NETTALI.COM - Pour une élection, celle des 14 adjoints au maire de la ville de Guédiawaye fut très mouvementée. Elle n’aura finalement pas eu lieu, ce jeudi 17 février. Le camp du maire élu de Yaw, Ahmeth Aïdara a tout simplement bloqué le vote dont il a dénoncé l'irrégularité pour des raisons d'achats de conscience et de corruption. 

Cette installation et élection, étaient pourtant bien partie avec les  d’Aliou Sall bons mots d'Aliou Sall pour Ahmed Aïdara. Mais le climat serein allait vite se muer en affrontements pour l’élection du premier adjoint au maire qui opposait deux candidats : Cheikh Sarr de BBY contre Mor Diaw de Yaw. Mais contre toute attente, c'est le premier qui gagne avec 44 voix contre 40 pour le second. Mais avant que le résultat ne soit rendu public, un proche du nouveau maire Aidara crie : "Ils vont voler, ces grands voleurs.". Une dénonciation à laquelle vont se joindre tous les autres membres de la coalition sous le regard impuissant du préfet Blondin Ndiaye qui ne savait plus quoi faire.

C'est aussi le moment que choisissent les partisans du nouveau maire pour demander le départ d’Aliou Sall qui n'a voulu rien savoir puisqu'il est resté stoïque sur sa chaise. "Acceptez la volonté divine et rentrez chez vous, M. Sall. Vous n’êtes plus maire. Guédiawaye a déjà choisi. Acceptez cela, mon cher. On vous a battu et vous refusez de quitter la salle. Aujourd’hui sera votre dernière entrée aux portes de cette salle. Guédiawaye vous a dit non. Vous m’avez taxé de tous les noms d’oiseaux, allant même jusqu’à dire que je ne suis pas chérif. J’ai demandé à la police de vider la salle et elle a refusé. Ce que vous êtes en train de faire ne vous honore pas. Vous ne faites rien ici", s’est mis à crier le maire Ahmed Aïdara, très agité.

Puis, se tournant vers les éléments de la police, il leur lance : "Je ne sais pas si vous êtes la police de l’APR ou de la population de Guédiawaye. On arrête tout. Je vous ai donné un ordre d’évacuer la salle, car il y a danger et vous avez refusé. Il faut qu’Aliou sache que, pour ces cinq prochaines années, nous serons maire. Ils doivent avoir de la grandeur. Ce qu’ils veulent, nous n’allons pas l’accepter. Je dois présider la séance. Quant à vous, M. le Préfet, vous n’avez aucun droit de donner des ordres. Vous n’êtes là que pour superviser. Je veux que vous arrêtiez de me tutoyer aussi. Je veux que vous me respectiez. Soyez loyal, car vous représentez l’Exécutif. Vous n’avez qu’à garder le silence ou quitter la salle."

Une ambiance électrique avec des insultes qui fusaient des deux camps avec des jets de sacs, de bouteilles et autres objets dans la salle de délibération qui abritait la rencontre.

Accusations d’achat de consciences

Ce sont ainsi les proches d’Ahmed Aïdara qui s'opposent au vote face au camp du maire sortant  qui prend l'option de le poursuivre. "Aliou Sall est un voleur", se mirent-ils à scander. "Il a acheté les consciences. Mais cela ne passera pas. Nous allons mettre fin à tous les salaires fictifs. Il faut que cela soit clair. Il a
volé tout le littoral. Il a essayé de corrompre les conseillers, en leur donnant des terrains. Mais ce qui est sûr, est que cela ne passera pas. Nous allons nous battre. Nous allons passer la nuit ici. Nous sommes prêts à tout. Aliou a perdu, car il ne respecte pas la population. Il sait qu’il a des choses à se reprocher
avec le littoral. C’est la raison pour laquelle il tente de tout bloquer. Nous allons nous battre pour faire respecter cette volonté populaire",
entendait-on.

Et Mor Diaw de la coalition Yaw de poursuivre : "Nous avons gagné avec plus de 6 500 voix. Aujourd’hui, ils veulent confisquer le choix de la population. Ils sont venus avec de l’argent et des terrains pour corrompre les conseillers. Ce qui s’est passé en 2014 ne va plus se refaire. Nous n’allons jamais accepter cette forfaiture. Le maire nouvellement élu est là et il va diriger avec sa coalition. Il faut que cela soit clair. Personne ne peut l’en empêcher. Nous sommes prêts à tout. Il est hors de question que des gens qui ne représentent rien nous divertissent. La coalition va veiller sur ce qui lui revient de droit. 2022 n’est pas 2014. Aliou et ses affidés vont dégager. Que son frère Macky Sall lui parle. Ce qu’il a fait est une honte. Il a été très petit".

La camp d'Aliou Sall brandit la revanche

Pendant ce temps, les proches d’Aliou Sall parlaient de revanche. “Pendant longtemps, Ahmed Aidara n’a cessé d’insulter Aliou. Pour ne pas créer de problèmes, il lui a laissé le terrain, durant la campagne. Il criait partout que c’est à cause de lui que le maire sortant n’a pas battu campagne. Maintenant,
on verra qui est qui et qui fait quoi. La revanche, nous l’avons et on va rester ici pour se battre avec lui. Nous l’avons assez respecté sansretour. Qu’il sache que nous sommes venus ici pour lui répondre. Il est un as de la provocation et Aliou ne l’a jamais suivi dans ses enfantillages. Aujourd’hui, nous allons lui dire stop. Il a voulu tout bloquer, car il sait qu’il était parti pour tout perdre’’,
ont soutenu des proches du
maire sortant.

Constatant le blocage, le commissaire central de Guédiawaye, le commissaire Mandjibou Lèye tente de ramener le calme dans le but de permettre la poursuite  du vote. "Ceux qui sont dans la salle sont tous des conseillers. Donc, on ne peut exclure personne. On peut réorganiser le vote. Moi, je suis en dehors des aspirations politiciennes. C’est la sécurité de toutes les personnes qui sont dans la salle qui m’intéresse", déclare le commissaire Lèye.

Mais Ahmed Aïdara, visiblement dans tous ses états, repart pour un tour  : "Nous n’allons pas l’accepter. Nous, on fait de la politique. C’est simple. Ici, c’est
nous qui décidons. Rien ne va se passer ici sans nous. L’ère d’Aliou Sall a pris fin au soir du 23 janvier. Pourquoi il essaye de faire le malin ? Il doit quitter la salle, car il a été battu. Il n’a qu’à quitter cette salle. Nous n’allons pas trahir la confiance de la population qui a demandé à BBY de quitter cette mairie. Nous n’allons pas accepter qu’il y ait vote, car, s’il y en a, il y aura hold-up. Nous les avons devancés avec plus de 6 500 voix, lors des élections. Nous ne sommes pas des dealers politiques. Si Aliou insiste, nous allons le déclarer persona non grata. Je l’ai empêché de battre campagne ici. Il n’y aura même pas passation de service dans cette mairie. Et croyez-moi."

Une passe d'armes et des échanges d'insultes qui se sont poursuivies avec deux camps restés dans la salle se regardant en chiens de faïence.  Le préfet du département qui a tenté  de convaincre le maire Ahmed Aïdara de reprendre le vote, essuie des huées des proches du nouvel édile. Il a proposé de présider la rencontre, en vain avant de prendre la décision de tout arrêter.