NETTALI.COM - Avec des inondations un peu partout dans Dakar, Liberté 6, Parcelles Assainies, keur Massar, Scat Urbam, Pikine, Maristes, Cambérène 2, en des endroits différents, c'était le désarroi ce mercredi 20 juillet pour les populations et beaucoup d'automobilistes qui se retrouvés piégés dans les eaux. La situation la plus préoccupante a sans doute été cette route de Yoff juste à côté du pont de l'émergence qui a occasionné des embouteillages monstres.

Liberté 6, la superbe pelouse synthétique du stade nouvellement réceptionnée est complètement recouverte d'eau et de boue. Même décor aux Parcelles-Assainies, à l’Unité 4 où des maisons et des rues offrent un triste spectacle avec des populations qui pataugent dans les eaux. A Pikine, la route principale à côté de Khelcom Bache était impraticable. A Maristes certaines sont tout simplement barrées. La liste est d'être exhaustives. À la Scat-Urbam, des voitures sont piégées dans les eaux. Cambérène 2, sur la VDN, à l’avenue Blaise Diagne, partout, c'est la désolation.

À Keur Massar, les démons des inondations se sont déjà installés. Aux quartiers Aïnoumady, des eaux stagnantes rappellent les images des inondations de 2020. Celles-là qui avaient provoqué le déplacement du président de la République Macky Sall sur place, avec un plan spécial pour Keur Massar de 15 milliards de francs CFA.

L’année dernière déjà, les inondations avaient repris, malgré les travaux effectués sur place. Cette fois ci, c’est le tout nouvel autopont, mis en circulation la semaine dernière, qui est mis en cause par les populations.

À la cité Enseignants, un habitant a indexé l’ouvrage, dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux : "Nous vivons une véritable malédiction avec la construction de cet autopont. En plus des dégâts matériels dus à la destruction des maisons sur l’emprise, nous vivons déjà des inondations après la première pluie. Et tout cela n’est que la conséquence de la construction de ce pont qui n’a pas été bien faite pour accueillir les eaux ruisselantes. Nous avions alerté les autorités, mais rien n’a été fait."

Le spectacle désolant de la banlieue : la gare du péage de Pikine et un tunnel gagnés par les eaux ; Keur Massar, Parcelles et Guédiawaye pas épargnés

Dans la banlieue où l’assainissement est toujours aussi défaillant, de nombreux quartiers ont renoué avec les inondations. À Pikine-Ouest, Pikine-Est,
Tivaouane Diacksao, en passant par Guinaw-Rails-Sud et Guinaw-Rails- Nord, Thiaroye-sur-Mer, Sam-Notaire, Wakhinane-Nimzatt et Ndiarème
Limamoulaye, des dégâts ont été notés. Sur les 22 communes qui composent les départements de Pikine, Guédiawaye et Keur Massar, presque les deux tiers ont été touchés par les pluies diluviennes. Comme premières conséquences directes : des routes coupées et/ou impraticables, des maisons inondées…

À Pikine, en sus des maisons qui ont été gagnées par les eaux, la gare du TER de cette localité a été engloutie par les eaux. Les responsables ont été contraints de changer le lieu de vente des tickets. Pire, des véhicules particuliers, garés dans les parages, ont été presque engloutis sous les eaux. Même situation à quelques jets où le tunnel de Guinaw-Rails est devenu méconnaissable à cause des eaux. D’ailleurs, c’est à cet endroit qu’une personne avait trouvé la mort,
l’année dernière, à la suite de fortes précipitations.

Dans le département de Guédiawaye, des maisons situées dans les communes de Wakhinane Nimzatt et de Sam-Notaire ont vu leurs propriétaires passer la nuit d’hier à la belle étoile. Ce qui est le plus terrible est qu’ils ont perdu de nombreux biens, notamment leurs chambres à coucher.

Du côté du nouveau département de Keur Massar, le tout nouveau pont qui a été ouvert à la circulation, il y a de cela quelques jours, a été la cause de sinistres dans les maisons environnantes.

Mêmes scènes pathétiques dans certains quartiers comme Aladji Pathé et les Parcelles- Assainies de Keur Massar.

Le trou béant sur la route de Yoff en question 

Venu s’enquérir de la situation, le préfet de Dakar a laissé paraître sa surprise par rapport à la situation. Selon Mor Talla Tine, "les services de la météo nous ont fait noter que c’est 84 mm de pluie qu’on a enregistrés, une partie de l’autoroute a été impactée, coupée en réalité. (…) Ce sont des situations qu’on ne peut pas prévoir. Parce que Dakar n’a pas l’habitude d’enregistrer, en l’espace d’une heure, 84 mm de pluie. Certainement, c’est ce volume d’eau important qui explique cette situation, comme cela peut arriver dans n’importe quel pays. Le plus important pour nous, c’est que, dès que cette situation a été connue, des dispositions ont été prises pour non seulement dévier la circulation, mais aussi engager l’entreprise chargée des travaux pour que de façon diligente la partie affaissée soit réparée dans les meilleurs délais".

Une situation qui montre que le pont de l'Émergence est encore sujet à inquiétudes. Une infrastructure, inaugurée en juillet 2016 qui n’en est pas à son premier coup de "bad buzz". Quelques jours après sa mise en service, elle avait valu aux autorités des railleries, avec des flaques d'eau sur le pont, après les premières pluies. Huit mois plus tard, sur une partie de la route de l’une des bretelles de sortie, un trou béant s'est ouvert. L’entreprise en charge avait expliqué cet inconvénient comme le résultat d’un tuyau enseveli à trois mètres en dessous de la piste goudronnée, dont la pression de l'eau propulsée en geyser a occasionné l'anomalie repérée sur la chaussée.

Cette fois-ci, c’est bien la pluie qui semble être à l’origine du cratère. Mais le désagrément aux usagers de la route ne devrait pas durer très longtemps, si l’on en croit le préfet de Dakar. ''Nous nous sommes donné comme objectif de tout mettre en oeuvre pour que cette nuit (celle du mercredi, NDLR) tous les travaux soient terminés’’.

Avec Enquête