NETTALI.COM - Malgré des jours d’enquête, la moisson n’a pas été trop grande, mais permet de comprendre le geste de Thierno Cissé, le candidat de la coalition «Major2024» à la Présidentielle qui a présenté de faux députés dans son dossier de parrainage au Conseil constitutionnel. A la maison familiale sise aux Parcelles assainies, son jeune frère retrace son histoire, avec la condition de ne pas dévoiler son identité.

C’est inédit. Son geste est comme sa vie. Un mystère. Thierno Cissé est entré dans l’histoire. Et par une porte inconnue. C’était le mercredi 3 janvier 2024. Le candidat de la coalition «Major 2024» à la Présidentielle du 25 février 2024 affole les membres de la commission de contrôle des parrainages au Conseil constitutionnel. Thierno Cissé dépose une liste de 13 députés fictifs et un chèque en bois à la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) en guise de caution. Devant la gravité des faits, le Conseil constitutionnel saisit la Division des investigations criminelles (Dic). Le présumé faussaire est cueilli. Après 144 heures de garde à vue pour «confection de faux parrainages, faux et usage de faux en écritures publiques», l’informaticien de 53 ans est annoncé au parquet aujourd’hui, lundi. Un coup de massue pour les membres de la famille rencontrés à l’Unité 1 des Parcelles assainies de Dakar. L’explication du geste de Thierno est toute simple. «Il ne jouit pas de toutes ses facultés mentales», balance un de ses proches. Qui annonce que la famille a même commis un avocat pour le sauver de la prison.

Retour du Canada et isolement

Dans le quartier, le candidat de «Major 2024» est presque inconnu. La plupart des voisins approchés par L’Observateur n’arrivent pas à mettre un visage sur son nom. A l’intérieur de la Résidence Fatou Sarr Cissé, la maison de ses parents, c’est le malaise depuis son arrestation. Un de ses frères avoue que «la famille est complètement surprise». Mais, il s’empresse de préciser «qu’il y a eu même d'autres antécédents». Le jeune frère du candidat de la coalition «Major 2024» ajoute que son frère a commencé à présenter «des signes de déséquilibre depuis son retour du Canada, il y a trois ans». «On a compris que maintenant, il commence à être déséquilibré. Je lui ai même proposé de le conduire à l'hôpital pour un diagnostic global, en vain. Je ne pouvais pas le forcer. Quand il parle, il est cohérent dans ses paroles. Mais quand tu le côtoies de plus près, tu te rends compte qu’il n’est plus une personne normale», juge son frère d’un ton désespéré.

Le frangin de Thierno Cissé confie que le mal dont souffre son frère est sûrement lié à son retour du Canada, «sans un sou et dans des conditions et circonstances inconnues». Et sans emploi depuis qu’il est rentré. D’où son étonnement quand il se présente comme un informaticien. Pis encore, lorsqu’il est revenu au Sénégal, Thierno Cissé ne s’est présenté directement ni chez ses parents ni chez sa femme et ses enfants. «Il s’est replié dans un endroit secret pendant un an. La famille a été informée sur le tard et c’est notre défunt père qui est allé le retrouver puis l’a ramené au foyer familial. Depuis, il vit isolé et ne parle à personne, dans une chambre d’un des appartements de la villa familiale», révèle encore son frère. «Pourtant étant toujours dans les liens du mariage, il a laissé son épouse et sa progéniture chez sa belle-famille. Mais son épouse vient lui rendre visite, de temps en temps».

«Je veux embrasser la fonction de Président»

Sur le dossier de la candidature à la Présidentielle, notre source reconnaît avoir été mise au courant. «Je ne pouvais pas y croire pour quelqu’un qui ne travaille plus et qui n’a plus d’activité». «Quand on en a parlé, il m’a dit qu’il voulait embrasser la fonction de Président. Je lui ai dit que cela n’est pas pour quelqu’un qui ne travaille pas».

Pour tenter de tirer d’affaire leur fils, la famille de Thierno Cissé a commis un avocat. «Il y a une question de diligence à effectuer pour démontrer que ce n'est pas une personne normale, qui jouit de ses facultés. Il faudra une expertise médicale. Quand il s’exprime, il est logique et cohérent. Dans le fond, il est normal. Mais, imaginez-vous, quelqu'un qui dit : ‘’je vais être président !’’», s’étonne le frère de Thierno Cissé.