NETTALI.COM- Le président de la République, Macky Sall, devait miser sur des techniciens et non sur des politiques pour combattre les difficultés économiques auxquelles les Sénégalais sont confrontés. C’est l’avis de l’économiste Amath Soumaré. L'invité du Jury du Dimanche (JDD) a aussi relevé que le taux d’inflation est à 11, 3 %.

Economiste et Directeur général de SOPEL International, spécialiste de l'Intelligence économique, Amath Soumaré a été l’invité du Jury de ce dimanche. Celui-ci est revenu sur la formation du nouveau Gouvernement dirigé par Amadou Ba. Il espère que ce dernier et son équipe vont combattre l’inflation ainsi que les problèmes auxquels les Sénégalais se confrontent.

« Si c’est un gouvernement de combat pour faire un gouvernement de politique, je ne pense pas qu’ils feront des résultats », a soutenu l’économiste qui reconnaît n’avoir pas vu le Gouvernement auquel il s’attendait. A son avis, pour ce qui reste du mandat de Macky Sall, il s’attendait à voir des gens du secteur privé et des gens de la société civile pour apporter leurs compétences et leurs connaissances afin de juguler aujourd’hui ces problèmes. Parce que, souligne-t-il : « la politique c’est bien mais être politico-technique c’est mieux. Il faut avoir des techniciens pour chaque problématique ». D’après M. Soumaré, le Premier ministre, Amadou Ba, a un profil technicien, financier.

Toutefois, il relève que l’aspect financier est une chose, mais ce n’est pas quelque chose de glorieux. D’autant plus que la finance mondiale a failli. On a l’inflation partout. Ainsi, pense-t-il : « ce gouvernement devrait, en plus de l’aspect financier, avoir des personnes très pointues dans tous les domaines. Parce que c’est ça le PAP2A ».

Poursuivant son propos, il a donné sa lecture sur la situation économique du Sénégal. C’est, à ses yeux, une situation économique grave. D’ailleurs, il dit ne pas comprendre le fait qu’on ait 38 ministres dans le nouveau Gouvernement. « On est dans une situation délicate et le gouvernement devrait comprendre que rien ne va plus. A partir de là, il ne s’agit pas de prendre des composantes dans chaque région pour équilibrer un gouvernement. On devait avoir un gouvernement de 12 ou 15 maximum. On devait avoir un gouvernement réduit avec des techniciens. Parce que nous sommes devant des challenges qui seront incommensurables. Aujourd’hui, nous sommes dans une position de guerre économique. Et ce sont les techniciens qui vont sortir le pays de l’état où nous sommes », analyse-t-il.

Très en verve, il ajoute : « je pense que l’économie sénégalaise se porte très mal. C’est pourquoi lorsqu’on a parlé de gouvernement de combat, je pensais à avoir des techniciens, des gens qui comprennent l’ampleur des problèmes pour pouvoir apporter des solutions. Il nous faut des techniciens qui comprennent les enjeux pour apporter des solutions. Aujourd’hui, tout le monde attend des solutions ». Cependant, l’invité du JDD a rejeté l’argumentaire selon lequel le Sénégal est en retard. Justifiant ses dires, il rappelle que le Sénégal est le 7e pays agricole en Afrique et 3e au niveau de l’Afrique de l’Ouest. « Il faut produire ce qu’on mange mais aussi il faut que les mentalités changent. Nous sommes un pays qui ne vit que de l’importation. Pourtant, nous avons toutes les ressources nécessaires pour être indépendant », indique-t-il

« Le taux d’inflation est à 11, 3 »

Par ailleurs, l’économiste a relevé que le Sénégal a un taux d’inflation de deux chiffres. « Au mois de juillet on était à 11% et fin août début septembre on est à 11,3% de taux d’inflation », a déclaré le Directeur général de SOPEL International, spécialiste de l'Intelligence économique. Avant d’ajouter : « au niveau de la dette, il y a deux mois, on était à 75,6% de dette. On a le critère de convergence de l’UEMOA qui est à 70% maximum qu’on ne peut pas dépasser. On est le pays le plus endetté de la sous-région de l’Uemoa ».

A l’en croire, ces chiffres ne sont pas donnés par l’Etat du Sénégal parce que, dit-il : « nous sommes dans une période trouble ». Mais, indique-t-il : « ils (les dirigeants du pays) doivent comprendre que nous sommes dans une économie de l’information. L’économie de la connaissance. On ne peut plus cacher les chiffres. Même si vous ne les publiez pas, ça ne peut pas se cacher.  Mes sources je ne les regarde pas ici. Je les regarde dans mes anciennes institutions ou sociétés où j’ai travaillé. Il s’agit de l’Ocde, la banque mondiale, le FMI etc ». D’après lui, il ne voit pas de rééditions de compte dans cet endettement.

Cependant, l’économiste estime que pour enrayer cette inflation, il faut une monnaie nationale. Car, reste-t-il convaincu, la première souveraineté c’est la monnaie. Selon lui, le gouvernement de Macky Sall a mis la priorité sur les infrastructures. Ce qui, d’après lui, lui n’est pas mauvais en soi puisqu’il faut des infrastructures pour pouvoir décloisonner un pays. Mais, signale-t-il : « l’industrie et la souveraineté alimentaire sont les premiers piliers. Il ne faut pas que son ventre et sa santé dépendent de l’extérieur. Il faut faire le transfert de technologie dans les grands travaux. On a des capacités techniques, des sénégalais qui peuvent le faire. On doit arrêter de dépendre de l’étranger ».

Même s’il ne remet pas en cause les compétences des nouveaux ministres, Amath Soumaré n’est pas convaincu que ces derniers pourront, en 16 mois, faire changer les choses. « Avec ce que je vois et je vous donne rendez-vous d’ici l’année prochaine, je ne pense pas qu’il ait un gouvernement capable, en 16 mois, de juguler le problème de l’inflation. Parce qu’on n’a pas le patriotisme. Tout le monde est indiscipliné et on ne respecte rien ici. Il n’y a pas de contrôle. Alors que l’économie n’a pas besoin de désordre », soutient-il.