’il n’accepterait plus de poste soumis à un décret présidentiel. Il en a dit des choses Idy ! Comme « la vision de Macky qui s’arrête à Diamdiadio » ou encore que « Macky fait tout ce qu’il peut, mais il peut peu ».

Le sujet Idy a ainsi beaucoup interpellé la presse écrite de ce lundi 2 novembre. A l’exemple de « Rewmi » quotidien qui a barré à sa une « Macky recrute Idy et snobe Wade » ; « la Tribune », elle, a préféré s’appesantir sur « la chute de Barons » en parlant du cas Idy comme d’un « cas polémique » ; « Kritik » lui, y est allé un peu fort en écrivant : « les symptômes d’un despotisme – La haute trahison » avec un commentaire selon lequel Idy retrouve les lambris dorés du pouvoir ; « Vox Populi » évoque « les coups politiques du Président – Macky acte le deal avec Idy et liquide les ambitieux », etc. Bref, tous les quotidiens du lundi 2 novembre sont unanimes à dénoncer ce qui a été annoncé depuis longtemps.

L'Obs de ce mardi 3 novembre n'a pas par contre été d'une grande tendresse. Avec une Une, photo à l'appui sur la quelle on peut voir Idy se nettoyer le visage avec un mouchoir, il a barré : "Idy, les secrets d'un coup tordu" avec des puces avec les sous titres suivants : "Les grimaces de dégoût de ses alliés à la présidentielle" en gras suivi d'autres : "Amsatou Sow Sidibé - La déception est nationale. Trop c'est trop" ; "Pape Diop : je n'étais au courant de rien" ; "Hélène Tine : j'ai été informée comme tout le monde par voie de presse".

Des témoignages qui en disent long sur la surprise des alliés d'Idy qui croit toujours garder le même score (selon la règle des 85% qu'il avait brandie comme valeur de son alliance électorale avec Macky Sall) alors que beaucoup comme Babacar Diop, Thierno Bocoum, etc se sont très vite démarqués de cet entrisme en déclinant leur qualité de désormais ex-alliés.

Pour beaucoup Macky Chercherait à humilier Idrissa Seck là où d’autres pensent qu’il va lui céder le fauteuil en 2024, question de surveiller ses arrières. « Quand on veut anéantir un adversaire politique, on ne le nomme pas. Surtout un adversaire de la trempe d’Idrissa Seck. C’est quand même la quatrième personnalité de l’Etat. Ce n’est pas n’importe quoi. C’est pour en faire un allié de taille qui, demain, pourrait le défendre », a fait remarquer  Chérif Monteil, le député qui est d’un avis plutôt différent.

Idrissa n'a pas que des détracteurs, c'est en effet un thiessois comme lui, Abdou Mbow qui est allé à son secours face au pilonnage à grande échelle dont il fait l'objet.  Mais pas n’importe où, car c'est à Thies dans son fief que le nouveau vice-président de l'Assemblée a organisé sa conférence de presse, ce lundi 2 novembre. Le jeune député a ainsi salué la décision du président du Conseil départemental de Thiès d’accompagner le président de la République Macky Sall dans sa politique de redressement de l’économie du pays secouée par la pandémie de la Covid-19. « Dans la vie d’une nation, il y a toujours eu des coalitions. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Si on interroge l’histoire du pays, on s’en rendra compte. En 2012, Idy était l’un des premiers alliés du président Macky Sall. Personne ne le dit. Mais, par la suite, il y a eu des divergences qui ont fait qu’il a quitté la coalition. Aujourd’hui, l’histoire a fait que nous nous sommes retrouvés. Je pense qu’Idrissa Seck a fait le meilleur choix, en décidant de rejoindre le chef de l’État pour l’intérêt du pays qui traverse actuellement une situation difficile liée à pandémie », a soutenu Abdou Mbow. Un discours qui a également surpris d’autant plus qu’il n’ y a guère longtemps celui-ci dans ses diatribes disait ceci de l’ex-maire de Thies : « Idy est un politicien dépassé, qui doit accepter d’anticiper sa retraite. Idy est un leader local. Pour moi, Idy n’existe plus. Idy est mort politiquement… »

Le limogeage des poids lourds en question

Les quotidiens, les analystes et commentaires de la télévision ainsi que des radios et même des sites d’information, n’ont pas manqué de relever la mise hors-jeu de ceux-là à qui ont été prêtées des ambitions présidentielles, à tort ou à raison. Les plus proches collaborateurs d’alors du Président Sall et les plus valables. Il s’agit d’Amadou Ba, d’Aminata Touré, Moumamad Boun Abdallah Dione, Makhtar Cissé. Certains y sont allés de leurs commentaires pour relever que l’ambition ne saurait être un délit estimant que Macky Sall qui s’oriente vers la fin de son règne, aurait dû gérer cette affaire d’une autre manière, plutôt que de les remplacer par des personnes dont l’intégrité n’est pas le point fort.

Député à l’Assemblée nationale, membre de la majorité présidentielle, Théodore Chérif Monteil dissèque dans le quotidien EnQuête du lundi 2 novembre, les contours du nouvel attelage gouvernemental : « Du point de vue de l’avancement du Sénégal, je ne vois aucune pertinence dans ce remaniement. Rien n’a changé, en réalité. Ce sont les mêmes ministres qui reviennent. On a juste enlevé des ténors, dont le seul tort serait d’avoir des ambitions. Maintenant, au Sénégal, on a l’impression que personne n’a le droit d’avoir des ambitions. C’est comme si cette question relevait d’un tabou dans l’espace présidentiel… » Et Monteil, d’ajouter : « Je pense que, quand on a la trempe de Makhtar Cissé, d’Amadou Ba, d’Aminata Touré… c’est tout à fait naturel, après tout ce parcours, de faire face aux Sénégalais et d’être des forces de proposition. Où est le problème ? Il faudra que ces gens prennent leur destin entre leurs mains. S’ils ont le courage de s’affirmer, ils peuvent bâtir quelque chose. Reste à savoir qu’est-ce qu’ils ont à proposer. »

Un sentiment en tout cas largement partagé quant à l’inélégance de la manière par le président de Legs (Leadership, éthique, gouvernance et stratégie) Africa, Elimane Haby Kane. Selon lui, « Macky Sall rappelle tout simplement Louis XIV, surnommé le ‘’Roi Soleil‘’. Ce dernier disait : "l’Etat, c’est moi" . Macky Sall montre que l’Etat, c’est lui. Regardez le manque d’élégance avec lequel il s’est séparé de ses anciens collaborateurs. Il est le Roi Soleil. Pour lui, tout le reste, c’est du beurre. Et comme du beurre, sous le soleil, ils sont appelés à fondre. Il veut rester le seul maitre à bord, le président inamovible. C’est par ce même principe qu’il gère son parti. Après plus de sept ans au pouvoir, le parti n’est toujours pas structuré.»

Mais que de spéculations et de rumeurs autour de ce remaniement. Et mêmes des attaques contre ces sortants. L’on a noté une forte volonté de justifier les raisons du limogeage de tout ce monde. La teneur de certains papiers à charge contre ces poids lourds, le démontrent d’ailleurs à souhait. Des supports y sont même allés de leurs commentaires pour tenter de découvrir ce que Macky reprocherait à Amadou Ba, Makhtar Cissé et Ali Ngouille Ndiaye. Il convient toutefois de noter que ces trois ministres et deux autres encore, ont fait un long compagnonnage avec Macky Sall. Qu’il les limoge, c’est son droit le plus absolu. Mais la politique, c’est aussi une histoire de fidélité mais aussi de reconnaissance pour l’histoire qu’eux tous ont vécu ensemble, avec des succès et insuccès, des hauts et des bas. Mais de là à chercher des raisons qui n’existent que dans la tête des journalistes qui ont pondu ces textes, il y a des limites que ceux-là ne devrait accepter de franchir.

Amadou Ba a par exemple dans son compagnonnage avec Macky Sall, piloté le Programme Sénégal Emergent (Pse) et négocié beaucoup de financements pour le compte du Sénégal. Il avait aussi activement mené la bataille de Dakar en militant activement aux Parcelles Assainies. Et dans une tribune récente sur la TFM dénommée « Edition spéciale », comme pour donner des gages, il était même allé jusqu’à prôner la poursuite de l’aventure avec Macky jusqu’en 2035, l’horizon du Pse. Qu'on l'accuse de mollesse dans la défense en faveur de Macky Sall, relève tout simplement de la malhonnêteté. Qu’il rusait ou pas au moment où il faisait ces déclarations, il avait en tout cas sorti ces phrases de sa bouche.

Dans le cas de Makhtar Cissé, vouloir lui imputer le dossier Akilee comme la raison qui « semble l’avoir emporté », relève tout aussi d’une volonté de l’accabler. C’est de notoriété publique que l’ARMP, saisie du dossier Akilee dans le cadre de cette affaire par un syndicaliste de Senelec, avait bel et bien conclu dans un rapport, que « le contrat n’est entouré d’aucune nébulosité » et est bel et bien « régulier ». Vouloir discréditer l’Armp en brandissant de tels arguments, relève de la spéculation pure et simple. Papa Mademba Bitèye, le DG de le Senelec n’avait-il pas lui aussi trouvé ce contrat régulier, en décembre dernier face à Mahmoudou Ibra Kane sur I-TV ?  De même, évoquer une absence à un conseil présidentiel comme autre raison de le débarquer, alors que le ministre en question était malade, ce jour-là en plus d’avoir eu la permission de s’absenter (ainsi que l’avait d’ailleurs mentionné IGFM) , relève de la fabulation pure et simple. Makhtar Cissé a redressé la Senelec et consenti à tous ces investissements importants que l'on peut aujourd'hui noter dans ce secteur, sans parler de la stabilité qu'il a apporté au ministère du pétrole et des énergies.

Quant à Aly Ngouille Ndiaye, à qui l'on prête aussi une ambition présidentielle, il ne peut lui être reproché une quelconque mauvaise gestion de la Covid 19 au moment où le nombre de cas baisse. Elle est d’ailleurs bien loin cette pandémie puisque les Sénégalais ont accepté de vivre avec le virus, comme cela leur a été conseillé. Le ministre Ndiaye aura organisé des élections que Macky Sall a gagnées. Il aura également géré l’ordre public, quoi qu’on dise, sans trop de vagues. Peut-être qu’il y aurait des choses à lui reprocher, mais globalement, il a rempli sa mission de manière satisfaisante.

Aminata Touré de son côté, n’a pas du perdu du temps pour répondre à ses détracteurs qui chercheraient à l'intimider. «Dans l’attente sereine de la passation de service avec le nouveau président du CESE, je voudrais informer l’opinion nationale et internationale que j’ai eu à diriger le Conseil économique, social et environnemental pendant 16 mois en stricte conformité avec les règles et standards de bonne gestion. Les documents de vérifications sont en ordre et disponibles au niveau de l’institution ainsi que ma déclaration de patrimoine déposée à l’Ofnac », a fait remarquer la désormais ex-présidente du Cese, dans une déclaration rendue publique ce mardi 3 novembre. «Nul ne saurait à cette étape de ma vie administrative et politique ternir (sa) réputation et (son) intégrité», a ajouté l'ancienne PM qui avertit qu’elle se réserve le droit d’ester en justice «contre toute tentative de diffamation ou d’intimidation».

Il faut même noter que dans le cas de l’ancienne Présidente du Cese, que même après son limogeage à ce poste, elle a été aux côtés de Macky Sall et a eu à diriger le pôle mobilisation de la campagne 2019 campagnes de Macky Sall. Elle l’a aussi souvent défendu face à des estocades dont il a fait l’objet. Tout comme Mouhamed Boun Abdallah Dione qu’on a fini de qualifier de fidèle parmi les fidèles de Macky Sall. Une posture qui lui a souvent d’ailleurs valu une certaine impopularité.

Quoi qu’il soit, ce qui a été fait, est fait. Le reproche fait à tous ces anciens ministres et collaborateurs à savoir leurs ambitions, n’est même pas clairement établi dans le cas de certains. Aucun fait probant ne peut accréditer toutes ces thèses parfois fabriquées de toutes pièces. Macky craint les gens qui brillent. C’est certain. Ceux qui pourraient lui faire de l’ombre aussi. Mais il est tout aussi libre de nommer et de dégommer qui il veut. Concédons lui ce pouvoir.

Ah la politique sous nos tropiques, elle a souvent du mal à s’accommoder de la loyauté et de la  reconnaissance. Mais cette matière qui n’est pas une science exacte, est aussi une affaire de rapports de force, de circonstances mais surtout de  résilience. Personne ne naît ministre et ne mourra ministre. Macky lui-même a eu son passé de limogé par Me Wade, mais aussi de convocation à la sûreté urbaine. Qu’il se souvienne de cela.

Les expériences du passé sont en tout cas là pour nous rappeler que le dénominateur commun entre Me Wade et Abdou Diouf, est qu’ils ont eu à payer cash leurs actes de sécession. Dans le cas d’Abdou Diouf, c'est l’opposant d’alors qui a su profiter de l’affaiblissement de son parti. Pour Me Wade par contre, c’est Macky Sall qu’il avait lui-même limogé avant de tenter de lui coller des histoires de blanchiment d’argent, qui a fini par lui succéder, en seulement 4 ans d’opposition. Soit le temps qui reste à Macky Sall. Si Me Wade s’était choisi un bras armé en la personne de Cheikh Tidiane Sy, les observateurs ne manquent de se demander si Antoine Diome n’a pas été choisi pour jouer ce rôle face aux bannis que sont les poids lourds. Il se susurre en tout cas que c’est entre autre rôle qui lui a été confié. « Walf quotidien » de ce mardi 3 novembre ne manque d’ailleurs pas relever un fait qui lui semble bien bizarre comme ce titre à sa une : « Nouveau gouvernement – Un client de la Crei blanchi en Conseil des ministres » avec le commentaire suivant : « Oumar Sarr et l’ancien procureur de la Crei Antoine Felix Diome, au même banquet ». De même que « Vox Populi » qui souligne la récusation de Diome par les Khalifistes.

Chérif Monteil a en tout cas bien résumé la situation lorsqu’il a parlé du dialogue politique pour décrire ce qui s’est produit : « Le dialogue politique, dit-il, c’est un complot politique. C’est un certain nombre de formations qui s’enferment pour comploter sur le dos du peuple. Outre la volonté de ne pas organiser des élections avant 2024, nous constatons que le deal dont on a toujours parlé est là (deal entre Macky et Idy). Mais bon… Le peuple sénégalais sera là, toujours mature et debout pour dire non à tous les complots ».

Récemment Macky annonçait en recevant les parlementaires de Benno, qu'il "n'aimait pas les remaniements parce qu'il perdait toujours des amis". Des amis, il continuera évidemment à en perdre, s'il traite de cette manière, des compagnons qui ont été loyaux jusqu'au bout. Surtout si on les échange contre des pièces qui sonnent faux.  En faisant cette déclaration, il disait en même temps qu'il allait virer des amis.