NETTALI.COM - La propagation rapide du variant Delta du coronavirus ne devrait avoir qu'un impact limité sur l'économie de la zone euro, qui reste bien partie pour enregistrer une croissance solide cette année et l'an prochain, a déclaré mercredi Philip Lane, l'économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE).

La crainte de voir la pandémie contrecarrer la reprise mondiale et conduire les autorités à de nouvelles mesures de confinement a favorisé la baisse des actions mondiales la semaine dernière.

Mais Philip Lane reste optimiste, estimant que les progrès de la campagne de vaccination et le renforcement des mesures de santé publique font de l'Europe une exception, alors que les systèmes de santé d'autres pays sont de nouveau sous pression en raison de l'augmentation des contaminations.

"Le fait que (le variant Delta) n'ait pas nécessité des mesures plus importantes et que des mesures localisées aient été raisonnablement suffisantes indique que, pour ce qui est de l'économie dans son ensemble, l'impact est assez limité pour l'instant", a-t-il dit lors d'un entretien accordé à Reuters.

Environ deux tiers de la population de la zone euro ont déjà reçu au moins une dose de vaccin et la plupart des 19 pays du bloc maintiennent des mesures de lutte contre la pandémie comme le port du masque et des règles de distanciation sociale.

La capacité de résistance de l'économie et les performances meilleures qu'attendu du deuxième trimestre signifient que la croissance de la région reste en ligne avec les prévisions présentées en juin par la BCE, a-t-il ajouté.

La banque centrale avait alors dit tabler sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 4,6% cette année et de 4,7% pour 2022.

"Je dirais que nous ne sommes dans l'ensemble pas très loin de ce que nous avions prévu en juin pour l'ensemble de l'année", a dit Philip Lane. "C'est un tableau raisonnablement équilibré."

Il a toutefois mis en garde contre des difficultés susceptibles de limiter la croissance après un solide deuxième trimestre.

"Il semble que les goulets d'étranglement vont être plus persistants que prévu", a-t-il déclaré. "Il y a aussi une certaine modération de l'économie mondiale, ce qui est naturel. Et le variant Delta, même si son impact est plus limité que celui des vagues précédentes, reste un vent contraire."

DISCUTER DE LA FIN DU PEPP SERAIT PRÉMATURÉ

Avec le rebond de l'économie, certains responsables de la politique monétaire se sont prononcés pour l'ouverture des débats sur les conditions sur la sortie du Programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP) de la BCE, doté de 1.850 milliards d'euros.

Philip Lane a cependant écarté cette idée, expliquant que la fin du programme étant prévue pour fin mars 2022 au plus tôt, il est trop tôt pour entamer cette discussion à l'heure actuelle.

Même si le PEPP prend fin à l'échéance prévue, l'inflation devrait rester inférieure à l'objectif de 2% de la BCE, qui devra donc maintenir des achats d'actifs par le biais d'un autre programme, ce qui implique les marchés n'auront pas besoin d'un long préavis, a déclaré l'économiste en chef de l'institution.

"Indépendamment du moment auquel le PEPP pourrait prendre fin, ce ne sera pas la fin du rôle de la BCE en matière d'assouplissement quantitatif. C'est pourquoi nous n'avons pas besoin d'un délai énorme pour y réfléchir" a-t-il dit.

"Nous savons déjà ce que nous allons faire jusqu'en mars, à savoir maintenir des conditions de financement favorables et nous avons donc le temps de réfléchir à la suite des événements cet automne".

La principale décision de la BCE lors de sa réunion du 9 septembre portera sur le rythme des achats d'obligations au cours du prochain trimestre.

Philip Lane a estimé que tout changement de rythme serait limité, le Conseil des gouverneurs s'étant déjà accordé pour assurer "des conditions de financement favorables" jusqu'à fin mars, ce qui suggère des achats encore élevés.

Il a ajouté que le niveau relativement élevé de l'inflation observé ces derniers mois n'avait pas modifié son opinion sur le caractère temporaire de l'accélération de la hausse des prix, celle des salaires restant contenue.

Reuters