NETTALI.COM - On n’imaginait pas qu’autant d’entraîneurs allaient quitter le navire, suite à l’élimination de leurs équipes. Corée du Sud, Uruguay, Qatar, Ghana, Mexique, Hollande, Brésil, Espagne, Portugal, Belgique, etc, toutes ces nations ont vu leurs entraîneurs, soit limogés ou démissionner. Et pour beaucoup de ceux-là, en tout cas ceux qui ont démissionné, ils l’ont fait de manière si logique, s’étant rendus à l’évidence qu’il ne fallait plus continuer.
Pour certains, comme celui du Brésil, Tite par exemple, le scénario était prévu d’avance en cas d’échec. Le technicien de 61 ans, à la tête de la Seleçao depuis juin 2016, avait en effet pris la décision, en février dernier, de partir au cas où il ne remporterait pas la coupe du monde. Un Brésil qui avait pourtant tout pour réaliser l’exploit qu’on attendait de lui. Mais pour qui connaît les joueurs brésiliens très sûrs d’eux et adorant le jeu cool, fait de passes incessantes et de dribbles parfois inutiles dans une logique de produire du spectacle, leurs immenses qualités techniques n’auront pas suffi pour continuer l’aventure. Ils n’avaient pas en réalité suffisamment mesuré l’enjeu de ce match, face à des croates solides, combattifs et disciplinés tactiquement. Les Brésiliens ne les avaient tout simplement pas pris au sérieux, croyant que les choses allaient être simples pour les favoris tout désignés qu’ils étaient. C’est hélas ainsi que fonctionne le football, ce sont ceux qui en veulent le plus qui arrivent au bout, en associant des qualités essentielles telles que le fait d’avoir un bon entraineur tacticien, la discipline, la concentration appropriée, la bonne préparation et le mental pour aller au combat.
Ces entraîneurs sont partis, d’autres viendront les remplacer avec des projets différents. Toujours avec des succès et des défaites. Ainsi fonctionne la loi impitoyable du football et même des entreprises. Ce sont des résultats qui sont attendus au bout et après un certain temps.
Des exemples d’entraineurs qui ont remporté des trophées mais qui ont fini par se faire éjecter par la suite pour insuffisance de résultats, foisonnent. L’on arrive parfois au bout d’un cycle ; où l’on ne parvient tout simplement pas à gagner comme auparavant. Un exemple que l'on peut citer est celui de Joachim Löw. Vainqueur du Mondial 2014 devant l'Argentine, il a été évincé après l'élimination de la Mannschaft au premier tour en 2018.
Le Sénégal est sans doute l’une des rares nations à avoir prolongé le bail de son entraîneur qui aura lamentablement échoué, en n’ayant rien montré en termes de qualité de jeu. Les lions sont finalement un champion d’Afrique qui est allé bien trop tôt au tapis. Toujours est-il qu’Aliou Cissé est maintenu avec de nouveaux objectifs, ainsi que l’a publiquement annoncé le président Sall, lors de la réception des Lions, de retour du Qatar, au palais. Le pire est que ce scénario était connu bien avant le mondial.
Et pourtant, le match de l’élimination contre l’Angleterre fut tellement chaotique qu’il aurait suffi comme baromètre pour se rendre à l’évidence que Cissé n’a plus les ressources nécessaires pour poursuivre l’aventure avec l’équipe nationale. Qu’il ait plafonné et qu’il ait atteint ses limites, c’est une certitude. Le maintenir est sans aucun doute, une farce de mauvais goût. A l’entendre par exemple s’extasier à la fin du match Sénégal-Angleterre, disant qu’il était inexplicable de prendre 3 buts dans ce match, montre simplement qu’il est à côté de la plaque, ne sachant même pas ce qui s’est joué sous ses yeux. L’on a, à la vérité, fini par comprendre qu’il n’avait pas la bonne équipe pour aller au bout de ses ambitions en n’ayant pas su trouver le bon effectif et en étant incapable de créer l’alchimie nécessaire avec des joueurs qui, pour la plupart n’ont ni de temps de jeu suffisant en club, ni le rythme approprié et encore moins les réflexes que tout footballeur qui a l’habitude de jouer, dispose pour aborder une compétition de niveau mondial.
Les matchs amicaux livrés, ont été négociés avec des équipes de faible niveau comme la Bolivie et l’Iran. Comment dès lors se frotter de manière efficace avec les grosses cylindrées ? Il est tout aussi difficile de comprendre certains choix comme celui d’avoir fait jouer Krépin Diatta, lors des 8emes de finale, alors que ses prestations antérieures, avaient été si médiocres ! Tout comme le fait d’avoir fait rentrer trois joueurs d’affilée dès l’entame de la seconde mi-temps du même match en faisant sortir Iliman Ndiaye, Pathé Ciss et Krépin Diatta, sans toutefois avoir laissé le jeu se poursuivre quelques minutes en attendant d’avoir une meilleure lisibilité avant d’opérer des changements ? Iliman Ndiaye n’était pas à sa place habituelle. Remarquable par ses percussions et dribbles, Cissé l’a fait jouer dans une position inappropriée. Ne recevant ni ballon, ni passes, l’absence criard de liants d’une équipe désarticulée dans tous les compartiments du jeu, l’entraineur n’a eu d’autre choix que de le faire sortir. Ce n’était pourtant aucunement de la faute du joueur, mais bien celle de l’entraîneur qui aura mal apprécié son classement. Il y avait vraiment de quoi s’étrangler ce jour-là.
Cissé est à la vérité un entraineur insaisissable. L’on a en effet décelé chez lui une propension à n’effectuer des changements qu’aux derniers moments. Mais dans ce match-là, sa décision d’en effectuer trois en même temps, est révélatrice d’une certaine panique chez lui.
D’entendre par la suite, Augustin Senghor de la Fédération sénégalaise de football, comme pour se donner bonne conscience après l’élimination du Sénégal, nous dire que la qualification en 8eme est un progrès par rapport à 2018, est tout simplement désespérant et pitoyable. Pouvait-il faire un commentaire différent ? Tout le monde savait que le limogeage de Cissé n’était pas à l’ordre du jour, ce quel que soit par ailleurs le résultat, son contrat ayant été prolongé avant le mondial avec de nouveaux objectifs à la clef.
Drôle de posture et de décision ! L’issue de la coupe du monde aurait pourtant été vraiment le bon et logique timing pour renégocier ou rompre son contrat. L’on peut dès lors se demander si la fédé n’avait pas le couteau sous la gorge ? Être dirigeant, cela suppose tout de même d’assumer des responsabilités et de négocier des contrats dans l’intérêt du pays et du contribuable qui indirectement paie le salaire de l’entraîneur. Mais rien d’étonnant avec Augustin Senghor et la gestion de la fédération qui n’a rien de très professionnelle. C’est l’amateurisme à tous les étages avec le marketing et l’organisation où la question du règlement des primes avait fait grand bruit avec des bénéficiaires dont il sera difficile de comprendre le bien fondé ; tout cela dans un environnement où le Lobbying est archi présent.
Que l’on ne s’y trompe point, la réélection de l’avocat qui cumule pas mal de postes, a été des plus troubles avec des personnes finalement cooptés pour calmer le jeu, sans oublier cette 4ème candidature qui avait été vigoureusement contestée. Président de la Fsf depuis 2009, Augustin Senghor s'accroche toujours à son fauteuil. Tout comme Aliou Cissé nommé sur le banc des Lions depuis mars 2015. Avec ces attitudes curieuses l'on se demande si ces deux hommes ne veulent pas s'éterniser à la tête du football sénégalais. Certes l'équipe nationale du Sénégal a besoin de sang neuf pour aller à la conquête de nouveaux trophées, mais cela ne saurait suffire. Le travail doit commencer d'abord par le sommet .
Le Maroc, lui, a démenti tous ces commentateurs européens quant à la faiblesse des nations africaines. Elle a montré qu’avec un entraîneur local doué sur le plan tactique et capable de mener des hommes, l’on pouvait aller loin. Les Portugais ont tout fait pour venir à bout des Marocains, mais avec un mental d’acier, de la discipline tactique et de l’organisation, ils ont réussi à se hisser en demi-finale. Le Sénégal a été dans la même situation que le Maroc face à l’Equateur et s’était replié dans son camp, mais n’avait pas réussi à contenir les assauts des Equatoriens. N’eut été ce but chanceux de Koulibaly, on ne serait peut être pas sortis de cette poule.
D’un point de vue historique, le Maroc vient de dépasser le Sénégal qui avait réussi sous Bruno Metsu, à accéder en quart de finale de la coupe du monde. Comme quoi lorsqu’on n’avance pas, on ne peut que reculer ou faire du surplace. Le Sénégal vient sans aucun doute de rater l’occasion de rentrer dans l’histoire. Mais par la faute d’un entraîneur carent et limité, il ne réalisera pas cet exploit tant attendu. Le comble dans la gestion de cette expédition, c’est le fait pour le président sénégalais d’avoir accordé des primes de quart de finale qui semble finalement être l’objectif fixé. Comme quoi adresser certains signaux, revient tout simplement à montrer le peu d’importance accordé au résultat. Cela, c’est promouvoir la médiocrité. Tout simplement.
Mais lorsqu’on a un coach aussi peu doué, conservateur dans ses choix et si frileux et abhorrant l’offensive, comment aller loin dans les compétitions ? Aliou Cissé veut, - pour rappeler les propos d’un certain homme politique, Idrissa Seck parlant de Macky Sall,- mais ne peut pas. Il veut, mais il peut peu. lol