NETTALI.COM- S. T. M. Seck a été interpellé par les limiers de la Division des investigations criminelles (Dic) pour les faits d'abus de confiance portant sur un préjudice de 89 613 285 F CFA. L'administrateur de la société Jump Agence de Vacances a détourné l'argent contracté avec la mutuelle des douanes pour l'organisation d’une colonie de vacances à Dubaï.

Il y a cinq mois, E. T. M. Seck avait contracté avec la mutuelle des douanes (MDD) pour l'organisation d’une colonie de vacances à Dubaï. Le contrat stipulait un certain nombre de prestations à exécuter par le promoteur, moyennant le paiement de la somme de 235 148 437 F CFA que ce dernier a encaissée intégralement. Toutefois, contrairement à ses engagements, le mis en cause n'a exécuté qu'une partie du contrat, abandonnant ainsi les colons. Cela a poussé la mutuelle à débourser de l'argent pour prendre en charge l'essentiel des activités.

Lors de son audition-plainte, rapporte le journal  EnQuête, le lieutenant M. S. Wade, mandaté par la Mutuelle des douanes sénégalaises, a déclaré qu’au mois de mai 2023, leur direction a instruit l'organisation d’une colonie des vacances au profit des enfants des agents des douanes. Toutefois, la procédure au niveau de l'administration ne permettant pas la traditionnelle organisation de la colonie de vacances dans ce court délai, la Direction générale des Douanes, à travers le bureau des activités sociales, a contacté le nommé E. T. M. Seck pour le mettre en relation avec la Mutuelle des douanes.

Lors de leur entretien, renseigne le lieutenant Wade, le sieur Seck s’est présenté comme étant l'administrateur de la société Jump Agence de Vacances, spécialisé dans ce domaine. Il leur a donné l'assurance de pouvoir exécuter cette activité dans les délais impartis. Convaincu par ses offres, il déclare avoir signé avec lui un contrat de prestations de service à la date du 15 mai dernier, aux termes duquel il s'est engagé à fournir un certain nombre de prestations, à savoir l'hébergement, l'alimentation, toutes les activités de transport, les frais de visas, les visites privées et excursions, la sécurité et l'organisation de la fête de clôture, moyennant la somme de 235 148 437 F CFA TTC, qu'il a encaissée intégralement par quatre chèques. Le plaignant de souligner que le jour du départ, c'est-à-dire le 3 août dernier, ils ont regroupé tous les colons pour rallier l'aéroport. Mais à leur grande surprise, ils ont été informés par la compagnie Emirates de la non-disponibilité des visas, au motif que le promoteur n'avait pas effectué toutes les formalités requises, entrainant ainsi l'annulation du voyage.

Pour y voir clair, le lieutenant Wade dit s'être rendu au siège de la compagnie où il a été informé que le mis en cause avait simplement payé les prix des billets sans jamais s'acquitter des frais de visas. C'est ainsi, d'après lui, qu'il leur a fait savoir qu'ils ont deux options, soit perdre les billets, soit payer des pénalités de l'ordre de 50 071 018 F CFA. Pour éviter de perdre les billets, il dit avoir déboursé la somme de 22 115 697 F CFA qui a été complétée par le mis en cause pour couvrir les pénalités et récupérer les billets pour les dates des 10, 11 et 13 août dernier. En effet, il a confié aux enquêteurs que les voyages ont été finalement faits par lots de colons, sans le déplacement du mis en cause qui s’est désisté, au dernier moment, du voyage, au prétexte qu'il allait rester au Sénégal pour coordonner avec les hôtels. Une fois arrivés sur les lieux, a-t-il précisé, ils ont également eu la surprise de constater qu'il n'avait payé ni la nourriture encore moins l'hébergement qu'ils ont encore pris en charge à hauteur de 32 603 418 F CFA.

À l'appui, il a déposé copies de toutes les factures de l'hôtel, avant d'évoquer d'autres frais relatifs à des pénalités de la compagnie Emirates, suite à des erreurs sur des billets et qui sont de l'ordre de 7 115 697 F CFA, ainsi que des imprévus estimés à 1 617 802 F CFA. Au total, le mandataire de la douane dit avoir effectué une rallonge globale de 67 497 588 F CFA majorée du montant versé pour couvrir les pénalités infligées par Emirates.

“Mon partenaire de Dubaï n'a pas payé les frais de visas, comme il me l'avait promis”

Lors de son face-à-face avec les hommes du commissaire Adramé Sarr, le patron de la Dic, E. T. M. Seck a d'abord déclaré être le manager d'une entreprise dénommée Elite Industrial Farming, spécialisée dans l'aviculture et membre de la Croix-Rouge départementale de Dakar où il occupe le poste de président. Parallèlement, il dit être l’administrateur d'une entreprise dénommée JUMP Agence de Vacances spécialisée dans l'organisation de colonies de vacances, avec comme activités la conception d'un programme, le recrutement d'un staff compétent, la réservation de sites d'hébergement, la prise en charge de l'alimentation, le transport et les activités.

Il a confirmé, en outre, avoir effectivement contracté avec la douane sénégalaise, par le biais de la mutuelle pour l'organisation de colonies de vacances à Dubaï au profit de 80 enfants et 20 encadreurs. “Je confirme les termes du contrat et j'avoue cependant n'avoir pas pu exécuter toutes ces prestations”, du fait de certains dysfonctionnements qu'il a attribués à son collaborateur résidant à Dubaï. “Tout a basculé quand, une fois à l'aéroport pour les formalités du voyage le 3 aout 2023, mes clients ont été bloqués pour défaut de visas. C'est en ce moment que je me suis rendu compte que mon partenaire de Dubaï n'avait pas payé les frais de visas, comme il me l'avait promis”, a-t-il lâché face aux enquêteurs.

Par la suite, selon des sources de EnQuête, il a reconnu que cet état de fait lui a engendré des pénalités de l'ordre de 50 071018 F CFA qu'il dit avoir payées intégralement sans en apporter la moindre preuve, se bornant simplement à réfuter le montant de 22 115 697 F CFA réclamé par le plaignant. Il a reconnu tout de même avoir failli à plusieurs de ses prestations, à savoir une partie de l'hébergement des colons, leur nourriture, les frais de visas, mais continue de contester le montant réclamé par le plaignant comme frais supplémentaires, en le jugeant excessif. Sommé de fournir les documents justifiant les dépenses qu'il a effectuées dans le cadre de cette affaire, il a dit ne pas en disposer.

Par contre, il a sollicité des délais supplémentaires pour, dit-il, échanger avec la partie plaignante afin de confronter leurs chiffres. Interrogé sur l'usage qu'il a fait de l'argent encaissé dans le cadre de cette affaire, il a reconnu avoir utilisé à des fins personnelles un montant de 35 000 000 F CFA qu'il avait déjà considéré comme son bénéfice. Il a utilisé 13 000 000 F CFA pour payer des taxes supplémentaires sur les billets et 50 000 000 F CFA pour les pénalités. Le reste, dit-il, a été utilisé pour payer des avances au niveau des hôtels.

Confrontation

En raison des contradictions notées dans les déclarations respectives de la partie plaignante et du mis en cause, une confrontation a été organisée à l'issue de laquelle le nommé E. S. T. M. Seck a déclaré que bien que ne disposant pas de documents justificatifs des dépenses, il reste persuadé que le préjudice qu'il a causé à ses clients varie entre 31 000 000 et 40 000 000 F CFA qu'il se dit prêt à rembourser. À la fin de sa période de garde à vue, il a été déféré au parquet de Dakar.