NETTALI.COM - Sénégal Zimbabwé, le 10 janvier 2022, Aliou Cissé avait aligné trois milieux défensifs dont Bouna Sarr, Cheikhou kouyaté et Idrissa Gana Guèye. Le Sénégal avait gagné sur le score de ( 1-0) à la 90ème (+ 7 mn). Un but inscrit par Sadio Mané sur pénalty. Lors du 2ème match, Sénégal-Guinée, le résultat était nul, Cissé avait pour l’occasion encore opté pour trois milieux défensifs dont Loum Ndiaye, Bouna Sarr et Kouyaté. Idem lors du 3ème match Sénégal-Malawi, ce sont les mêmes 3 milieux défensifs dont Idrissa Gana Guéye, Nampalys Mendy et Cheikhou kouyaté qui avaient été choisis, avec à la clef, un match nul (0-0).

Les 3 matches qui avaient suivi, respectivement contre le Cap-vert (2-0), la Guinée Équatoriale (3-1) et le Burkina (3-1) nous avaient mieux souri, même si le Sénégal n'avait pas trop le choix. C’était soit vaincre ou rentrer à la maison. Mais à y regarder de près, le déclic au second tour peut s'expliquer par le fait que la Tanière avait récupéré tous ses joueurs touchés par la Covid 19. Le changement de l'horaire des matchs en plus d'une température plus clémente comparée à celles du premier tour où la bande à Koulibaly jouait à 13 heures, ont arrangé les choses. Mais c'est surtout la montée en régime et les coups d'éclat de Sadio Mané qui a mieux endossé son rôle de leader, qui avaient beaucoup aidé les Lions avec un bien meilleur visage lors des matchs à élimination directe.

Mais face à l’Egypte, lors de la finale, le scénario avec 3 milieux défensifs, avait été reconduit avec kouyaté, Nampalys et Gana Guèye avec un résultat toujours nul (0-0). Le Sénégal était malgré tout sorti vainqueur aux tirs aux buts devant l’Egypte.

Lors de la coupe d’Afrique précédente, l’Algérie de Belmadi avait marqué d’entrée de jeu, dès la 2ème minute, mais le Sénégal n’avait jamais pu revenir au score, alors que le match était largement à sa portée. Comme l’a été cette finale contre l’Egypte. De même que ce lundi 21 novembre contre les Pays-Bas.

La preuve, au regard de la coupe d’Afrique et de ce début de coupe du monde, que l’attaque du Sénégal est loin d’être efficace, car il ne marque pas beaucoup de buts. Un manque d'efficacité qui n’est pas sans lien avec l’option résolument défensive prise par Cissé. En coupe d’Afrique par exemple, l'équipe avait passé le cap du 1er tour avec seulement une victoire et 2 matches nuls (0-0).

Déjà lundi 21 novembre face aux Pays-Bas, Cissé a à nouveau aligné trois milieux récupérateurs en faisant légèrement avancer Gana Guèye comme pour se convaincre de lui faire jouer le rôle le plus offensif entre les trois milieux. La vérité est qu’Aliou Cissé n'est pas adepte du jeu offensif, étant plutôt à l'aise dans des schémas défensifs, malgré un effectif bourré de joueurs aux atouts offensifs avérés. Avec le forfait de Sadio Mané, il semble s'être très tôt résigné par rapport à l'efficacité offensive de l’équipe, la Mané-dépendance étant passée par là. Etait-ce pour autant une raison d'aligner un milieu composé de trois récupérateurs ? Le trio Gana Guèye-Nampalys Mendy-Cheikhou Kouyaté, était-il réellement productif par rapport à l’ensemble du jeu ? En tout cas, Boulaye Dia, aligné à la pointe de l'attaque, avait du mal à être trouvé dans la surface de réparation par ses partenaires. Il a été à dire vrai sevré de ballons. Avec le costume de champion d'Afrique, le Sénégal aurait dû aller chercher les Néerlandais dans leur zone au lieu d'être dans un certain attentisme. La forte répétition des efforts a finalement eu raison des Lions qui ont finalement craqué dans les 10 dernières minutes en encaissant 2 buts aux 84 et 99 èmes minutes. Pire, Cheikhou Kouyaté et Abdou Diallo ont dû quitter leurs partenaires sur blessure. Les entrées de Pape Guèye, Ismaïl Jacobs, Bamba Dieng et Nicolas Jackson n'ayant pas apporté le résultat escompté.

A lire les titres de la presse écrite du lundi matin 21 novembre, l’on notait bien que la presse était partagée entre celle-là qui a laissé penser que les Lions allaient presser les Oranjes pour en boire le jus et cette autre presse qui est allée dans le sens de la prudence en voyant cette rencontre comme un test voire un rendez-vous à haut risque. L’enjeu était en tout cas de taille. Entre d’une part un grand d’Europe qui est resté longtemps invaincu depuis le retour de Vaan Gaal à la tête de l’équipe et d’autre part, le champion d’Afrique qui devait confirmer son statut. Mais à l’arrivée, c’est la déception. Les oranges se révélèrent tellement haut perchées sur l’arbre qu’il était difficile de les atteindre pour pouvoir les cueillir. A plus forte raison que de les presser pour en tirer le jus.

Le commentaire d’après défaite des Lions de Cissé, laisse en tout cas bien songeur quant à l’ambigüité des propos de l’entraineur sénégalais. Cissé cherche d’une certaine manière à se dédouaner et à atténuer sa responsabilité dans cette défaite. « Je suis peut-être le coupable parce que je suis l'entraîneur. Quand on perd, on dit que c'est l'entraîneur. »

Evidemment qu’il est fautif et qu’il a une responsabilité pleine et entière dans la débâcle des Lions. D’ailleurs Louis Van Gaal ne dit pas autre chose puisque lui-même s’est fendu d’un commentaire narquois comme pour dire que la défaite du Sénégal était inéluctable. « La vérité est que je suis resté assez calme parce que j'étais convaincu que nous allions marquer un but. Nous étions en meilleure forme qu'eux. je m’attendais à ce que nous gagnions, pour être honnête , a-t-il déclaré.

Une fois ces propos assénés, Van Gaal ne révèle pas autre chose que les failles dans le coaching de cette équipe du Sénégal dont il savait qu’il allait venir à bout d’elle. Des propos qui ont dû sans doute toucher l’orgueil de cet entraineur qui est si souvent englué dans ses convictions défensives qu’il est incapable de se remettre en question. .

A entendre Cissé faire le commentaire selon lequel, « le football c'est l'efficacité, quand on ne marque pas on peut pas gagner. », a-t-il vraiment conscience de ce qu’il dit ? Lui qui est si longtemps resté sourd aux appels des spécialistes locaux, voire des analystes qui l’ont si souvent conseillé à sortir de cette religion orthodoxe défensive. « Nous allons travailler sur l’efficacité », a-t-il ajouté. Un refrain si souvent entonné qu’il ne sonne plus bon aux oreilles de ces pauvres Sénégalais qui voient en lui un entêté d’entraineur qui finira par mourir avec ses idées et nous entrainer dans sa chute.

Il faut tout de même reconnaître la supériorité tactique de Van Gaal sur "El Tactico" pour avoir si savamment enfumé Cissé et aiguisé les appétits des Lions, au moment où tout le monde voyant l’impuissance des Sénégalais, pensait qu’Aliou allait jouer le nul. Impardonnable de commettre certaines erreurs dans le haut niveau où les matchs se gèrent avec une certaine habileté.

Les stats de ce match ont en tout cas livré un enseignement selon lequel, les hommes de Louis Van Gaal qui avaient la possession du match avec 436 passes dont 81¨% de réussite contre 385 passes et 79% de réussite pour les Lions du Sénégal, se sont montrés peu dangereux, mais ont fini par gagner sur le score de 2 buts à 0. N’est-ce pas la victoire qui compte au finish ?

Aliou Cissé, en adoptant cette posture défensive, croyait sans doute pouvoir assurer un nul et par miracle obtenir une victoire avec une option qui est de battre les équipes suivantes largement moins capées que les Pays-Bas. Mais malheureusement pour lui l’engagement des Néerlandais en a décidément autrement.

Un match qui laisse en tout cas un goût amer et des regrets, car les Pays-Bas étaient largement à la portée du Sénégal. Beaucoup de joueurs sont en effet passés à côté du match : Krépin Diatta qui n’a plus son mordant des années passées ; Pape Abdou Cissé, perdu dans le match ; Abdou Diallo et Sabaly complètement brouillons ; un Boulaye qui a été rarement bien servi ; un Bamba Dieng inexistant ; un Mendy qui est en partie l’artisan de cette défaite, fautif qu’il est sur les deux buts avec ses sorties hasardeuses et peu maîtrisées ; un Pape Guèye bien nonchalant et qui se faisait chiper des balles. Comment dans ces conditions se retrouver avec une équipe performante qui a eu beaucoup de mal à progresser vers l’avant, face à des Néerlandais rapides sur les offensives avec un peu plus de mouvements dans le jeu ponctué de variations et de percussions ? Aliou Cissé pouvait bien sortir un milieu récupérateur et lancer un Pape Matar Sarr qui nous aurait assurément fait gagner des mètres dans le jeu, en plus de pouvoir marquer des buts, doté d'une belle frappe qu'il est. Ce qui veut en d’autres termes dire, ne pas perdre en jouant le nul. Mais il a fallu que Kouyaté et Abdou Diallo se blessent pour que le coach daigne enfin effectuer des remplacements. Même l'entrée en jeu de Bamba Dieng à la place de Boulaye Dia, a été bien tardive.

La coupe d’Afrique est désormais derrière nous, chaque compétition ayant sa réalité. Nous ne devons point rester sur ce nuage et cette euphorie en pensant que les matches se gagneront en claquant des doigts. Notre parcours lors de cette compétition, ne doit pas non plus nous bercer d’illusions car nous n’avions à dire vrai pas rencontré des équipes africaines parmi les plus réputées, en dehors de l’Egypte : Cap vert, Guinée et Burkina Faso.

Aliou Cissé aurait pu à la vérité étoffer son attaque dont beaucoup se sont demandés ce qu’elle allait valoir sans Sadio Mané. Il aurait par exemple pu démarcher un ou deux matches amicaux, comme l’ont fait certaines équipes qualifiées qui ont choisi de jouer contre les équipes non qualifiées et disponibles. C’est le cas de l’Allemagne qui a livré un match amical contre Oman le 16 novembre, à Oman non loin du Qatar ; l’Italie qui s’est frottée à l’Albanie en Albanie ; le Portugal qui a battu le Nigéria (4-0), le 17 novembre à Lisbonne ; le Cameroun qui a joué contre le Panama ; le Maroc contre la Géorgie. Ce vendredi18 novembre, la Belgique a rencontré l’Egypte. Tout comme la Serbie, le Bahrein, Il y en a d’autres encore et c’était une bonne manière d’essayer des combinaisons.

Le match Arabie Saoudite avec comme coach Hervé Renard face à l’Argentine, montre à quel point le bon coaching et une tactique maîtrisée arrivent à déjouer les plans de n’importe quelle équipe.

Mais le temps semble ne pas avoir d’effets sur Cissé. Ce dernier, à la vérité, ne se fonde en réalité que sur des noms, des habitudes et sur un certain conservatisme, oubliant qu'il a des jeunes bien talentueux dont il peut profiter, à condition de leur faire confiance et de les galvaniser. L’Angleterre a pourtant montré la voie. Elle a ainsi fait confiance à des jeunes tels que Bukayo Saka (21 ans), Jude Belligham (19 ans) ou encore Phil Foden (22 ans), Rashford (25 ans ) et a par la même occasion montré qu'elle pouvait percer des murs, même si l’Iran n’est pas considéré comme l’une des plus grandes équipes du monde. Pourquoi Cissé ne ferait-il pas confiance aux jeunes en les lançant lors de ces matches ?  Le cas Edouard Mendy est des plus inquiétants. Il n’est plus que l’ombre de lui-même depuis un certain temps, pourquoi ne pas dès l’avoir remplacé par Seyni Dieng ? Andries Noppert, le gardien des Pays-Bas honorait lundi, sa première sélection? Un novice qui a pourtant fait un match de légende. Mais avec Cissé, les anciens de l'équipe semblent être des inamovibles.

Aliou Cissé est à la vérité enfermé dans des convictions et certitudes. Il semble ne pas vouloir en sortir, animé par une certaine frilosité et un manque de courage pour prendre des risques. Sauf que la gifle qu’il a prise lundi contre les Pays-Bas et la précédente coupe du monde où il est sorti au 1er tour, doivent lui rappeler qu’il ne sert à rien de vouloir mourir avec ses idées.