NETTALI.COM - Quelques jours après que l’équipe nationale du Sénégal a remporté la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, l’économiste Pape Demba Thiam tire les grands enseignements de cette prouesse historique et décline des leçons de management pour changer positivement le sort du pays de la teranga.

 Invité ce 9 février de la Matinale de Itv, Pape Demba Thiam démontre en quoi la victoire du Sénégal à la dernière CAN peut être un adjuvant décisif pour changer les mentalités et mobiliser le peuple autour d’un nouveau style de management porté sur le développement économique et social du pays de la teranga.

D’emblée, il fait remarquer que « c’est pour la première fois qu’il voit une aussi grande mobilisation du peuple sénégalais, sans qu’il ait des chars de combat ». « Voir l’opposition autour du président de la République me rappelle l’unité autour du chef de l’Etat, au lendemain de l’apparition du Coronavirus », relève l’invité de Alassane Samba Diop.

Poursuivant son propos, il explique : « Si le Sénégal a gagné l’estime du reste du monde, c’est parce qu’on a travaillé dur pour obtenir cette victoire. On a capitalisé sur les échecs passés. J’ai vu une équipe digne d’aller loin en Coupe du monde. Il n’y a pas eu beaucoup de déchets et les joueurs s’inscrivaient dans une démarche d’amélioration continue. Des joueurs ont délaissé le maillot de l’équipe nationale de France pour venir joueur au Sénégal. Avec les réseaux sociaux, de plus en plus les jeunes sont conscients du potentiel de l’Afrique ».

M.Thiam pare de vertus le coach Aliou Cissé, qui « a fait montre d’ouverture pour, en retour, décrocher le soutien de tout le monde». « C’est un bon leader, il n’est pas jaloux. Il est parti drainer tous les talents pour gagner la coupe», mentionne l’expert.

Pape Demba Thiam en déduit que cela peut servir de modèle dans le domaine économique pour développer le Sénégal. « Celui qui veut développer ce pays doit s’ouvrir à toutes les expertises, sans esprit de clan », dit-il.

« C’est un mouvement irréversible. C’est un nouveau panafricanisme », fait-il constater, mettant en garde les dictateurs à la tête de certains pays africains contre tout monolithisme érigé en mode de gestion.

« Toute personne qui dirige le Sénégal doit se comporter en chef d’équipe comme l’a fait Aliou Cissé. On ne peut pas construire un pays sans rassembler tout le monde. Et pour mobiliser toutes les énergies, il faut faire montre d’humilité et ne pas s’entourer de thuriféraires seulement pour inhiber toute ambition», exhorte-t-il.

Il a profité de cette tribune pour appeler à « une refondation » à travers de nouvelles assises nationales. Pour lui, ce n’est que pas plus tard que lors du dernier référendum que la question du développement économique a occupé une bonne place dans la Constitution. « Pour motiver le changement de Constitution, on avait mentionné dans les attendus qu’il y a un nouveau paradigme qui porte sur le développement économique. J’ai été heurté violemment en le découvrant. Cela veut dire que depuis les indépendances, le développement économique ne figurait pas en bonne place dans notre Constitution », souligne-t-il.

En perspective du remaniement annoncé, il souhaite toujours que l’on s’inspire de la démarche de Aliou Cissé en faisant appel aux meilleurs talents, sans tenir compte de l’intérêt politicien et à ne pas seulement constituer une équipe pour des victoires électorales.