NETTALI.COM - Restons sur la Conférence nationale des chefs de parquet placée sous le thème "Réduction des délais en matière de détention provisoire et mise en œuvre du Pool judiciaire financier", présidée le jeudi 21 décembre par le ministre de la justice Aïssata Tall Sall, c'est pour dire que l’ancien premier président de la Cour d’appel de Kaolack, le juge Ousmane Kane, a embouché la même trompette pour rajouter une couche et prédire : "Il y a 40 ans, je démarrais à Dakar le sixième cabinet. Aujour-d’hui, nous sommes à dix cabinets, pour combien de contentieux ? Je me pose alors la question de savoir avec quels magistrats on va mettre en œuvre cette réforme ? Avec quel personnel ? Ce personnel qui est là est extrêmement insuffisant pour remplir le rôle que l’on attend de lui. Et aujourd’hui, on va en ajouter autant. Comment ça va se faire ?", questionne le haut magistrat qui ne manque pas de souligner que tous les retards ne dépendent pas que des magistrats instructeurs.

"Madame le Garde des Sceaux, insiste-t-il, le juge d’instruction est un juge dépendant. Il dépend du policier ; il dépend du gendarme ; il dépend des expertises... C’est bien beau de protester contre les longues détentions, mais essayons de voir quelle est véritablement l’origine de ces longues détentions, qu’est-ce qui bloque les cabinets d’instruction ? Moi, à Kaolack, quand on commençait, il y avait quatre juges d’instruction. Aujourd’hui, il y en a que deux. Chaque cabinet a 400 dossiers. Comment un juge peut-il gérer autant de dossiers ? Ce n’est pas possible".