NETTALI.COM – Dr Abdourahmane Diouf révèle qu’au moment de procéder à la première inauguration du Train express régional en janvier 2019, la société d’Etat n’avait pas encore été créée, alors que c‘est celle-ci a donné mandat à la société privée Seter, majoritairement contrôlée par des Français, pour exploitation. Cerise sur le gâteau, tout ce serait fait sans appel d’offres, là où les clauses renvoient tantôt à un contrat d’affermage, tantôt à une concession. Pour en avoir le cœur net, l’ex-porte-parole du parti de Idrissa Seck demande au gouvernement de mettre le contrat à la disposition des Sénégalais.
Invité, hier, vendredi, par la 2s Tv, à décrypter le discours de nouvel an du président Macky Sall, Dr Abdourahmane Diouf a jugé que le montage financier afférent à l’exploitation du Train express national est « un scandale », pis, « une catastrophe ». Le leader du parti dénommé Awalé pense que « ce TER est en train de jeter les bases d’une dépravation de notre économie ».
A l’appui de ses dires, l’ancien porte-parole de Rewmi relève des incongruités, pour ne pas écrire des bizarreries, entre la Senter et la Seter, relativement au mode d’exploitation du TER.
Pour mémoire, l’Etat a confié l’exploitation du TER à la Société SETER, dans le cadre d’un contrat d’exploitation et de maintenance, pour une durée permettant un transfert effectif de compétences pour que la société nationale prenne le relais. Toutes les infrastructures du TER appartiennent à l’Etat et sont gérées par la Société nationale de patrimoine SETER. En clair, la Société SENTER a signé un contrat de gestion (sous-traitance de l’exploitation et de la maintenance) avec la société SETER. A SETER : l’Etat sénégalais est actionnaire à 34% au capital (les actions de l’Etat du Sénégal sont portées par Le FONSIS avec trois administrateurs au Conseil d’administration de SETER). A SENTER : l’Etat sénégalais est actionnaire à 100 % au capital.
Ainsi, Abdourahmane Diouf se demande si l’on est soit « dans le cadre d’un contrat d’affermage ou d’un contrat de concession ».
Ce dernier de révéler que « personne n’a vu le contrat qui lie l’Etat du Sénégal à Seter ou en tout cas, la Seter à la Senter».
« La Senter, compare-t-il, c’est l’équivalent de la Sones au niveau de l’eau, ça appartient à l’Etat ; la Seter est l’équivalent de la Sen’Eau. La Senter est une autorité concédante (elle a le patrimoine, elle cherche financement et elle choisit une société privée pour lui demander d’exploiter le patrimoine sénégalais et lui demande de se rémunérer sur le bénéfice). Est-ce que quelqu’un a vu le contrat qui lie la Seter à la Senter ? », donne-t-il plus d’ampleur à la question.
L’ancien bras droit de Idrissa Seck relève la différence entre Seter en Senter, en soulignant que même « chez les plus informés y ‘en a pas beaucoup » à pouvoir faire le départ.
Ainsi, se laisse convaincre Dr Abdourahmane Diouf, nous sommes devant un marché public et personne n’a vu un appel d’offres qui consacre la Seter comme adjudicataire de la gestion des infrastructures du TER au Sénégal.
Qui plus est, soupçonne encore Abdourahmane : « la Senter qui appartient au Sénégal doit donner mandat à la Seter pour faire l’exploitation. Mais la Seter qui est une société privée qui appartient en grande partie à des Français a été créée avant la Senter en novembre 2018. Donc, quand le président Macky Sall inaugurait pour la première fois son TER en janvier 2019 c’était avec une société privée qui n’avait pas gagné un marché, qui n’avait pas reçu un mandat et avec une société nationale qui n’existait pas encore. C’est en juin 2019 que le décret de création de Senter a été signé. C’est en novembre 2019 que la Senter a été créée avec Abdou Ndéné Ndao. Cela veut dire qu’on a préempté tous les pouvoirs régaliens du Sénégal de gérer la société ».
En définitive, il interpelle l’Etat pour qu’il mette sur la place publique le contrat afférent à l’exploitation de l’infrastructure. « D’après les éléments de fonctionnement que j’ai vus, ça ressemble plus à un contrat d’affermage qu’à un contrat de concession. Parce que dans la concession on exploite à ses risques et périls (…), c’est le privé qui va chercher son financement, qui investit et qui exploite. Or, dans le TER, c’est le Sénégal qui avait cherché son financement et qui donne au privé le droit d’exploiter. Donc, on est dans le contrat d’affermage », déduit le leader de Awalé, non sans ajouter : « On est d’accord que les milliards dont on parle c’est l’argent des Sénégalais, les infrastructures c’est pour le Sénégal, les rails c’est pour le Sénégal, les trains pour le Sénégal. Au moment de commencer la pré-exploitation, la Seter qui n’a gagné aucun marché, qui n’a investi aucun franc, n’a même pas daigné aller trouver les 17 milliards qui doivent lui permettre de pré-exploiter et qu’il a fallu qu’en aout 2020, que le ministre de l’Economie aille chercher 17 milliards auprès la Banque d’investissement de l’Union européenne pour venir faire un cadeau supplémentaire à la Seter. La Seter a le beurre, l’argent du beurre, les boulons, les chauffeurs et tout, au nez et à la barbe des Sénégalais ».
Pour conclure, tranche Dr Diouf : « on ne peut pas nous dire qu’en 2021, qu’on n’ait pas un seul Sénégal, bon en management, qui puisse diriger la Seter. Ils ont fait la même erreur avec Air Sénégal. C’était un montage financier sénégalais, ils sont allés chercher un étranger (…). 61 ans après les indépendances, il n’y aucun Sénégalais digne de diriger une société nationale basée sur le financement de nos infrastructures et qui puisse mettre le Sénégal sur les rails ».