NETTALI.COM - Difficile de savoir de quoi s'occupent à l’heure actuelle, nos gouvernants en dehors des questions électorales et arrangements politiciens vers d'éventuelles amnisties. Objectif, la reconquête du pouvoir ou le cas échéant, la protection de ses arrières dans le cas de Macky Sall. C'est en tout cas le temps des manœuvres et les politiciens ne doivent guère trouver le temps de s'occuper du quotidien de leurs concitoyens bien éreintés par les prix qui augmentent de manière vertigineuse.

Mais ils trouvent quand même celui d’éteindre les départs de feu. Ils craignent tellement les contestations sociales que la grève des transporteurs a été gérée en catimini, en cédant aux revendications des transporteurs, devenus subitement radicaux. Les autorités n’ont à vrai dire pas exigé d’eux, des contreparties sérieuses. Et Dieu sait que des griefs, les usagers en ont énormément contre eux. C’est en effet connu que le secteur du transport est le royaume de l’indiscipline, du profit sans contrepartie de service aux clients. Ces gens-là ne sont rien d’autre que des hors la loi de la route. Ils ne respectent rien et peuvent augmenter les prix lorsqu’il y a hausse du prix du carburant, mais jamais, ils ne consentiront à une baisse lorsqu’il chute.  Les évènements religieux (Magal, Gamou) et les fêtes (Tabaski, Korité…), sont les évènements rêvés pour jouer la carte de l’anarchie sur les prix. Cela, au grand dam des populations, et l’Etat ne bronche jamais.

Figurez-vous qu’ils ont même augmenté les tarifs des courses chez les taxis pour combler le manque à gagner issu de la récente grève. Ils divisent pas parfois certains trajets par trois pour tirer le maximum de profits des voyageurs. Bref, difficile de passer en revue le transport sénégalais gangrené par moult problèmes, alors qu’on va vers une modernisation partielle avec le Train Express Régional (TER), le Bus Rapid Transit (BRT) et le renouvellement des bus Dakar Dem Dikk.

Mais dans ce pays de paradoxe et du pilotage à vue, si ce n’est pas le transport qui tousse, c’est le coût de la nourriture qui éternue. A entendre Abdoulaye Daouda Diallo disserter récemment à l’Assemblée nationale sur le prix du pain qui a augmenté, on tombe des nues. Il nous fait savoir que celui-ci est passé de 150 f à 175 f, soient 25 francs de plus qui représentent une augmentation de 16,66%, pour un poids qui passe de 190 grammes à 200. Soit une augmentation de 5,26%. On peut ainsi en déduire que le prix du pain a augmenté d’un peu plus de 10% . Et si l’on suit sa logique, il a cherché à établir une corrélation avec une prétendue augmentation de la qualité comme si les proportions des différentes composantes du pain allaient changer pour une qualité supérieure. Qu’on ne prenne pas les Sénégalais pour des demeurés. Personne ne s’occupe de savoir les composantes du pain, en termes de pourcentage de farine, de levure, de sel et de bicarbonate, ni même de poids. Les consommateurs se contentent juste de mesurer à l’œil le pain qu’on leur sert. Ils vont juste se contenter de dire : «mais votre pain là, il est petit hein… »

Et pourtant, l'explication la plus simple aurait sans doute été de dire que la flambée des prix au niveau mondial et le transport, sont les causes de cette augmentation, plutôt que de nous servir cette recette indigeste à donner envie de se tourner vers le « fondé » (bouillie de mil) ou le soombi (bouillie de riz). Et si à cela, l’on ajoute les problèmes de propreté puisque tous les clients auront tâté le pain avant de l’acheter, lorsque celui-ci n’est pas tout simplement déposé sur le comptoir déjà bien envahi par la poussière. Sacré pays de gens insensibles aux microbes !

Mais, à  peine est-on sorti de la question de l’augmentation du prix du pain que l'on retombe sur un autre casse-tête qui est le renchérissement du coût de l’eau. Certaines factures ont doublé et d’autres triplé. En cause les compteurs. De quoi pousser Serigne Mbaye Thiam à proposer un audit. Mais en attendant, c'est la bourse des sénégalais qui prend l'eau. De quoi appeler au secours depuis que la Sen Eau s'est emparée des eaux sénégalaises, mais sans offrir quoi que ce soit de révolutionnaire. Rien de nouveau sous le soleil sénégalais à part ce logo qui a changé et qui ne reflète en rien cette symbolique de l'eau qui coule dans tous les sens, épousant ce « S » de la marque « Sen Eau ». On n'en est même arrivé à regretter, figurez-vous, la Sde dont les agents avaient passé une bonne partie de leur temps à se battre contre l’arrivée de la française Suez, dans le cadre d’un appel d’offres pour lequel, ils ont toujours clamé haut et fort que la SDE était moins disante ; en plus d’avoir l’expérience du terrain, sans oublier sa participation aux investissements avec des perspectives rassurantes à l’époque.

Il est vrai que cette dernière nous avait fait vivre cette amère expérience du fameux tuyau de Keur Momar Sarr qui avait d’ailleurs permis de voir une certaine facette de combattant de Macky Sall dans sa tenue treillis et qui s’en était allé s’enquérir de la situation sur le terrain…

Une contestation d’un appel d’offres qui était allée jusqu’à l’épuisement des voies de recours au niveau de la Cour Suprême. Mais avec Sen Eau, difficile de voir ce qui a changé, si ce n’est la bourse des Sénégalais qui est en train de s’amenuiser. Bref, de quoi se demander quand est ce que ces « Gorgorlou » Sénégalais sortiront de l’auberge, étant sur le plan du logement également, accablés par la question du loyer.

Ce sont désormais 2 mois de caution qui ont été retenus par le ministre du commerce. Et la question qui se pose, est de savoir s’ils vont être respectés. L’interrogation avait été déjà soulevée lors de la réduction des coûts du loyer. Mais, à l’arrivée, les bailleurs avaient grâce à des tours de passe-passe, déjoué les plans du gouvernement, prétextant dans la plupart des cas, des questions de rénovation, de manière à expulser les locataires et imposer de nouveaux prix. Bref un cuisant échec pour des mesures sur lesquelles, le gouvernement n’avait pas dû passer beaucoup de temps de réflexion et d’élaboration. Sans doute pour contourner ces obstacles, il devrait s’atteler à une politique de logements sociaux et rendre à la HLM et à la Sicap, leurs vocations initiales. Le projet des 100 000 logements existe certes, mais il est loin d’être suffisant.

Une des pistes pour augmenter l’assiette fiscale, pourrait être d’organiser un contrôle strict du paiement de l’impôt sur le revenu par les bailleurs ; de même que sur la propriété dont le pourcentage de paiement pourrait être graduel, en tenant compte du nombre de maisons détenues. Ce qui pourrait permettre à l’Etat de récolter davantage de recettes pour construire des logements sociaux ou financer d’autres chantiers publics.

Difficile en tout cas de comprendre pourquoi l’Etat n’arrive pas à réguler les prix. En tout cas, plus le temps passe, plus la gouvernance Sall semble avoir moins de prise sur les choses. Le président Sall, serait-il dépassé par les événements ? Il doit être plutôt préoccupé par son avenir politique. Ce qui a motivé le retour d’un 1er ministre dans le but de se décharger et pouvoir obtenir une sortie honorable voire même une réélection ?

En tout cas sur la question de la fixation des prix et des coûts, Mounirou Ndiaye a son idée bien précise sur la question. L’économiste qui dissertait récemment sur le sujet au cours d’une émission « Objection » sur Sud Fm, pointait ainsi du doigt les problèmes structurels d’ordre institutionnels pour aborder la question de l’inflation qui plombe les revenus des Sénégalais. « Aujourd’hui, on parle de transparence des marchés. Le gouvernement a pris des mesures pour demander aux commerçants de respecter un certain nombre de normes par rapport à la spéculation. Mais savez-vous que l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) ne s’intéresse pas à tous les produits. Elle n’a même pas de compétence pour dévoiler la régulation sur tous les secteurs. Il n’y a que sur certains produits agricoles, tels que le riz, l’oignon, la pomme de terre, etc que l’Arm se focalise. Pour l’autoroute, le sucre, pour tous les produits, l’Arm aurait dû avoir les compétences pour mener des enquêtes sectorielles. Si on avait un bon régulateur présent du point de vue institutionnel avec toutes les prérogatives, tous les moyens, on aurait pu dévoiler la dynamique des coûts. Vous ne pouvez pas demander à un commerçant de baisser ses coûts alors que vous ne maîtrisez pas ses coûts. Il peut déclarer un prix erroné, mais vous ne pouvez pas le savoir. Dans les pays qui se respectent, la régulation, ce sont de grands bâtiments avec beaucoup d’experts. On fait de la régulation comparative entre les pays pour savoir quel est le prix dans tel pays qui peut justifier le prix dans tel autre. Cela permet de dire voilà quels prix on applique en Côte d’Ivoire ».

Une absence de régulation des prix, une carence étatique qui montrent à quel point les Sénégalais sont mal barrés. D’où d’ailleurs l’étonnement par rapport au débat suscité, il y a quelques temps sur la pauvreté par le ministre de l’économie Amadou Hott. Un débat d’ailleurs inutile et anachronique car, il suffit de voir à quel point la fixation des prix et coûts, est laissée à la discrétion des commerçants, transporteurs, bailleurs et concessionnaires ( Eiffage, Sen Eau etc) dans ce pays pour avoir l’explication sur la pauvreté de la majorité des Sénégalais. Comment pourraient-ils dès lors ne pas être pauvres face à des privés qui ne fonctionnent que suivant une logique de profit avec une contrepartie dérisoire ? Une bonne question.

Mais difficile de ne pas évoquer ces présumés trafics de passeports diplomatiques qui entachent l'image du Sénégal et l'écornent très fortement. Aïssata Tall Sall, le ministre des Affaires étrangères ne voulait pas aborder la question, alors qu'il était interrogé par la presse, préférant invoquer la séparation des pouvoirs, dans un discours qui rappelle celui des plaidoiries avec souvent une certaine dose de vacuité et de littérature. Mais malheureusement pour elle, le dossier a éclaboussé son ministère et même la Présidence, à tel point le chef de l’Etat Macky Sall a donné des instructions fermes afin que toute la lumière soit faite dans ce qui est considéré comme un scandale et une mauvaise publicité pour le Sénégal. Et l'on apprend que trois agents du ministère des Affaires étrangères et deux gendarmes, dont l’un officie au palais, ont été arrêtés, si l'on en croit l'Observateur de ce samedi 18 décembre. Plus récemment ce sont deux députés de l'Assemblée nationale qui ont été mis en cause dans ces affaires de présumés trafics de passeports.