NETTALI.COM - En conférence de presse ce jeudi, la Coordination des associations de presse (Cap) a condamné l’emprisonnement du journaliste Pape Alé Niang. Pour la libération de leur confrère, une batterie de décisions a été prise par les associations de presse qui se sont réunies hier à la Maison de la presse.  

La Coordination des associations de presse (Cap) hausse le ton suite au placement sous mandat de dépôt de Pape Alé Niang. En conférence de presse, hier jeudi, les membres de la Cap ont condamné cet emprisonnement de leur confrère. Le journaliste a été placé sous mandat de dépôt depuis le dimanche 06 novembre par le juge d’instruction du deuxième Cabinet. Il est poursuivi pour avoir divulgué des informations non rendues publiques par l’autorité compétente, de nature à nuire à la défense.

Le journaliste et directeur du site Dakarmatin est accusé d’avoir recelé un document administratif et militaire. Une autre accusation non moins importante, c’est la diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. A sa prise de parole, Mamadou Thior, président du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored), fustige certains concepts, comme «secret de défense», «secret de l’enquête» qui ne reposent sur rien et qui permettent aux autorités de cacher leurs cafards. «Un journaliste, dans le cadre de ses enquêtes, s’il tombe sur un document d’intérêt public, il le porte au public. Souvent aussi, les concepts comme ‘’secret défense’’, ‘’secret de l’enquête’’, ne reposent sur rien dans la plupart des cas. Les gouvernants se réfugient derrière ce subterfuge pour un peu faire taire les journalistes et leur fixer une ligne à ne pas franchir», déplore-t-il.

Ibrahima Lissa Faye, président de l’Association des professionnels de la presse en ligne, s’indigne de la situation dont est victime Pape Alé Niang, car ce dernier n’a pas publié des documents estampillés secrets. Il persiste que le Sénégal a dépassé le stade d’emprisonner un journaliste pour un délit de presse. «Selon les journalistes, il (Pape Alé Niang) n’a jamais publié un document estampillé ‘’secret’’. Dans notre métier, nous avons appris à faire des investigations et à parfois rendre public ce qui est caché et que les autorités ne veulent pas voir publier.» Au nom de l’intérêt public, le journaliste a le devoir de dénicher certains secrets, surtout s’il s’agit d’un corps d’élite comme la Gendarmerie. «Quels que soient les faits, la Gendarmerie est un corps d’élite, s’il s’avère qu’il y a des comploteurs qui ne sont mus que par leurs intérêts personnels pour ternir l’image de la Gendarmerie, c’est extrêmement grave et la presse ne doit pas laisser passer ça. Donc, de ce côté-là aussi, il y a des choses à faire pour voir la véracité de ce document-là et des informations contenues dedans», rappelle Mamadou Thior.

«La stratégie de libération, mettre la pression sur l’Etat»

La stratégie pour libération du journaliste et directeur du site Dakarmatin est claire. La Cap compte mettre la pression sur le gouvernement. C’est dans cette optique qu’une marche nationale est prévue le 18 novembre. La Coordination des associations de presse indique la voie à suivre. De ce fait, des spots contre cet emprisonnement seront confectionnés pour être diffusés sur tous les médias avant les journaux. Un éditorial commun sera aussi programmé. Dans la mêlée, un sit-in est prévu, une campagne d’affichage et des séquences publications seront activées sur les réseaux sociaux. Ils veulent aussi que l’inculpé soit entendu au fond du dossier afin qu’il puisse bénéficier d’une mise en liberté provisoire. Une rencontre avec les avocats du journaliste est aussi prévue pour peaufiner ensemble un plan de lutte. En outre, il est prévu de rencontrer les acteurs de la société civile. Le mercredi 16 novembre, un grand rassemblement des journalistes, appelé Conseil des médias, est inscrit à l’agenda. Ainsi, les journalistes comptent mettre la pression sur le régime en place pour faire libérer Pape Alé Niang.