NETTALI.COM - C’ est l’un des tout premiers chantiers d’Aissata Tall Sall à la tête du ministère de la Justice. À peine a-t-elle pris ses marques, la ministre, avocate de formation, a pris à bras le corps la question des longues détentions provisoires. Présidant, jeudi 21 décembre, à Diamniadio, la Conférence nationale des chefs de parquet placée sous le thème "Réduction des délais en matière de détention provisoire et mise en œuvre du Pool judiciaire financier", le président Ciré Aly Ba, il faut intégrer que tous les retards ne sont pas imputables au juge, ni au procureur.
"Parfois, c’est des affaires complexes, des rapports d’expertise qui se font attendre. Justice avec célérité, mais pas justice bâclée. Il faudrait laisser une porte à la chambre d’accusation pour certains cas exceptionnels, pour qu’on puisse voir si les nécessités de l’instruction ne militent pas en faveur de plus de flexibilité", a mis en garde le patron de la Cour suprême qui invite à ne pas "verser dans le mimétisme consistant à plaquer dans une société des règles qui ne correspondent pas totalement à ses réalités sociologiques et culturelles".
Médiateur de la République, le magistrat Demba Kandji ne dit pas le contraire. Pour lui, il ne sert à rien de dire au bout de deux ans que l’accusé sera libéré. "Quid du sort du dossier une fois devant la juridiction de jugement ?", s’interroge-t-il avant d’ajouter : "Une instruction bâclée est très dangereuse pour la société. Parce qu’elle remet en liberté des gens qui devraient être en prison. Les annulations de procédure sont là pour nous le rappeler...”