NETTALI.COM-De 326 comprimés saisis pour toute l’année 2021, les saisies de substances psychotropes, dont l’ecstasy, ont explosé en ce premier semestre 2022, pour franchir la barre des 5 000 comprimés. Quand les femmes dament le pion aux hommes.

C’est une drogue qui fait des ravages dans le Dakar by night. Depuis quelques jours, elle est au centre des discussions dans bien des plateformes. Aïssatou Bâ, habituée des boites de nuit, confirme dans EnQuête : « C’est vrai que c’est en vogue. D’habitude, ceux qui le prennent sont surtout soit des buveurs d’alcool, soit des fumeurs. Ils se rabattent sur le ‘volet’, parce qu’il a à peu près le même effet, mais le « volet » est beaucoup plus puissant, beaucoup plus intense. Quand tu le prends, tu es vraiment dans les nuages. »

À côté de ces témoignages, il y a les chiffres de la Direction de l’office central de répression du trafic illégal de stupéfiants (Docrtis) qui sont plus qu’éloquents. Dans le rapport annuel de l’année dernière, en effet, en ce qui concerne les substances psychotropes, il est mentionné la saisie de 326 comprimés (ecstasy, tramadol et du tivoltril) pour 13 mis en cause, tous des trafiquants.

Pour 2022, l’on signale déjà, rien que pour le premier semestre, des saisies de l’ordre de 5 412 comprimés (ecstasy et tramadol). Dans le même temps, 27 personnes ont été déférées dans le cadre de ces trafics.

Mais comment cette drogue arrive-t-elle à être aussi accessible sur le marché sénégalais ? Qui en sont les trafiquants et comment s’approvisionnent-ils ? Pour Oumy Fall, la plupart du temps, le produit vient de la Gambie où il est acheté moins cher. Au Sénégal, il se vend à 10 000 F. La différence, avec les autres drogues dures, c’est surtout que l’ecstasy est très facile d’accès, selon nos interlocuteurs. « Elle se vend comme de petits pains, aussi bien dans les boites de nuit que dans certains quartiers huppés de Dakar. On peut très facilement s’en procurer et consommer. Dans certaines boites de nuit par exemple, les gens qui consomment ont l’habitude de se mettre dans les mêmes coins, parfois plus huppés, pour s’éclater », rapporte Mlle Fall.

Ce n’est pas tout. Selon les interlocuteurs de notre source Enquête, l’ecstasy ou « volet », a également comme particularité d’être surtout commercialisé par des dames. Ce qui est bien curieux, mais qui est bien fréquent, si l’on en croit Aissatou. Elle insiste : « Moi, je n’ai jamais rencontré de revendeurs hommes. Tous les revendeurs que je connais sont des femmes ; aucun homme. »

Interpellée sur le pourquoi cette drogue est prisée, elle insiste : « C’est surtout parce qu’elle permet de se surpasser. Avec le « volet », on est vraiment métamorphosé ; l’on se transforme et l’on parvient à dépasser ses limites. Ça te rend plus performant aussi bien en boite qu’au lit. Par exemple, en boite, tu peux danser toute la nuit sans te fatiguer". "De même, tu peux également coucher avec plusieurs hommes coup sur coup. Aussi, c’est moins dangereux et moins cher », finit-elle en rigolant.

Également appelé « drogue de l'amour », l’ecstasy ou « volet » contient principalement du MDMA (méthylène dioxyméthamphétamine), un produit qui appartient à la famille des amphétamines et d'autres substances comme la caféine. Il permet de ressentir des émotions de façon plus intense avec un état d'euphorie et une désinhibition facilitant les échanges et la communication. Oumy Fall : « Cette drogue te permet vraiment de te sentir bien, en confiance et très à l’aise avec tout le monde. Et puis, tu as tout le temps envie de bavarder. Si tu as des secrets que tu ne veux pas divulguer, il ne faut surtout pas la prendre. »

Selon les interlocuteurs du journal, pour que le « volet » puisse produire les effets escomptés, il faut bien se mettre au chaud avant de le prendre. Dans un endroit frais, climatisé par exemple, c’est moins efficace. Dans la même veine, explique le connaisseur, il faut également bien manger, car autant l’ecstasy provoque le désir, autant elle peut donner une faim de loup.