NETTALI.COM - Les premières tendances sorties des urnes hier ont montré que le grand débauchage du Président Sall dans certains départements n’a pas permis à Benno Bokk Yakaar (Bby) de gagner ou de (re) conquérir certaines zones.

L’info a eu l’effet d’une bombe. C’est l’une des surprises des élections législatives dans le département de Dakar. Dans la commune de Médina, le maire Bamba Fall a perdu dans son bureau de vote au centre Nago Samb. Benno Bokk Yaakaar a perdu Médina devant Yewwi Askan Wi. Un couperet est tombé sur la tête du maire de la Médina, nouvellement recruté par le chef de l’Etat, Macky Sall. Pour redorer son blason à Dakar et dans certaines zones perdues aux Locales de janvier dernier par la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby), le Président avait procédé à un grand débauchage de certains responsables politiques de l’opposition. Bamba Fall, Djibril Wade, maire de Biscuiterie, Aziz Guèye, maire de Ouakam, ont rejoint Bby au lendemain de leur élection. Le Président Sall affirmait une nouvelle fois ses envies hégémoniques. Bby qui se glorifiait d’avoir pêché de gros poissons avait investi Bamba Fall et Djibril Wade sur la liste départementale de Dakar pour affronter Barthélémy Dias et Cie. Dans le département de Tivaouane, Bby qui y avait perdu la mairie s’est allié avec le vainqueur Demba Diop pour espérer reconquérir le département. Mais, à l’arrivée, Tivaouane est allé à l’opposition Yewwi Askan Wi.

Le même scénario s’est produit à Bambey où malgré le ralliement du maire Assane Dia, le département est resté entre les maires de l’opposition. A Ziguinchor aussi, Abdoulaye Baldé qui était allé seul aux Locales a finalement rejoint Bby pour les Législatives, mais il n’a pu faire basculer le département dans l’escarcelle du pouvoir, face à la toute puissante Yaw. Pikine nord a aussi vu son maire Amadou Diarra, rejoindre Bby. A Touba aussi, il y a eu des débauchages au niveau local. Des exemples parmi tant d’autres qui prouvent que le pari du Président Macky n’a pas été gagnant. Le report de voix espéré ne s’est pas produit. Des revers qui prouvent encore que la transhumance a mauvaise presse au Sénégal. Que le grand débauchage du Président Macky Sall s’est avéré nul.

Une situation logique selon le Docteur en Sciences politiques, Enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw. «Ils ont accepté de rejoindre Macky Sall sans discuter avec leur base. Ils ne peuvent pas décider du sort de leurs militants. Les militants réfléchissent et ne sont pas des moutons de panurge. On ne les manipule pas comme on veut», explique, Dr Diaw. Selon l’analyste politique, «les Sénégalais ne supportent plus la transhumance, ni cette arrogance parce que les transhumants ne pensent qu’à leur intérêt. Ils ne se reconnaissent pas dans tout ça. Les hommes politiques semblent être dans leur bulle et ce qui les intéresse, c’est le pouvoir ou l’accession au pouvoir. Il y a une prise de conscience. Les Sénégalais sont matures et sont conscients. Ils ont une culture politique et ils attendent le moment venu pour s’exprimer librement et manifester leur mécontentement.»

Toujours selon l’analyse du Dr Diaw, ces nouvelles recrues de Macky Sall sont victimes du syndrome de Idrissa Seck. «C’est la même logique qui a frappé Idrissa Seck. Il a rejoint Macky Sall sans même au préalable discuter avec ses militants, ses responsables, leur expliquer sa logique. C’est comme s’il s’agissait de sa propriété. Ils pensent toujours que les partis politiques leur appartiennent et qu’ils peuvent décider tout ce qu’ils veulent. C’est des sanctions qui ont frappé aussi Idrissa Seck, la même logique a emporté Bamba Fall et tous les autres qui ont rallié. La stratégie du débauchage n’a pas été payante. Le président de la République a peur de perdre, c’est la raison pour laquelle, il a cherché par tous les moyens à faire rallier tous ceux qu’il accueillait dans son bureau, sans distinction en espérant pouvoir changer la donne politique.»