NETTALI.COM - Le ministre des Transports est revenu sur la mesure de suppression des porte-bagages qui devait entrer en vigueur avant-hier jeudi. Désormais, les porte-bagages seront tolérés pendant une période transitoire de douze mois avant leur interdiction totale sur toute l’étendue du territoire. Cette mesure, tombée hier, consacre une énième reculade de l’Etat face aux acteurs du transport.

C’est parce qu’il n’y a jamais eu de réponse que la question revient toujours : «Pourquoi l’Etat affiche toujours sa faiblesse face aux transporteurs ?» Encore une fois, les transporteurs viennent de faire fléchir la puissance publique dans l’application des 23 mesures issues du Conseil interministériel tenu mardi dernier, sur la prévention des accidents. Une batterie de mesures prises en réponse à la tragédie de Sikilo où 41 vies sont tombées sur le goudron. Pourtant, le Premier ministre, Amadou Bâ, avait fait le serment que les mesures ne feraient l’objet ni de report ni de compromis. Trois jours après, alors que l’arrêté interdisant les porte-bagages devait être signé, le gouvernement, à travers son chef, commet un parjure. Cette reculade, synonyme de la faillite de l’autorité de l’Etat, consacre une grande victoire des transporteurs qui avaient eux aussi juré de ne pas appliquer cette mesure, annonçant même une grande rencontre qui devait se tenir aujourd’hui, samedi, à Dakar.

L’Etat a décidé ce vendredi, à titre dérogatoire que les véhicules affectés au transport public de voyageurs sont autorisés, pour une période d’un an, à compter de la date de signature du présent arrêté, conservent des porte-bagages dont les changements ne peuvent dépasser : 50 cm pour les véhicules de 7/8 places, 70 cm pour toutes les autres catégories de véhicules affectés au transport de voyageurs. Autant dire que le gouvernement a coupé la poire en deux pour s’aménager une porte de sortie afin de ne pas donner l’image d’avoir cédé face à la pression des transporteurs et des populations.

Cette décision de l’Etat ne peut être interprétée que comme une énième reculade de l’Etat face aux acteurs du transport routier.  «Cela va affaiblir le gouvernement», prévient un analyste. Selon lui, l’adoption d’une telle posture pour différer la mesure d’annulation a dû être très difficile autant pour le ministre de tutelle que pour le chef du gouvernement. D’ailleurs, envoyé par sa tutelle pour annoncer la mesure de levée de l’interdiction des porte-bagages, Urbain Sagna, secrétaire général du ministère des transports a tenu à faire savoir que tout s’est fait d’un commun accord entre le Président Macky Sall, le Premier Ministre Amadou Bâ et le ministre Mansour Faye. Les répercussions seront énormes, si cette reculade fait pousser des ailes ou dopent les transporteurs au point qu’ils réclament la levée systématique d’autres mesures.

La rencontre d’aujourd’hui samedi maintenue pour apprécier la nouvelle mesure et discuter des autres

C’est certainement avec le sentiment d’avoir réussi à faire plier l’Etat que les transporteurs, conducteurs et tous les acteurs du transport vont démarrer leur rencontre prévue aujourd’hui à Dakar. Une rencontre pour passer en revue les 22 mesures restantes adoptées par le gouvernement et dégager une position officielle des différents syndicats des transports. On confie également que la hausse annoncée du prix du carburant y sera débattue