NETTALI.COM-Le quartier Hafia, situé à cheval entre la commune de Dioulacolon et celle de Kolda, abrite une école élémentaire où les élèves au CP s’assoient sur des nattes et se servent des briques comme tables-bancs. Une vidéo envoyée en Espagne par la directrice dudit établissement, pour solliciter l’aide d’expatriés, fait du bruit à Kolda.

Mercredi 29 décembre. Il est 10 h passées. A l’école élémentaire du quartier Hafia, un calme plat règne dans la cour. Les vacances scolaires obligent. L’établissement existe depuis cinq ans et abrite six salles de classe en abris provisoires et une construite par la mairie de Dioulacolon. Dans cette salle construite, les élèves du CP s’assoient à même le sol sur des nattes pour suivre les enseignements-apprentissages. De plus, ils se servent de briques comme tables-bancs. Meurtrie par la situation, la directrice de l’école a filmé les ‘’oubliés du système éducatif’’ pour montrer les conditions difficiles dans lesquelles les enfants suivent leurs cours. L’idée derrière la réalisation de la vidéo était de solliciter de l’aide.

Les collègues de Mariama Goudiaby dite Mme Diatta, dans cet établissement situé à l’est de la commune de Kolda, renseignent qu’elle a initialement réalisé la vidéo dans le but de demander de l’aide aux fils du Fouladou établis en Europe. Mais la vidéo est devenue si virale que les autorités éducatives ont vu rouge, selon les syndicalistes.

Et comble du scandale, elles menacent Mariama Goudiaby dite Mme Diatta de leurs foudres. D’ailleurs, elles lui auraient servi une demande d’explication. Ainsi, le secrétaire général du Saels/Authentique de la section de Kolda, prévient dans EnQuête : ‘’Nous ne sommes plus à l’ère coloniale où le chef brandit le bâton à tout-va. Lasse d’attendre l’équipement de la salle en tables-bancs, elle a partagé ses difficultés avec un ami d’enfance vivant en Europe.’’

Selon Saloum Sonko, ce dernier lui avait promis de l’aide et de faire appel à d’autres bonnes volontés du Fouladou. Mais pour cela, il a besoin d’illustrations. ‘’Car nous sommes aujourd’hui dans un monde d’escrocs. Nous sommes alors surpris que l’inspecteur d’éducation et de la formation (IEF) puisse l’appeler, allant jusqu’à dire qu’elle a trahi le secret professionnel. Et pire, de la relever de ses fonctions. Surtout qu’elle n’est pas l’auteure de la diffusion de la vidéo montrant des enfants de la classe de CP assis sur des nattes, se servant de briques comme tables-bancs’’, soutient-il.

Face à la menace contre leur collègue, les professionnels de la craie comptent exhiber les difficiles conditions de travail sur les réseaux sociaux, avant de promettre un bras de fer aux autorités en charge de secteur, si celles-ci persistent dans leurs démarches. ‘’A Kolda, les enseignants, du préscolaire au secondaire, en passant par l’élémentaire et le moyen, ont beaucoup de choses à dire. Si cette directrice avait filmé et diffusé une classe bien construite et équipée, elle ne serait nullement inquiétée. Nous attendons de pied ferme l’IEF qu’il mette à exécution ses menaces et la riposte ne se fera pas attendre’’, martèle Saloum Sonko.

L’inspecteur d’académie apporte des précisions

La sortie virulente des syndicalistes a poussé l’inspecteur d’académie à apporter des précisions et à mettre la pédale douce. Samba Diakhaté précise qu’il n’y a, ‘’à ce jour, aucune procédure administrative à l’encontre de la directrice. Nous avons longuement échangé avec l’inspecteur d’éducation et de la formation responsable de la structure sur la question. Elle n’a été ni menacée ni relevée de ses fonctions, encore moins une demande d’explication qui lui ait été servie. Donc, tout ce qui se dit reste bien sûr une contrevérité’’.