NETTALI.COM - Qu’est-ce qu’il sont chaotiques ces parrainages ! Avec finalement des listes au nombre de 15, alors qu’on pensait qu’il avoisinerait la trentaine, il y a finalement de quoi s’interroger sur l’opportunité de le poursuivre, surtout qu’il est corsé avec cette caution exorbitante de 15 millions de F Cfa. La polémique et la confusion que les parrainages ont engendrées, montrent que la Cedeao avait une bonne raison de l'interdire sous la forme actuelle.

Le ton était en tout cas déjà donné sur la bravade qui allait avoir lieu de la part du Sénégal avec ses ministres qui étaient allés à l’assaut de la décision de justice, dans le but de la discréditer. Le constitutionnaliste et actuel ministre-conseiller auprès du président de la République, Ismaël Madior Fall, avait vertement critiqué la Cour, estimant que sa décision est une aberration juridique avant de relever des erreurs de droit. Le ministre des collectivités territoriales, Oumar Guèye, même s’il avait tenté d’exclure tout contentieux entre le Sénégal et la Cedeao, avait laissé entendre que notre pays n’entendait point se plier à la décision de la Cour de justice de la Cedeao, l’invitant à abroger la loi sur le parrainage dans un délai de six mois.

Posture étonnante du pouvoir en place, c’est pourtant au nom de la Cedeao que le Mali a été sanctionné, suite à la prolongation de la durée de la transition par la junte au pouvoir. C’est de même, sous son sceau que Yaya Jammeh avait été militairement menacé avant de quitter le pouvoir pour se rendre en Guinée Equatoriale.

Mais dans cette affaire de parrainage, la pire posture, c’est l’inconstance avec laquelle le président Macky Sall l’a utilisé : d’abord la présidentielle ; il est ensuite appliqué aux seuls indépendants lors des locales ; et enfin et finalement aux législatives en l’étendant à tous les acteurs. De quoi se poser également la question de son évaluation malgré les nombreux problèmes soulevés ça et là.

Surenchère politicienne

Le système de parrainage actuel pose problème, c’est sûr. Sinon, il n’y aurait pas eu autant de contestations. Entre ces histoires de doublons, de «rejet pour autres motifs» évoquées et dont il est difficile de savoir ce que cela signifie vraiment, de retards dans les dépôts des dossiers, de délais pour compléter le parrainage, etc, il y a vraiment de quoi se demander si le jeu n’est pas biaisé d’avance. C’est un manque de sérénité et une suspicion à tous les étages qui sont constatés.

La question informatique est au centre de tous les soupçons, et la coalition « Guem Sa Bopp » via son mandataire, Mamadou Guèye, a dénoncé au cours de l'émission 90 chronos sur la Sen TV, l’attribution à sa coalition, de parrains en Mauritanie et en Guinée Bissau, alors qu'ils ne s’y sont jamais rendus. Bougane Guèye commence décidément à être un habitué des rejets. L’on suspecte même une élimination systématique du parrainage de « Guem sa Book » dont on peut quand même préjuger de la capacité à obtenir le nombre requis de parrains puisqu’un indépendant tel que Pape Djibril Fall a pu rassembler et corriger un gap de 2000 parrains en 24 h. Dans le même temps, « Wallu Sénégal » devait en compléter près de 5000, tout en ayant une représentativité nationale.

Pape Djibril, parlons justement de lui, Amsatou Sow Sidibé de « Car Leneen » l’a accusé de s’être envolé avec ses « milliers » de parrains. Le syndrome Djibril Ngom qui avait fui avec la liste « Yeewi askan wi », lors des locales passées, plane encore. Des accusations que le concerné conteste avant de de se demander s’il n’y aurait pas derrière une « volonté de lui nuire ». Une affaire qui risque en tout cas d’atterrir en justice, alors que beaucoup n’ont pas fini de s’interroger sur le cas Pape Djibril et son engagement si soudain qui aboutit en plus à une histoire si bizarre de « liste de parrains envolés » de Sidibé.

De même est soulevée l’équation de l’invalidation de la liste « Benno Book Yaakar » pour cause de dépassement de plafond exigé. Il n’est guère surprenant, à entendre la surenchère politicienne liée au nombre de parrains, comme ce fut le cas avec Amadou Ba qui brandissait 550 000 parrains, qu’on ne puisse pas ne pas tomber dans des excès de ce genre. L’ancien ministre avait en tout cas de quoi poser sa candidature à la mairie de Dakar, à la place de Diouf Sarr,  s’il est capable d’engranger autant de parrainages. Une démonstration de force stupide que cette revendication de plusieurs milliers de parrains qui n’entraînent au finish qu’un siphonage de voix, sources de rejets et de problèmes.

Aussi, c’est la jurisprudence Gackou lors de la présidence passée qui est brandie pour justifier cette invalidation de la liste BBY. En effet, alors que le maximum de parrainages requis par la loi était de 66 820, le chef du Grand parti en avait déposé 67 842, soit un surplus de 1 000 parrainages. Dans sa décision n°3-E-2019, le Conseil constitutionnel précisait dans son considérant 14 : « Il y a lieu de rappeler qu’El Hadj Malick Gakou, ayant présenté une liste de 67 842 parrainages, a dépassé le maximum de parrainages autorisé par la loi lors du dépôt ; que ce dépassement suffit pour rendre sa candidature irrecevable… »

Selon les responsables de "Benno Bokk Yaakaar" en effet, cette disposition n’est plus d’actualité. Dans la soirée du mardi 17 mai, Aminata Touré est revenue sur le sujet, lors de la conférence de presse de BBY : « Nous avons suivi scrupuleusement ce que la loi nous demande de faire. Nous avons soumis nos parrainages et ils sont très nombreux. On aurait pu aller et déposer plus de deux millions de parrainages, parce qu'ils sont là dans les cartons. Nous les avons soumis à un tamis. Sur les 57. 328, nous n'avions eu que 27 rejets. Ça vous donne l'idée sur la qualité du travail qui a été fait. Alors, la loi a très clairement dit que le maximum c'est 55 327 ; nous en avons ajouté un au cas où... et la loi est claire : si vous dépassez ce surplus, il est nul et non avenu. Donc, notre parrainage est considéré comme nul et non avenu. En court et en long, c'est ce qu'on appelle la stratégie d'enfumage », explique Aminata Touré. Lapsus révélateur ou bourde monumentale. L'aveu de violation est en tout cas clair.

Moundiaye Cissé de l’ONG 3 D n’est toutefois pas d’accord avec cette jurisprudence Gackou invoquée, ainsi qu’il l’a expliqué. A l’époque, fait-il savoir, le responsable du « Grand Parti » voulait légaliser sa liste incomplète de parrains à deux reprises. Ce qui, d’après lui, n’était pas prévu par la loi. « Le surplus n’est pas un motif d’invalidation d’une candidature ou d’une liste. La liste de Malick Gackou a été rejetée parce qu’il n’avait pas le droit de régulariser ses parrains pour une deuxième fois. Mais c’était pas pour un surplus. Les textes ne prévoient pas une seconde régularisation », a ajouté Moundiaye Cissé.

C’est un Ousmane Sonko en tout cas très remonté contre la société civile qui s’en est vertement pris à ceux-là qu’il considère comme de « soi-disant analystes ». « Ceux qui font le plus de mal à ce pays, ce sont ces gens, je ne sais pas s’ils sont de la société civile ou je ne sais quoi, ils amassent beaucoup d’argent, ils vont dans les télés pour raconter des bobards. Ils ne disent jamais la vérité… », fait remarquer le leader de Pastef.

Pour le journaliste Charles Faye, chroniqueur à la TFM, «si la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) est disqualifiée par rapport au respect de la parité et de l’autre côté on viole la loi en dépassant le nombre de parrain exigé et qu’on applique la loi, ce sont toutes les deux listes qui auront des problèmes. On a la jurisprudence Malick Gackou concernant le dépôt de surplus de parrainages. En termes de loi, celui qui dépasse d’une voix ou 1 million ou 1 milliard, c’est exactement la même chose, le nombre importe peu. La loi est impersonnelle».

Comment analyser la révélation de taille faite vendredi 13 mai par l’instance qui contrôle et supervise les opérations électorales, parrainage qui a assuré, dans un communiqué, que « la date limite de dépôt n’a été formellement respectée par aucun des mandataires. En effet, beaucoup de listes de parrainages et de dossiers de candidatures n’ont été soumis à la commission de réception que bien après les dates et heures fixées. » ?

Il y a, en effet, de quoi se demander s’il y a encore lieu d’invalider quelque liste que  ce soit car, car apparemment, le message qu'a semblé délivrer le Cena, est qu'elle s'est montrée compréhensive, en évitant une application rigoureuse de la loi électorale qui indique que tout retard par rapport aux délais de dépôt, est un motif de rejet d’une liste.

En tout cas ce mercredi 18 mai , le mandataire national de YAW Déthié Fall a déposé, au Conseil Constitutionnel, une requête portant sur le recours en contestation du rejet de la liste départementale de "Yewwi Askan Wi". La direction générale des élections (DGE) s’étant déclarée incompétente sur la recevabilité de leur dossier portant changement au niveau de ladite liste, Fall a aussi déposé un recours en contestation d'un dossier de déclaration de

candidature de la coalition Benno Bokk Yaakaar. A sa sortie du Conseil Constitutionnel, il a dit son espoir de voir leur recours étudié et le droit dit par les sages.

La tempête YAW et la sortie musclée de Sonko

Dans cet épisode parrainage est née « une polémique Saliou Sarr ». La confusion est à son comble et ce sont accusations contre accusations au sein de la coalition Yaw où même les leaders de cette coalition n’ont pas épargné Ousmane Sonko et Khalifa Sall. Mais surtout le dernier nommé, identifié comme celui qui a confectionné la liste nationale de la coalition où l’on retrouve les principaux leaders politiques qui en a le plus pris pour son grade.

En conférence de presse vendredi 13 mai, c’est la manière dont les investitures pour les élections législatives du 31 juillet prochain ont été faites par la coalition « Yewwi Askan Wi » (Yaw) qui est jugée inélégante par bon nombre de leaders. Ce sont, entre autres, Cheikh Bamba Dièye, Aminata Lo Dieng, Me Moussa Diop, Moustapha Guirassy, Serigne Mansour Sy Djamil qui sont montés au créneau pour rappeler qu’ils font partie des premiers leaders politiques qui ont créé la coalition « Yewwi Askan Wi ».  Le choc des ambitions pour des histoires de positions plus confortables est à son comble. Ousmane Sonko ne les épargnera pas non plus lors de sa sortie en les appelant à mettre en avant l’intérêt des Sénégalais sur leurs intérêts personnels.

Une tempête générale qu’Ousmane Sonko, a vite fait de tenter de calmer en demandant d’oublier ces histoires de complot qui n’existeraient que dans la tête de ceux qui en parlent. Le président de Pastef/Les patriotes a ainsi blanchi, aussi bien Khalifa, Déthié Fall que Saliou Sarr, estimant que  « tout le monde était de bonne foi. » Le leader patriotique a ainsi fait savoir que « tout ce procès qu’on est en train de faire à Khalifa Sall, est un faux. Les gens peuvent ne pas être contents, mais il n’y a aucun complot…. Déthié Fall, personne ne peut le remettre en cause. Il a à 500 % ma confiance et mes remerciements. C’est très facile de s’en prendre aux gens, quand il y a des problèmes. C’est Déthié qui avait tout conduit aux Locales… Depuis combien de temps il n’a même pas dormi, pendant que beaucoup étaient dans leur salon ? Ce qui est arrivé à Déthié peut arriver à tout le monde. Cela ne peut remettre en cause ni l’intégrité, ni l’engagement, ni la probité des gens. Je dirais la même chose pour Saliou Sarr. La seule chose que nous déplorons, c’est qu’il soit sorti pour s’épancher sur la place publique, alors qu’on lui avait demandé de ne pas parler », a conclu Sonko.

Au nom du paradigme musculaire

La vérité est que nous touchons le fond, alors que le Sénégal, jusqu’ici considéré comme une vitrine, est en train de descendre dans les abîmes démocratiques. Les hommes politiques ont monopolisé le débat et ne dialoguent plus. Ils ne se respectent plus à vrai dire et préfèrent se lancer dans des invectives. A entendre Farba Ngom évoquer l’affaire du Supermarché Auchan qui opposait la mairie de Sicap-Mermoz que dirigeait Barthélémy Dias à 37-5 de Moustapha Diop et ses soupçons de deals qu’il avance sans autres précisions ; souligner des dissensions entre Khalifa, Barthélémy Dias et Ousmane Sonko, l’on sent une volonté de semer la zizanie et d’obscurcir les esprits.

De même à l’écouter débiter des propos aussi discourtois et insultants à l'endroit de Thierno Alassane Sall, selon lesquels, ils auraient tous les deux perçu de l'argent au cours d'une visite chez un quidam qu’il ne veut pas citer et menacer de déballer si jamais l’ancien ministre venait à contester, l’on sent bien des propos empreints d'un grand bluff. Comment a-t-il pu oser proférer de tels propos au cœur de la république ? Il sait qu'il est un proche d'entre les proches du président Sall et que rien ne lui arrivera. Sa seule volonté était simplement de salir quelqu’un à qui on a juste demandé s’il avait démissionné ou s’il avait été limogé par Macky Sall. C’était sur la 7 TV chez Maïmouna Ndour Faye ? Et c’est d’ailleurs à se demander l’importance à ce stade, de la question.

A voir la manière dont Barthélémy Dias jouait des coudes et se débattait devant les forces de police, à la porte de la DGE, alors qu'au même moment sa liste n'était pas rejetée, montre qu’il y a des raisons de s’inquiéter de la posture du maire de Dakar si enclin à jouer les gros bras. La Commission Electorale Nationale Autonome (Cena) ne mettra d’ailleurs pas de temps pour fermement condamner les « déclarations et les violences inacceptables »

De même à entendre Ousmane Sonko déclarer qu’il « est hors de question que la liste de « Yeewi askan wi » pour le département de Dakar soit écartée », malgré l’erreur que son équipe a commise en ne respectant pas la parité sur la liste de Dakar, avant de déclarer que « ce combat, ce n’est ni le combat d’Ousmane Sonko, ni celui de Cheikh Tidiane Youm, mais le combat des Sénégalais », appelant ainsi les Sénégalais à faire face, l’on sent bien qu’on cherche à substituer le débat politique par le paradigme musculaire.

Il ne s’en est pas arrêté là puisqu’il a rejeté toute possibilité de remettre dans la course la liste de BBY qui, selon lui, viole le parrainage. Pour Ousmane Sonko, « Macky Sall a tout simplement peur de l’alliance mise en place par Yaw et Wallu et ne dort plus, depuis que cette coalition a été mise en place. » « Si on se mobilise, Macky Sall n’ose pas nous affronter. Non seulement ils vont recevoir la liste départementale de Yaw, mais également BBY ne sera même pas de la course ». Toujours est-il qu’Oumane Sonko a en tout cas annoncé un grand rassemblement dans les prochains jours, à Dakar.

Réponse de la bergère au berger, Aminata Touré, n’a pas perdu de temps pour répondre au leader du Pastef. « Dans ce contexte de manipulations, a-t-elle déclaré, il est important d’informer nos concitoyens face à une opposition qui a décidé d’utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins. » « Nous avons suivi la conférence d’Ousmane Sonko, a-t-elle ajouté, et il s’est largement épanché sur leurs propres turpitudes. C’est leur affaire ». « Face aux menaces de certains d’imposer leur participation aux prochaines Législatives. Ils savent bien qu’ils ne peuvent pas nous impressionner. Les élections se tiendront à date échue, comme cela a toujours été le cas », a informé Mimi Touré.

Ironie de l'histoire, après l'invalidation de la liste départementale de Yaw à Dakar, cette dernière par la voix de son mandataire a sonné la charge. C'est pour dire en conférence de presse, vendredi 20 mai que la liste nationale pour les législatives de Benno Bokk Yaakar n’a pas respecté la loi sur la parité. « La liste de Benno Bokk Yakkar est non-paritaire à la 43e et 44e place des suppléants sur la liste nationale. Deux femmes s’y suivent à savoir Rokhaya Ndao et Maïmouna Ndiaye », a précisé Déthié Fall. Avant d'ajouter que le constat a été certifié par la Direction générale des élections et la Commission électorale nationale et indépendante (CENA).

Riposte de Benno Book Yaakarr, le mandataire Benoit Sambou, faisant le compte-rendu, après vérification des listes concurrentes, a déclaré avoir saisi le président de la commission des listes de déclaration de candidatures, d’une irrecevabilité de listes de la coalition de Khalifa Sall, Ousmane Sonko et Cie sur 15 départements. D’après Sambou, ces listes ne respectent pas la parité, rappelant que le principe de la parité, c’est qu’il puisse y avoir un équilibre au sein de l’institution, citant les départements qui seraient concernés. Il s’agit de Mbour, Thiès, Goudomp, Rufisque, Bambey, Kaolack, Kaffrine, Fatick, Dagana, Koungeul, Vélingara, Matam, Kolda, Louga et Dakar. A titre d'exemple, il a cité le département de Goudomp. "Dans l’ordre, ils ont un homme comme titulaire et une femme en deuxième position comme titulaire. Mais sur la suppléance, ils mettent une femme d’abord et un homme après. Cela veut dire qu’en cas de vacance d’un poste, d’un titulaire, la liste ainsi configurée ne permet pas de remplacement par un candidat du même sexe. Et cela est extrêmement grave. Et d’ailleurs, c’est ce qui leur est arrivé à Dakar", a soutenu M. Sambou.

Gestion des partis : l’équation du changement d’option

Les faits montrent avec l’expérience de ce parrainage que ce système est inopérant au regard du manque de confiance vis-à-vis de l’administration en charge de la supervision et du niveau de suspicion vis-à-vis du matériel informatique, chargé d’enregistrer et de valider les listes.

Si le ministre de l'intérieur avait par exemple joué son rôle en termes de contrôle des partis politique, une bonne partie d’entre eux, aurait été dissoute pour non-respect des règles auxquelles ils sont assujettis. Bon nombre de partis n’ont d’existence que médiatique, sans un respect des obligations liées à la tenue de la comptabilité, la disposition d’un siège, etc. Une seconde phase d’un système filtre plus juste aurait permis d’instaurer, dans le cadre d’une élection repère, de déterminer un pourcentage à obtenir pour tout parti politique en vue puisse espérer participer aux élections futures. Dans cette logique d’équité, des règles de financement des partis politiques et un remboursement de la caution auraient pu être envisagés suivant un pourcentage plancher arrêté et obtenu.

Mais que le ministre de l’intérieur soit juge et partie, que l’administration ne soit pas tout à fait neutre, qu’une certaine justice soit suspectée d’être inféodée à l’Etat, ne concourent certainement pas à un système fiable et équidistant. Que des Sénégalais soient écartés d’office parce que même leurs cartes nationales d’identité ne leur permettent pas de voter ; que des maires de l’opposition ayant bénéficié des votes, puissent être débauchés en plein jour avec photos à l’appui, sans oublier cette honteuse publicité qui l’accompagne ; que des mandataires de l’opposition puissent s’enfuir avec des listes ; qu’il puisse y avoir des soupçons de vol de parrainage, etc. tout ceci n’est pas de nature à générer de la confiance.

Quelle issue face à tout ce bazar ? 

A la vérité, le président de la République doit être au-dessus de la mêlée et calmer le jeu. Il est bien  trop puissant sous nos cieux ( même si cela n'est guère normal) qu'il doit se rendre à l'évidence qu'il a une responsabilité, celle de faire régner la paix civile. Car à regarder ce qui se passe autour de nous dans la région ouest-africaine bien trop instable, en plus de la présence du terrorisme à nos portes, il a le devoir de faire preuve d'un peu plus de sagesse. Notre position de pays disposant de ressources minières et énergétiques doit d'ailleurs beaucoup faire réfléchir quant au risque d’une instabilité, mais aussi nous inciter à plus de méfiance vis-à-vis de la convoitise des multinationales bien plus puissantes que nos états et uniquement intéressés par l'exploitation des ressources.

Au regard de l’étendue de la polémique et le niveau de contestations, il y a à se poser la question de savoir s’il ne faut pas au finish laisser concourir ces 15 listes enregistrées, alors qu’on s’attendait à en récolter 25 ? Au point où on en est, il serait bien injuste d’être tolérant sur certains points et d’être strict sur d’autres. C’est le principe de l’égalité qui veut même que la loi soit appliquée à tous et avec la même rigueur. Beaucoup d’acteurs de la société civile et analystes politiques sont d’accord avec cette option.

"Pour la liste de BBY, ce que le constitutionnaliste, Seybani Sougou a dit est clair et nous l’avions dit dans notre communiqué même si nous ne sommes
pas entrés dans le fond. Nous devons laisser de côté ce texte qui ne va nous causer que des problèmes et mettre en place un dispositif plus facile qui permettra aux listes de participer ", a soutenu l’une des figures de la société civile, Alioune Tine qui préconise une participation massive des listes. De même l'analyste Momar Diongue a soutenu que la liste de BBY devrait être rejetée, mais tenir des élections sans la mouvance est quasiment impossible. Donc selon lui, il s'agit de trouver le juste milieu et permettre aux listes de participer poursuit Diongue au cours d'une émission sur Sud fm.

"Aar Sénégal", la coalition des Thierno Alassane Sall, Abdourahmane Diouf, Thierno Bocoum et compagnie est d'un tout autre avis. Elle a rendu public un communiqué pour mettre en garde contre toute tentative de trouver un compromis sur le dos des citoyens. Ils condamnent ainsi "les agissements allant dans le sens de chercher à vouloir tordre le cou à la loi". Non sans promettre de veiller à ce que "la loi soit respectée dans toute sa rigueur notamment sur la question des désistements, de la parité et de la correction des erreurs matérielles". "Aar Sénégal se gardera le droit de réagir à toute compromission sur le dos des populations", ajoute le communiqué. Qui exige que les élections législatives prévues ce 31 juillet 2022 se tiennent à date échue.