NETTALI.COM -  Crédit hôtelier, mise en œuvre du mémorandum du secteur privé touristique, fiscalité. La Fédération des organisations patronales de l'industrie touristique du Sénégal avait, hier, des choses à fustiger, au moment où le secteur du tourisme reprend son souffle.

C’ est un patronat du tourisme remonté contre la tutelle qui a procédé, hier, à l’évaluation de l'état de mise en œuvre du mémorandum du secteur privé touristique, 18 mois après sa validation par le chef de l’Etat Macky Sall. Le président de la fédération des organisations patronales de l'industrie touristique du Sénégal, Mamadou Racine Sy, a profité de la rencontre pour dire tout le mal qu’il pense de la gouvernance du secteur, à l’heure actuelle. “Aussi bien dans le cadre du crédit hôtelier que de la mise en œuvre du mémorandum que nous avions remis en son temps au chef de l’Etat, sur lesquels il avait accepté tous les points, nous avons remarqué qu’il y a eu zéro mise en œuvre”, fulmine-t-il en des propos repris par la livraison du jour de Enquête.

En effet, selon Racine Sy, ils ont “consenti un certain nombre de sacrifices, en signant le Pacte de stabilité économique et sociale. Ce pacte, poursuit-il, est conditionné par un certain nombre d’obligations”. C’est pourquoi, lui et les autres membres de la fédération des organisations patronales de l'industrie touristique considèrent que ledit pacte sera remis en cause, s’il y a une rupture à ce niveau. “Nous espérons que nous n’en n’arriverons pas là. Le secteur du tourisme est inquiet. Il est fortement préoccupé par le fait que les directives qui ont été données par le président de la République, dans le sens de la mise à disposition d’un certain nombre de ressources pour le secteur, n’ont pas été respectées”, poursuit-il dans sa diatribe.

Racine Sy déclare que les 75 milliards F CFA dont on dit qu’ils ont été mis à la disposition du tourisme, ne le sont pas, en réalité. “On avait mis en place des montants, des crédits au niveau des différentes banques. Nous avons remarqué qu’une partie de cet argent a été transformée en compte de tiers et mis à la disposition du secteur aérien. Donc, le secteur du tourisme a été fortement lésé par cette décision arbitraire et discriminatoire. Ce que nous dénonçons et déplorons fortement”, accuse-t-il la tutelle. Tout ceci lui fait dire que les professionnels du tourisme ont “l’impression qu’il y a aujourd’hui un ministre des Transports aériens, mais qu’il n’y a plus de ministre du Tourisme”.

Le président de la Fédération des organisations patronales de l'industrie touristique du Sénégal estime qu’il y a une marginalisation du secteur du tourisme. Ce qui lui fait dire : “Nous demandons directement au ministre en charge du Tourisme, de façon générale, de se ressaisir et de nous accorder la place que nous méritons… Nous sommes le deuxième secteur d’activité économique du Sénégal. Nous touchons plus de 1 million de personnes. Notre contribution à la balance des paiements, à la préservation de l’emploi n’est plus à démontrer”.

La tutelle ne comprend pas cette sortie

Egalement, le patronat du secteur touristique a une autre doléance. Racine Sy :“Il faut qu’on nous permette de souffler. Sur le plan fiscal, notamment. Nous demandons enco-re une fois beaucoup de compréhension, parce que nous avons subi des dommages tels qu’il nous faut au minimum 3ans pour sortir la tête de l’eau et sans qu’il ait des développements qui remettent en cause cette embellie”.

Mais, du côté de la tutelle, cette sortie au vitriol surprend, d’autant qu’en réponse à la pandémie de la Covid-19 qui avait fortement touché le secteur touristique et le transport aérien, l’État du Sénégal avait clairement annoncé que la ligne de crédit de 75 milliards était pour le tourisme (50 milliards FCFA) et le Transport Aérien (25 milliards). On fait également remarquer que M. Sy fait partie du comité de gestion du crédit hôtelier. Donc, qu’il est au courant de tout ce qui se fait. D’ailleurs, nos interlocuteurs pensent savoir que cette sortie cache des visées personnelles.

En tout cas, selon les confidences reçues, il a été décidé, en ce qui concerne la ligne de crédit de 50 milliards mise à la disposition du secteur touristique, d’en faire bénéficier à tous les acteurs de la chaine, et pas seulement, les patrons. Mais, cette décision aurait eu du mal à passer, au niveau des organisations patronales de l'industrie touristique. En tout état de cause, il se pourrait que la tutelle réponde, dans les jours à venir.